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Les trois jeunes femmes de Cleveland séquestrées, torturées et violées pendant 10 ans par au moins un homme : un fait divers ?
– Muriel Salmona – Association Mémoire Traumatique et Victimologie

Nous sommes sous le choc de cette information qui est tombée le 7 mai 2013 concernant trois jeunes femmes de Cleveland aux USA disparues depuis 10 ans qui venaient d’être retrouvées, l’une d’entre elle ayant en l’absence de leur bourreau (pour l'instant un seul des trois frères Castro, Ariel Castro est inculpé) réussi à alerter un voisin en cherchant à s’évader.
Mais nous avons aussitôt assist é à tout un discours de minimisation et de négation de la réalité particulièrement intolérable avec l’habituelle incapacité de nombreux journalistes et spécialistes de nommer précisément les violences, de parler de leurs conséquences psychotraumatiques, et de les replacer dans un cadre plus politique de violences et de crimes sexistes commis par des hommes envers des femmes. Les mots crimes, viols, sévices, tortures, actes de barbarie ne sont que trop rarement entendus, les journalistes ne parlant surtout que d’enlèvement, de séquestrations, de calvaire, et même de syndrome de Stockholm... On a également entendu qu’elles « allaient assez bien», «qu’elles parlaient normalement » !... « Qu’il fallait maintenant qu’elles se réadaptent à la vie normale ». Qui peut humainement croire que l’on peut aller « assez bien » après 10 ans de séquestration et les pires violences qui soient, après 10 ans de terreur et de peur de mourir permanente ? Que la souffrance psychique ne soit pas forcément visible, que les victimes soient complètement déconnectées et anesthésiées émotionnellement (dissociées) pour survivre et que ce soit un indice de gravité de leurs traumas qui pourront être des bombes à retardement, et de l’intensité de leurs souffrances ne vient à l’idée de personne et de presque aucun spécialiste.

On a également entendu qu’elles « allaient assez bien», «qu’elles parlaient normalement » !... « Qu’il fallait maintenant qu’elles se réadaptent à la vie normale ». Qui peut humainement croire que l’on peut aller « assez bien » après 10 ans de séquestration et les pires violences qui soient, après 10 ans de terreur et de peur de mourir permanente ? Que la souffrance psychique ne soit pas forcément visible, que les victimes soient complètement déconnectées et anesthésiées émotionnellement (dissociées) pour survivre et que ce soit un indice de gravité de leurs traumas qui pourront être des bombes à retardement, et de l’intensité de leurs souffrances ne vient à l’idée de personne et de presque aucun spécialiste.
Pour la seule raison qu’elles étaient des femmes : des adolescentes de 14 et 16 ans (Gina DeJesus et Amanda Berry) et une toute jeune femme de 21 ans (Michelle Knight) ont été kidnappées dans la rue, en sortant de l’école, en quittant leur travail et séquestrées pendant 9, 10 et 11 ans pour être privées de toute liberté et de tous leurs droits dans les pires conditions, terrorisées, violées tout au long de ces années avec dans ce contexte de terreur la naissance d’une enfant, conçue lors de ces viols, une petite fille de 6 ans, et d’autres grossesses qui auraient été interrompues par des coups (5 d’après la chaîne américaine NBC, mais cette information n'est pas confirmée par la police), subissant une torture continue, les pires sévices, les pires atteintes à leur dignité et à leur intégrité physique et psychique, esclavagisées, transformées en objet sexuel, isolées les unes des autres et enchaînées, soumises aux scénarios pervers et à la loi délirante d’un homme dans une maison qui n’était pas isolée, avec de nombreux voisins autour, dans un quartier populaire, sans que qui que ce soit ne se rende compte de rien... On apprend que des voisins auraient entendu des bruits de choc contre des portes, vu des jeunes femmes à quatre pattes tenues en laisse dans le jardin ?!!!... Et on apprend que d'autres jeunes filles disparues pourraient avoir été séquestrées et violées... (cf article du Parisien du 9 mai 2013)
Est - ce seulement un fait divers criminel, un crime contre l’humanité de ces jeunes femmes ou bien un crime contre l’humanité, un féminicide qui nous concerne toutes et tous ?
Il ne s’agit pas d’un fait divers, mais d’un fait de société, un fait politique qui illustre la condition des femmes, la domination masculine et la haine sexiste qui peuvent à tout moment se déverser sur elles. Et est tout à fait symptomatique de cette société composées de personnes qui ne veulent absolument pas savoir ce qui peut se passer chez leurs voisins, leurs amis, leurs proches, leur famille, dans le cadre de leur travail, des activités sportives, des institutions scolaires, des établissements de soin, etc., etc. Que les pires maltraitances, les pires crimes sexuels s’y passent en toute impunité, faut - il le rappeler les études de victimisation font état d’au moins 190 000 viols par an en France (en comptant en plus des femmes adultes : 75 0000, les mineurs qui représentent au moins 60% des viols filles et garçons et les hommes adultes, cf chiffres) commis dans 80% des cas par des personnes connues de la victime, seulement 8 % feront l’objet de plainte et 1,5 à 2 % de condamnation : le crime parfait qui assure une impunité quasi totale. Si l’on veut commettre des crimes, des atrocités, de s tortures, les violences sexuelles sont ce qu’il y a de mieux pour le faire sans risque, à répétition, dans l’indifférence générale. Ces crimes ne seront pas connus et les victimes ni entendues, ni protégées, ni soignées, et même s’ils sont dénoncées, la grande majorité des victimes ne seront pas crues, traitées de menteuses, ou bien on considèrera qu’il s’agit en fait de sexualité et que la victime était consentante (dans une confusion atroce entre violences et sexualité, avec une vision pornographique de la femme qui aime - la s... - subir les pires violences et sévices sexuels), ou bien que la victime est coupable de s’être exposée, de ne s’être pas assez protégée, pas assez défendue, pas n’avoir parlé assez tôt. On considèrera que ce n’est que parole contre parole, « alors comment faire pour avoir des preuves ?», tout en ne les cherchant pas du côté de l’agresseur et en faisant une enquête à charge du côté de la victime, on déqualifiera plus de la moitié des viols en agression sexuelle dans un déni de réalité effrayant. Les victimes qui auront osé porter plainte seront maltraitées et non protégées tout au long de leurs parcours judiciaire, dans une indifférence et un manque d’empathie étonnants. Les agresseurs ne seront dans leur grande majorité ni inculpés, ni condamnés. Leur intentionnalité et leur logique de prédation et de préméditation ne seront pas recherchées, ni dénoncées, ni reconnues. Qui aura peur pour les prochaines victimes ?
Dans quel monde vit - on ? Comment vivre dans un monde qui tolère la perpétration de ces crimes sexistes sans y réagir ?
Un monde où être née femme scelle votre destin et fait de vous une proie potentielle où que vous soyez, quels que soient votre histoire, vos croyances, vos engagements, votre milieu d’origine, votre statut social, vos études, votre travail, votre personnalité, votre âge, votre aspect physique, etc... Destin effarant d’être un jour ou l’autre une proie, sous couvert de sexe, pour un homme ou un groupe d’hommes, et d’être injuriée, agressée, violée, torturée et tuée... d’être condamnée à vivre dans un monde de non - droits, un monde où le féminicide est omniprésent.
Comment vivre dans un monde ou tout est banalisé, retourné. Les pires crimes ne sont pas nommés. La réalité des tortures qu’ont vécu les victimes n’est pas reconnue. L’impact et les conséquences psychotraumatiques de ces violences sont minimisés, méconnus voir même niés. Et ils ne font quasiment jamais l’objet de diagnostic, de prise en charge et de soin, alors que ces violences sont celles qui sont les plus psychoytraumatogènes et qu’elles entraînent de graves atteintes psychologiques et physiques, alors qu’il est reconnu que ces violences si elles ne sont pas prises en charge sont un des déterminant principal de la santé même des dizaines d’années après : en sachant que les traumatismes sont d'autant plus graves que la victime est plus jeune, les enfants même très petits seront gravement impactés par les violences qu'ils subissent ou dont ils sont témoins, même s'ils n'ont pas de souvenirs des violences, ils auront une mémoire traumatique de celles - ci, et seront traumatisés. Dans un contexte de violences des troubles psychotraumatiques peuvent se mettre en place chez l'enfant avant même la nai ssance, au moins à partir du 7ème mois de grossesse, c'est dire à quel point la petite fille de 6 ans d'Amanda Berry aura besoin de prise en charge et de soins (malgré les mises en scène médiatiques qui relaient sans recul les propos du chef adjoint de la police locale sur cette petite fille : Elle a l'air en forme, heureuse, en bonne santé, et elle a mangé une glace la nuit dernière).
Et - scandale de santé public sans nom - en France (et dans de très nombreux pays) les médecins (qu’ils soient généralistes ou spécialistes) ne sont toujours pas formés en psychotraumatologie et en victimologie, que ce soit en formation initiale ou continue !!!!!... Les médecins ne connaissent pas la réalité des violences subies par beaucoup de leurs patients et surtout patientes, ni les troubles psychotraumatiques, la sidération (la paralysie psychique et motrice au moment des violences) qui va être à l'origine d'un stress dépassé et d'un risque vital (cardio - vascuaire et neurologique avec des atteintes neuronales et des circuits neurologiques), ni les mécanismes de survie neuro-biologiques face au stress extrême (disjonction avec la production de drogues endogènes morphine et kétamine - like) qui entraînent une dissociation (avec une anesthésie émotionnelle et un sentiment d’étrangeté et de dépersonnalisation) et l’installation d’une mémoire traumatique  (mémoire émotionnelle et sensorielle piégée qui n’a pas pu être traitée et intégrée par le cerveau et qui va revenir hanter la victime en lui faisant revivre à l’identique ce qu’elle a vécu, ressenti, entendu par  des flash - backs, des réminiscences, des hallucinations sensorielles, des cauchemars, au moindre lien qui rappelle les violences), ils n’en connaissent pas les conséquences graves sur la santé qu’elle soit physique et mentale, et sur la vie quotidienne des victimes et le risque suicidaire, le risque de conduites à risque et addictives, le risque d’accidents, d’échecs scolaires, professionnels, dans sa vie affective, le risque de marginalisation et d’exclusion, le risque prostitutionnel . Ils sont donc dans leur immense majorité incapables de repérer les violences subies par leurs patientes et leurs conséquences, de les protéger, de proposer des soins adaptées, hors les troubles psychotraumatiques se traitent et on peut déminer la mémoire traumatique, décoloniser les victimes des violences et des mises en scène des agresseurs, et éviter ainsi de grandes souffrances et de très nombreuses conséquences.
Les victimes de viols, de violences sexuelles et de maltraitances sont donc laissées sans soin, sans information : il n’y a quasiment pas de centres de soins spécifiques pour elles, ni de médecins formés ! Il s’agit d’une grave atteinte à leurs droits et une perte de chance pour leur santé ainsi qu’une non - assistance à personne en danger !
 Il y a URGENCE alors que les connaissances internationales sur les troubles psychotraumatiques sont bien répertoriées depuis les années 1980 (définition de l’état de stress post - traumatique) ! Que l’on sait que ce sont des conséquences normales que toute victime peut présenter, dues non à la victime mais à la gravité de ce qu’elle a subi et à l’intentionnalité de la détruire de l’agresseur ou des agresseurs. Que les connaissances sur les conséquences sur la santé ont fait l’objet de grandes quantité de publications internationales et que l’on sait qu’avoir subi des violences particulièrement dans l’enfance est un des déterminants principal de la santé de nombreuses années après (cf Felitti et Anda, 2010 : avec des risques non seulement d’atteintes psychologiques, mais également neurologiques, des atteintes cardio - vasculaires, pulmonaires, endocriniennes, immunologiques, digestives, gynécologiques, dermatologiques, etc.). Que l’OMS a reconnu depuis 2010 qu’avoir subi des violences faites aux femmes est un des déterminant principal de leur santé. Que les mécanismes psychologiques et neuro - biologiques en cause et leurs traitements sont de mieux en mieux connus, que ce sont des conséquences logiques d’actes criminels perpétrés dans le but de générer le maximum de souffrance chez les victimes, et d’organiser délibérément chez elles un traumatisme qui sera utile à l’agresseur comme une drogue pour s’anesthésier et mettre en place sa domination  Qui se préoccupe réellement de ce qu’ont vécu les victimes de violences sexuelles et de sévices physiques ? Qui se préoccupe de ce qu’elles vivent au quotidien, de l’enfer que sont les troubles psychotraumatiques avec une mémoire traumatique qui leur fait revivre continuellement les pires moments, les pires sentiments de terreur et de détresse, les pires douleurs, les pires atteintes à leur dignité ? On les abandonne, sans rien reconnaître de ce qu’elles ont subi, sans remettre le monde à l’endroit, sans les aider à se décoloniser de toute cette violence qui les hante et les torture encore et encore, de toutes les phrases assassines et les scénarios pervers des agresseurs qui organisent chez elles un sentiment de culpabilité et de honte, et une estime de soi catastrophique, sentiments crées de toute pièce et relayés par un entourage contaminé par tous les stéréotypes les plus aberrants. Elles se retrouvent seules, sommées de prendre sur elles, de faire comme si, «de tourner la page», de ne pas se victimiser, à devoir survivre à des souffrances que personne ne pourrait supporter, à des attaques incessantes sur elles, leur incapacité à avancer, à ne pas se plaindre. Dans un retournement perver s particulièrement cruel on les accuse d’être les propres responsables de leurs tourments, de leurs propres destructions, ou bien on les considère comme folles (les troubles psychotraumatiques étant pris pour des symptômes psychotiques par méconnaissance). Quoi de plus horrible à vivre ?... Elles se retrouvent à devoir mettre en place des stratégies de survie pour quand même tenir coûte que coûte faites de conduites d’évitement, de contrôle et de conduites anesthésiantes . Mais ces stratégies hyper coûteuses et invalidantes pour elles, leur seront aussi continuellement reprochées et seront utilisées souvent pour disqualifier leurs paroles. Et le peu de traitement qu’on leur propose est uniquement symptomatique, non rapporté et centré sur les violences subies , et le plus souvent dissociant et anesthésiant, voire violent (camisole chimique, enfermement, contention, électrochocs,...).
 Qui se préoccupe de tout ces enfants, de toutes ces adolescentes, de toutes ces femmes qui actuellement qui sont à l’heure actuel le séquestrées par des criminels qui peuvent être leurs proches pour subir des tortures et des leurs parents, leurs conjoints viols à répétitions, qui se préoccupe vraiment de toutes ces femmes qui disparaissent, de toutes ces prostituées qui disparaissent. Combien sont - elles ces victimes qui sont rendues invisibles, qui sont baillonnées, menacées ? Combien sont - ils ces bourreaux qui peuvent commettre les pires crimes en toute impunité ? Elles peuvent être nos voisines. Ils peuvent être nos voisins si serviables, si sympathiques... (comme le principal accusé, Ariel Castro, est décrit : "il aimait emmener des jeunes du
 quartier faire un tour sur sa moto, jouait de la basse dans des groupes de salsa, et se mêlait au voisinage lors de barbecues. Il participait même aux évènements menés pour retrouver les filles disparues comme des marches en leur honneur ou des distributions de tracts." cf article du Le Monde). Ils peuvent être ces personnes importantes, élus, médecins, universitaires, hauts fonctionnaires, personnes du monde du cinéma, des médias que tout le monde ou presque admire... Qui se préoccupe des victimes qui les ont déjà souvent accusés de violences ?... En 2005, l'ex - femme d'Ariel Castro avait porté plainte contre lui pour violences conjugales sans qu 'il soit inculpé, "l'accusant d'avoir "souvent enlevé" leurs deux filles et de les avoir "empêché d'être avec (leur) mère" . Les documents judiciaires indiquent en outre que Grimilda Figueroa, décédée l'an dernier, avait eu deux fois le nez brisé, des côtes cassées, les épaules luxées, et qu'elle avait demandé au juge "d'empêcher (Castro) de menacer de la tuer" . Ariel Castro, le 22 avril avait posté une affiche sur laquelle était écrite : «Une vraie femme n’utilisera pas son enfant comme arme contre le père quand la relation se brise. Ne perdez pas de vue que c’est l’enfant qui souffre.» !!...
 Il est temps d’ouvrir les yeux, de ne plus tolérer cette violence faite aux femmes et l’impunité dont bénéficie les agresseurs. Il est temps que les victimes soient enfin réellement secourues, protégées, soutenues. Il est temps d’être solidaire des victimes, de s’indigner de ce qu’elles ont subi et de dénoncer les coupables. Il est temps de leur redonner la dignité et la valeur que leur a déniées l’agresseur et ses complices. Il est de temps de leur rendre enfin justice, de leur donner des réparations à hauteur de ce qu’elles ont subi et de les soigner.
Pour cela, il faut agir, dénoncer, demander des compte, exiger, se révolter... Mobilisons - nous ! Exigeons une vraie info rmation sur la réalité de ces violences, la mise en place d’une formation des professionnels de la santé et de tous les professionnels qui prennent en charge et accompagnent les victimes, l’ouverture de centre de crise et de soins pour les victimes de violences, et une justice digne de ce nom.

Source : e Courrier de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et la Pauvreté N°224 - 8 mai 2013



Projet Ulule de BD sur les violences sexuelles faites aux enfants,
nous avons besoin de vous !


Toutes les informations sont disponibles ici : http://fr.ulule.com/bd-contre-violences-sexuelles-enfants/

LE PROJET
Chaque année, un collectif d'auteur-es (scénaristes, dessinateurs-trices, journalistes) sortira une Bande Dessinée thématique sur le thème des
violences sexuelles faites aux enfants afin de mieux informer la société dans son ensemble. Les bénéfices seront reversés à une association de
lutte et de prévention contre l'inceste et la pédocriminalité. Cette BD sortira le 20 novembre, journée internationale des droits des enfants.

LE THÈME DE CETTE ANNÉE
Cette année, notre projet aura pour thématique "L'affaire d'Outreau".
Pourquoi?
Nous avons tous été sur-informés pendant l'affaire dite d'Outreau. Elle a traumatisé les consciences et déstabilisé l'institution judiciaire. Jamais une affaire retentissante n'avait aussi peu divisé l'opinion publique. Comme si l'esprit critique avait été anesthésié. Pourquoi ?
Dix ans après, il est temps de s'interroger, de façon dépassionnée, sur ce phénomène qui nous a submergés. Outreau, un symbole de l'erreur judiciaire ? Que treize des dix-sept accusés aient été acquittés après un ou deux procès, n'est-ce pas le fonctionnement normal de la justice ? Le véritable problème n'est-il pas celui de la détention provisoire ? Outreau, un fiasco judiciaire ? Oui, mais ce n'est pas celui qui a été dit.
Les enfants ont bien été victimes de violences sexuelles, qui s'en souvient?
Comment le procès s'est-il déroulé? Pourquoi 10 ans après un tel malaise persiste-t-il? Comment "l'affaire d'Outreau" est-elle devenue une arme de destruction contre la parole des enfants victimes de violences sexuelles au sein de nos tribunaux?
Les bénéfices de ce projet seront reversés à 2 associations : Le Monde à Travers un Regard et Innocence en Danger.
Merci de ce que vous pourrez faire pour permettre à cette action de voir le jour.
Si vous êtes dessinateur/trice et que vous souhaitez participer à cet ouvrage, contactez-nous.

http://www.lemondeatraversunregard.org
http://www.crifip.com

Se vendre est dégradant, violent et le contraire de la liberté


Auteures :

Tanja Rahm, sexologue et auteure

Alice Viola, conseillère et thérapeute

Christina Christensen, éducatrice

Lita Malmberg, éducatrice sociale au chômage

Pia Christensen, cand. mag. (Bacc. au Danemark)

Odile Poulsen, auteure et psychothérapeute


Les auteures sont toutes des femmes ayant passé par la prostitution

Nous sommes six femmes qui avons été dans la prostitution. À bien des égards, nous sommes semblables aux femmes décrites par Politiken dans sa série d'articles «Le Bordel - Un milieu de travail au Danemark». Leurs paroles étaient nos paroles quand nous étions dans la prostitution.

Cinq d'entre nous se sont dit à elles-mêmes et au monde autour d’elles qu’elles choisissaient de le faire. Que nous aimions le sexe, gagnions beaucoup d'argent et recevions beaucoup de reconnaissance. Que nous étions complètement en contrôle de ce que nous faisions.

Les médias décrivent souvent les femmes qui sont en prostitution comme fortes, libres et comme ayant une relation saine et avide au sexe – ce fut récemment le cas dans la série d’articles «Le bordel». Le récit de la femme aimant le sexe qui libère sa sexualité dans la prostitution est aussi le récit que veulent entendre la plupart des gens, et surtout les hommes qui achètent du sexe.

Les personnes comme nous vivent exactement le contraire. Quand nous prenons part au débat public sur la prostitution et signalons les éléments et conséquences destructrices de la prostitution, on nous dit que quelque chose d’autre doit clocher dans notre cas.

Car ce ne peuvent pas être les années passées dans la prostitution qui nous ont valu insomnie, dépression, perte de mémoire, pensées suicidaires, haine de soi, douleur, arthrite, anxiété, problèmes avec les rapports intimes et ainsi de suite.

Même si des centaines de femmes dans notre situation témoignent des mêmes conséquences douloureuses de la prostitution, cette connaissance ne compte pas dans le débat actuel. «Le bordel» véhicule le discours dominant: la prostitution est libératrice et inoffensive.

Mais ce qui n’est pas signifié clairement dans ce discours, c'est que l’industrie du sexe peut apparaître sous un jour très différent après que l’on en soit sortie. Écarter cette perspective peut contribuer à une banalisation de la prostitution et amener des jeunes femmes à penser que c'est un moyen sans danger de gagner de l'argent, ce qui n’est pas le cas.

Nous sommes nombreuses à avoir dû constater que la prostitution n'est pas un choix libre ou libérateur, mais une transgression de nos limites, une activité violente et non libre. Nous avons perdu contact avec nous-mêmes. Afin d’arriver à y résister.

Les «travailleuses du sexe satisfaites» sont acclamées par les médias avec une rectitude politique exceptionnellement acritique.

Le journaliste de la série «Le bordel» a accepté sans broncher toutes les contradictions en cause. Pourtant les femmes qui sont dans la prostitution ne sont pas faites de verre. Pourquoi ne devraient-elles pas répondre à des questions cruciales? Comment, par exemple, vont-elles éviter d'être exploitées par des proxénètes s’il leur faut un-e téléphoniste et un garde de sécurité? Comment vont-elles inciter les hommes à cesser d'acheter des étrangères qui n'ont pas accès à ces fameux «droits » – parce qu’après tout, elles coûtent bien moins cher? Comment le fait d'être membre d'un syndicat vous protège-t-il d'être agressée par les acheteurs? Comment une prostituée peut-elle avoir accès à l’assurance-chômage? Après tout, vous n’auriez qu’à vous poster sur le trottoir.

«Le bordel» donne l'impression que la stigmatisation réside dans le fait que certaines personnes disconviennent que la prostitution est une profession acceptable. La vision dégradante des femmes qu’entretiennent les acheteurs de sexe est occultée quand les femmes interrogées les décrivent comme des hommes doux qui aspirent simplement à un peu de proximité et d'intimité.

On parle beaucoup de liberté de choix. Mais ce discours semble dénué de sens à nos yeux, parce que la prostitution, qu’elle soit ou non librement choisie, dévore notre dignité. Quand la société ne veut pas renoncer à l'idée qu’il est naturel que certaines femmes soient vendues, la stigmatisation persiste. Et notre douleur est balayée sous le tapis, sous prétexte que nous l’avons nous-même choisie.

Nous avons énuméré ci-dessous nos expériences et nos opinions respectives sur le fait d'être dans la prostitution:

Tanja: «J'étais supérieure, forte. Mais la façade s'effritait. Je suis devenue accro à la cocaïne pour pouvoir continuer. Ai-je été une victime trop faible, veule? Non. J’ai survécu et je me suis dotée d’une vie valable. Mais je vois comment les femmes dans ma situation doivent constamment lutter contre des problèmes psychologiques, retourner à l'hôpital, subir des chirurgies.» (...) « Les femmes qui quittent la prostitution parlent d’autre chose que d’orgasmes et d’hommes doux. Nos expériences sont les plus stigmatisantes. Parce que les autres femmes ne veulent pas se rendre compte que leurs hommes sont peut-être des acheteurs de sexe, des tricheurs. Les hommes, eux, ne veulent pas perdre leurs illusions au sujet de femmes constamment en chaleur qui adorent baiser pour de l'argent. Quant à la société, elle craint d’être perçue comme moralisatrice et frigide si elle n’accueille pas à bras ouverts n’importe quels excès sexuels. Le coût de dire ce que personne ne veut entendre est la condamnation.»

Alice: «En tant que mentore à l’organisme Swan Groups, je rencontre beaucoup de gens qui trouvent très pénible l’idéalisation habituellement unilatérale de la prostitution par les médias. Dans un groupe Swan, vous pouvez acquérir une meilleure perspective sur cet enjeu. En effet, laquelle d’entre nous ne se disait pas heureuse avant de découvrir quelque chose de différent? Un très grand nombre des femmes réunies à Swan n’ont découvert que plus tard la pénible réalité. La quasi-totalité d'entre elles éprouvent des problèmes avec la proximité, l'intimité, la confiance et le sexe. Cela a de graves conséquences pour leurs relations avec leurs partenaires, leurs enfants et d’autres personnes. En prostitution, la liberté est une illusion, une impression factice de puissance et un mensonge qui empêche l'acheteur de sexe et la femme de sortir du ring.»

Christina: «Quand j'étais dans la prostitution, je suis allée parler aux médias, en vantant les joies de la prostitution. C'était une énorme auto-illusion que j'entretenais pour survivre. Je me suis plusieurs fois depuis interrogée au sujet de mes droits. Aurais-je pu éviter le syndrome de stress postraumatique, la perte de mémoire, la dépression, les troubles du sommeil et mon anxiété générale, si j'avais eu le droit de consulter un-e professionnel-le de la santé aux deux semaines ou si j’avais été membre du syndicat et autorisée à des prestations d’assurance-maladie? Non. Les acheteurs de sexe diffèrent des autres hommes sur un seul point: ils peuvent justifier à leurs propres yeux l’achat de sexe. Je les trouvais pitoyables quand ils pensaient avoir le droit de se servir de moi parce qu'ils avaient payé pour cela. Ils justifiaient leurs actions en me disant: «Wow, c'est tellement cool que vous soyez si forte ; je ne pourrais jamais baiser avec une des femmes faibles.» À leurs yeux, je ne pouvais faire partie de celles qui étaient brimées. Comme ils avaient tort. Faire semblant d’être forte est juste la façon de livrer la marchandise.»

Lita: «Les droits à obtenir devraient être le droit de quitter la prostitution. De l’aide pour résoudre les problèmes dont écopent habituellement les femmes dans la prostitution, de l'aide pour accéder à des formations et à des emplois. Les gens devraient avoir le droit de ne pas avoir à se vendre. Et ne vous méprenez pas: c'est vous-même qui êtes vendue. Ce n'est pas une simple performance. Vous êtes seule et nue avec un étranger couché sur vous, qui grogne et sue et vous suce les seins pour finalement se vider en vous. Voilà ce que c'est que d'être prostituée. Oui, il y en avait toujours un pour dire: «Je serai rapide, pour que ce ne soit pas trop désagréable pour vous.» Mais s’il pensait que c'était si désagréable pour moi, pourquoi le faisait-il? Ce manque de maîtrise de soi me dégoûtait. La seule chose qui les intéressait réellement était nos mensurations et ce qu'il leur en coûtait. Nous étions décrites et vendues comme de simples sandwiches.»

Pia: «J'ai été violemment forcée à me prostituer. Que des femmes danoises puissent également être forcées à la prostitution est une chose dont on ne parle jamais, mais je suis loin d'être la seule. Ma situation ressemble à celle des prostituées étrangères, qui ont-elles aussi souvent des proxénètes – oui, même les prostituées danoises «volontaires» ont parfois de ces types. Beaucoup de femmes ont honte, même si elles ont choisi de se prostituer, et aimeraient beaucoup arrêter. Alors pourquoi certains politiciens s’activent-ils tellement à normaliser l'industrie du sexe, pour que le plus grand nombre possible de femmes puissent y rester aussi longtemps que possible? On devrait faire beaucoup plus pour sortir les femmes de la prostitution.»

Odile: «Il est devenu inacceptable de parler des dommages que nous laisse la prostitution – ce serait détruire l’image courante de la prostitution comme activité sexuelle mutuelle et libertaire. Les femmes qui n'ont pas été dans la prostitution et qui ne pensent pas que celle-ci sert la société, les prostituées ou les acheteurs de sexe, sont traitées de frigides, de sexuellement réprimées, de vieilles filles moralisatrices. Alors, comment est-il possible de discuter?»

Version originale danoise : https://politiken.dk/debat/debatindlaeg/ECE1917299/det-var-uvaerdigt-voldeligt-og-ufrit-at-saelge-sig-selv/

Version française : Martin Dufresne


La misogynie n’a pas sa place dans le féminisme
Trans et masculinistes tentent de faire annuler un congrès de féministes radicales

Lauren Rankin est « une étudiante de troisième cycle en Women’s and Gender Studies à l’Université Rutgers ». Elle a récemment écrit un article d’opinion intitulé « La transphobie n’a pas sa place dans le féminisme » (1). Les arguments mis de l’avant n’apprendront rien de neuf aux féministes radicales (« fém rad »). Mais ce qui m’a étonnée, et m’a incitée à écrire ce commentaire, est le fait que Mme Rankin utilise une citation de Simone de Beauvoir à l’appui de son argument. Cette phrase sera familière à quiconque possède la connaissance la plus superficielle du féminisme :

« On ne naît pas femme, on le devient » (dans Le Deuxième Sexe.)

Si on lit le contexte dans lequel Simone de Beauvoir a formulé cette célèbre affirmation, il est clair qu’elle faisait allusion à la féminisation forcée des femmes. Elle disait que ce processus débute dès le jour de notre naissance. Elle notait que les femmes ne sont pas nées « féminines », mais que l’endoctrinement social nous impose cette identité ou, pour reprendre ses propres mots, « c’est l’ensemble de la civilisation qui élabore ce produit ». Elle ne disait pas, comme Mme Rankin semble sous-entendre, que « n’importe qui peut devenir une femme ». Non, il s’agit là d’une affirmation propre à Mme Rankin, et le fait d’utiliser une citation de de Beauvoir en 1949 à l’appui de son argument (bancal) est, au mieux naïf, et au pire malhonnête. Accordons à Mme Rankin le bénéfice du doute et tenons pour acquis que la diplômée d’études féministes et de genre de Rutgers n’a pas lu Beauvoir dans le cadre de ses cours.

Le problème avec les phrases lancées par Mme Rankin et d’autres féministes libérales, c’est qu’elles ne permettent aucune discussion. Si des féministes radicales disent considérer les femmes trans comme des hommes, elles sont immédiatement qualifiées de « sectaires » et toutes les voies de communication sont fermées. Le mot « bigotry » (fanatisme) est utilisé pas moins de 11 fois dans l’article relativement court de Mme Rankin et, dans chaque cas, il est utilisé pour décrire celles que Mme Rankin juge coupables de transphobie : les « fém rad » dont elle parle.

Regardons les autres termes utilisés pour décrire les féministes radicales : « acerbes », « agressives », « violentes ». Le mot « acerbe » suggère l’amertume, une insulte souvent utilisée par les hommes pour rabaisser les femmes qui osent dire ce qu’elles pensent. Mais j’ai encore plus de mal avec la prétention selon laquelle les féministes radicales sont « agressives » et « violentes ». Il n’est pas agressif de faire valoir qu’un mâle humain est de sexe masculin. Il n’est pas agressif d’exprimer un désir d’espaces réservés aux femmes. Et si Mme Rankin a des exemples précis de notre « violence », elle n’a offert aucun élément de preuve de cette allégation assez sérieuse.

On pourrait dire qu’il serait agressif de faire bruyamment campagne contre le droit d’un groupe marginalisé dans la société de tenir une conférence. On pourrait dire qu’il serait agressif de tenter d’empêcher des femmes de se réunir dans un espace réservé aux femmes où elles peuvent se sentir en sécurité et où elles peuvent être certaines que leurs voix seront entendues. On pourrait dire qu’il serait violent de menacer le personnel d’un centre où une telle conférence devait être tenue. Tout cela est arrivé (2), mais aucune de ces agressions et de ces violences n’a été perpétrée par des féministes radicales. Les parties responsables dans ces situations sont des militants trans (soit des personnes trans et d’autres personnes qui s’identifient comme féministes) et des masculinistes (partisans extrémistes des droits des hommes). Aucune de ces agressions et de ces violences n’est mentionnée par Mme Rankin. Et, fait révélateur, elle a omis de mentionner que la personne même qu’elle cite dans son article, Sophia Banks, est la première personne à avoir appelé les masculinistes à l’« aide ».

Le dernier paragraphe du texte de Mme Rankin vaut la peine d’être cité intégralement juste au cas où vous n’en avez pas saisi le sens à première lecture :

« Les femmes trans sont des femmes. Comment puis-je le savoir ? Parce qu’elles disent qu’elles sont des femmes. Parce qu’elles s’identifient comme femmes. Parce que votre expression de genre n’est pas dictée par le sexe avec lequel vous êtes né. Parce que moi, et bien d’autres féministes cisgenre, faisons confiance aux femmes trans quand elles disent qu’elles sont des femmes. Parce que les femmes sont des femmes, et c’est vraiment tout ce qu’il y a à en dire. » [C’est moi qui souligne.]

Avez-vous entendu cela ? Dès qu’un homme dit qu’il est une femme, il en est une. C’est tout. Aucune remise en question de cette affirmation n’est tolérée (ce serait du « sectarisme »). Contester un homme qui nous dit qu’il est une femme est être « transphobe ».

Oh, Mme Rankin... les hommes disent aux femmes quoi faire depuis le début des temps. Il n’y a pas très longtemps, les hommes disaient aux femmes que le cerveau féminin ne pouvait faire face à la responsabilité du vote. Plus récemment encore, les hommes disaient aux femmes que le cerveau féminin ne pouvait faire face à la responsabilité d’un prêt hypothécaire. Chaque jour, des hommes disent aux femmes ce qu’elles doivent porter et quelle apparence avoir et comment elles doivent se comporter. Chaque jour, les hommes disent aux femmes que leur rôle social est de répondre aux quatre volontés des hommes. Et maintenant, les femmes se font dire par (certains) hommes d’accepter sans conteste qu’ils sont, en fait, des femmes.

Certaines femmes font ce qu’on leur dit, comme c’est leur place en tant que sexe subordonné. D’autres femmes (les « fém rad ») choisissent de ne pas se laisser dire quoi faire par des hommes. Certaines femmes choisissent de ne pas se laisser faire la leçon. Certaines femmes tiennent tête aux hommes qui nous disent que nous ne pouvons pas nous réunir à moins qu’ils ne soient invités, certaines femmes luttent contre les hommes qui nous disent avoir un droit d’accès aux zones où des filles et des femmes peuvent se déshabiller, certaines femmes choisissent de ne pas se laisser dire quoi faire par des hommes.

Nous n’avons pas confiance aux hommes quand ils disent qu’ils sont des femmes (nos livres de biologie nous disent le contraire). Nous n’avons pas confiance aux hommes qui utilisent l’agression et la violence pour essayer de nous empêcher de nous réunir. Nous n’avons pas confiance aux hommes qui essaient de nous dire quoi faire ou comment penser ou comment nous comporter, car nous ne sommes pas les marionnettes des hommes. Tout homme qui veut notre confiance doit d’abord la gagner, et le fait de jouer les gros bras et de poser des exigences et de nous dire quoi faire aura certainement l’effet inverse. Tenir tête aux hommes n’est pas du sectarisme mais une démarche de préservation parce que les hommes sont des hommes et les femmes sont des femmes, et c’est vraiment tout ce qu’il y a à en dire.

1. Lien.
2. Lien.

©UK Feminist, avril 2013.

- Texte original : « Misogyny has no place in feminism », UK Feminist, sur son blog « For the liberation of women », 29 avril 2013.

Traduction : Martin Dufresne

- Lire aussi : Les micro-identités et le "libre choix" érigé en système menacent les luttes féministes

Source : Sisyphe


Vidéoclip anti-masculiniste

http://vimeo.com/64941331

Voici une caricature sommaire sur le point d’intersection, chez certains hommes, de l'apitoiement sur soi, du pouvoir, du viol, de la territorialité, de la misogynie et de la peur des femmes. On voit cela un peu partout en ligne sous la forme de masculinistes, (dont il existe quelques spécimens raisonnables et non misogynes), des Hommes qui Vont Leur Propre Chemin, des dragueurs, et des types qui vantent la Pilule Rouge parce que « La Matrice » est un bon film. Allez vérifier ce qu’ils disent si vous avez l’estomac bien accroché. Il s’agit d’exemples extrêmes, mais ces idées se retrouvent partout en version à peine plus subtile.

En surveillant depuis un certain temps leurs blogs et leurs canaux YouTube, j'ai remarqué qu'au-delà de leur chauvinisme patriarcal habituel, ils
manifestent une profonde terreur des femmes : ce qu’elles vont me faire, comment elles vont me rejeter, ou se servir de moi, comment elles transforment la société d'une façon qui ne me favorise pas, comment elles amènent les hommes à des attitudes que je n’aime pas, dans quelque chose que je n'aime pas, comment elles deviennent elles-mêmes quelque chose que je n'aime pas, leur réticence à me donner ce que je veux, à me donner ce que pense être légitimement à moi. Cela va au-delà de la peur du féminisme – c’est la peur des femmes à l'état pur. Et cela, pour citer une marionnette, mène à la colère et la haine. C'est triste.

Je suis un féministe. Je pense qu'il y a suffisamment de crème glacée pour tout le monde, mais cela signifie que ceux d'entre nous qui en avons 3 boules pourrions avoir à en céder une ou deux. En outre, La Matrice est un film divertissant, mais vous ne devriez sans doute pas en faire le fondement d’une philosophie.

*** J’ai fini par fermer les commentaires parce que l’Internet, vous savez comment d’est. Certains des commentateurs ont même demandé eux-mêmes que je ferme cette section. SI vous voulez me parle, laissez moi un MESSAGE VIMEO.
*** J'ai répondu à quelques questions, et à certaines critiques et j'ai écrit longuement sur ce pourquoi je ne vais pas patauger dans la guerre de commentaires qui s’étale ici. Veuillez lire ces commentaires avant de péter un plomb. Pour le reste d'entre vous, continuez à m’impressionner !

Scott Benson

Le film "Outreau, l'autre vérité" ne doit pas être censuré !

La sortie en salles du film de Serge Garde : « Outreau, l'autre vérité » a donné lieu à un phénomène qui serait sans doute amusant de commenter s'il n'était pas si grave.

- Nous voyons que le public se montre admiratif et reconnaît l'intérêt des témoignages qu'il comporte, exprime sa reconnaissance pour l'éclairage qu'il apporte sur une affaire qui a suscité les passions et laissé le trouble chez tous ceux qui ont dû s'accommoder d'une issue qui dépasse l'entendement. C'est en raison du mauvais ancrage de ce mythe que le sujet revient constamment sous les feux de l'actualité, un peu à la manière de consommations indigestes que l'estomac se refuse à digérer et qui provoquent des renvois sporadiques. Tout ce qui peut favoriser la compréhension de cette affaire est donc salutaire et constitue une étape qui s'accomplira nécessairement.

- Nous voyons par ailleurs que loin de s'allier à cette démarche d'assainissement, les médias s'acharnent à dépeindre cet éclairage comme un plat empoisonné. Ils ne sont pourtant pas étrangers à la tournure que l'affaire d'Outreau a prise dans les esprits dès le début de l'affaire. D'abord à cause d'une recherche de sensationnel qui a gravement affecté la présomption d'innocence, puis à cause d'un emballement en sens inverse, appuyé par des articles de presse, des images marquantes, des ouvrages largement diffusés, mais qui a laissé de côté les victimes et a pris parti au point de négliger gravement l'équilibre contradictoire entre accusation et défense.

 Cette dernière assertion est sujette à controverse et nécessiterait une analyse détaillée, un peu comme celle qui est apparue en 2009 dans le premier ouvrage qui revenait sur l'affaire «  Outreau, la vérité abusée, 12 enfants reconnus victimes » – ouvrage mentionné dans le générique du film – écrit par Marie-Christine Gryson-Dejehansart qui s'exprime également dans le film.

 Ce qui est frappant au vu des articles qui commentent la sortie du film, c'est que ce sont justement les médias qui viennent renforcer ce jugement, par leur comportement ouvertement et outrancièrement hostile, par le fait qu'ils reçoivent à bras ouverts Eric Dupond-Moretti pour lui permettre de déverser ses paroles assassines. Ils apportent s'il en était besoin la preuve que l'équité et l'honnêteté intellectuelle n'est pas leur choix. Ils offrent à tout observateur attentif le spectacle de gardiens acharnés de la légende, sans réaliser qu'ils maintiennent de ce fait le malaise qui l'accompagne.

- Il est facile de voir que le film « présumé coupable », film de fiction sur la base d'un livre écrit par une personne qui ne pouvait être neutre, qui présente un tableau poussé aux limites du représentable a été accueilli avec bienveillance, que personne n'a reproché à son producteur de gagner de l'argent, pas plus que d'avoir pris quelque liberté avec les faits.

- il est facile – tout au moins pour ceux qui tentent quelques commentaires sur les articles en ligne – de constater qu'ils sont en général « modérés » dans le sens où ceux qui sont hostiles au film passent bien mieux que ceux qui y sont favorables ou dénoncent les propos injustes du journaliste ou de son « invité ».

- Il est facile de constater que les médias parlent volontiers des acquittés, mais ne mentionnent que rarement le sort des enfants victimes à moins que ce ne soit pour traiter de mythomane celui qui ose s'exprimer. Le livre de M.C. Gryson et le film de Serge Garde ont au moins le mérite de se pencher sur leur sort qu'il est trop commode d'oublier.

 La liberté d'expression à laquelle on tient tant est bafouée par un vocable inadapté qui parle de « révisionnisme, de « théorie du complot », de « malhonnêteté » comme pour faire usage d'un ordre moral au nom duquel toute légitimité d'expression pourrait être bannie.

 Pourtant l'attitude de Serge Garde, de même que celle de tous les intervenants de son film est empreinte de pondération et de sincérité et ne justifie en rien cet acharnement. Nous le disons, cette attitude est inacceptable et indigne d'une presse que l'on espèrerait indépendante et ouverte.

 

Continuons d'aller voir "Outreau, l'autre vérité", invitons aussi nos amis et continuons de dénoncer la désinformation à propos des violences sexuelles faites aux enfants !

Associations signataires :

Innocence en Danger, CRIFIP, Le Monde à Travers un Regard, L'enfant d'abord, CFCV, Collectif Les Moutons Noirs

Signer la pétition


Motivation de la misogynie :

*que les hommes gardent le pouvoir sur les femmes

Conséquences de la misogynie :

*viol, abus de pouvoir, meurtre, salaire inférieur, opportunités restreintes, discrimination générale

et perte de possibilités, rôles de genre restrictifs, et bien plus encore.

Motivation de la misandrie :

*les hommes en tant que groupe font à coup sûr beaucoup de mauvaises choses du fait de leur pouvoir genré et des privilèges masculins :

je ne suis pas certaine de leur faire confiance ou même de les aimer.

Conséquences de la misandrie :

*sentiment de vexation




Extraits traduits d’une entrevue de Kajsa Ekis Ekman – auteure du livre L’être et la marchandise (M Éditeur, Montréal, 2013).

Cette entrevue a été réalisée et affichée sur Youtube par la collective néerlandaise spiritsofsquatters : http://www.youtube.com/watch?v=scOlrYokdJM

Mon nom est Kajsa Ekis Ekman et je suis suédoise, écrivaine, militante et j’écris pour un magazine anarchiste appelé BANG ; j'écris également dans des quotidiens des critiques sur divers livres et idées. Je suis e train d’écrire un livre sur la Grèce et sur la crise grecque, mais avant cela, j'ai écrit un livre sur la prostitution et la maternité de substitution. Je suis à ce festival pour parler de la prostitution et de ce pourquoi je pense que les Hollandaises et Hollandais doivent changer leur politique sur la prostitution parce que ce qu’en ce moment, il est tout à fait légal de tenir un bordel et d’aller y acheter du sexe et ainsi de suite. Parce qu’en tant que féministe, je trouve que la prostitution est... contraire aux droits de la personne et que c'est une manifestation non seulement du patriarcat mais du capitalisme et de l'exploitation des êtres humains.

Q.: La plupart des gens pensent que la prostitution est une forme de libération et que les Pays-Bas sont un pays très libéral parce qu'ils ont la prostitution légale et tout ça mais vous pensez... ?

Elle : Oui, je pense que c'est une opinion très répandue… et je suis très triste en fait d'entendre des gens de gauche ou des activistes exprimer cette opinion, je trouve cela... extrêmement bizarre compte tenu que ces gens sont généralement opposés à l'inégalité et peuvent sembler très sensibles à d’autres formes d’oppression... mais ne peuvent pas voir ici que la prostitution est au cœur du patriarcat et du capitalisme dans un sens... Mais pour moi le problème général est que lorsque vous voyez la prostitution comme libératrice, c’est que vous l’assimilez au sexe et vous pensez que la prostitution c’est la liberté sexuelle... alors qu'en réalité, c'est le contraire, vous voyez ?... La façon dont je vois la prostitution c’est que dans le contrat de prostitution – faites abstraction pour un moment du proxénète et du trafiquant ainsi de suite – vous avez deux personnes, n’est-ce pas? Vous en avez une qui veut avoir des rapports sexuels et une qui n’en veut pas... Et comme une n’en veut pas, l'argent entre dans le portrait, parce que la première personne doit payer la seconde personne pour faire l’amour. Si les deux personnes le voulaient, il y n'aurait pas d’argent échangé... Donc, dès ce moment-là, vous avez une inégalité du désir, où une personne veut et une personne ne veut pas... donc je pense que la prostitution est, pour cette raison, le contraire de la liberté sexuelle... parce qu'il y a là une personne qui ne veut pas y être là, vous voyez ?... Et je pense qu’en général, il y a réellement quelque chose de tordu chez une personne qui veut être avec quelqu’un que cela n’intéresse pas. Donc je pense que c'est ce qu'il faut changer, les hommes qui achètent du sexe constituent le problème de base... Et ce ne sont pas tous les hommes, c'est une minorité d'hommes... En Suède actuellement, c'est environ un homme sur treize, alors c'est une très petite minorité – en Allemagne, c'est comme un homme sur quatre, ce qui est beaucoup plus, à cause de leur légalisation de la prostitution mais... cela demeure une minorité. Donc je pense que nous devons changer les attitudes des hommes qui font ça... Et si les femmes achetaient aussi du sexe, bien sûr que ce serait un gros problème, mais les femmes ne font pas cela. Pourquoi ? Je ne peux l’expliquer – est-ce la culture, est-ce l'histoire, est-ce la biologie, je ne sais pas... est-ce, est-ce le pouvoir? Je ne sais pas, mais en général où qu’on regarde... les gens qui achètent du sexe sont presque à 100 % des hommes, ce sont eux qui le font. Mais les personnes qui en vendent sont 90 %, en général, quelque chose comme ça, 90% des femmes et des filles et 10 %, des hommes et des transsexuels. Donc vous voyez, c’est vraiment un problème d'hommes en général... et je pense que les hommes doivent apprendre que le sexe est une affaire de désir réciproque, ce n'est pas quelque chose où celui qui en veut peut prendre ou acheter ou obtenir d'une personne qui n’en veut pas, vous comprenez? Mais bien sûr, c'est aussi un problème de capitalisme, vous voyez que je veux dire : actuellement, c’est un marché en grande expansion où vous avez des États qui légalisent la prostitution parce qu'ils veulent percevoir des impôts. Et je pense que si vous regardez l'État néerlandais... c’est effectivement un proxénète, parce que ce que l'État fait, c'est vendre des femmes étrangères aux touristes masculins, donc l’État se sert de femmes venues des régions appauvries de la planète, il les amène ici, les accepte pour les vendre aux touristes masculins qui viennent ici, et cela afin de percevoir des impôts, c’est donc exactement ce qu'un proxénète fait, vous savez, il vit aux crochets de quelqu'un, il vit de la prostitution d’autrui, c’est ce que fait l'État. Donc je pense que c'est quelque chose que le peuple néerlandais devrait souhaiter changer. Et plus ce marché se développe, plus vous aurez de traite parce que... vous savez, il y a des gens qui pensent que la traite c’est mal mais que la prostitution c’est OK... Avez-vous entendu cette opinion ou quelque chose de semblable? Mais vous savez… il faut regarder le pourquoi de cette traite... elle n’arrive pas parce que certains hommes veulent désespérément acheter une femme victime de la traite ; elle arrive parce qu’il existe très peu ou pas assez de femmes qui viennent volontairement à l'industrie du sexe, alors il faut aller les chercher quelque part, donc vous allez dans les pays pauvres et vous passez l’aspirateur dans les campagnes pour recruter des jeunes femmes qui, sans le savoir, acceptent de suivre un homme pour un emploi de nettoyage ou de garde d’enfants. Ou peut-être même qu’elles savent que c’est pour de la prostitution, mais elles ne savent pas ce que c'est vraiment. C’est de cette façon que vous allez combler une demande sans cesse croissante pour de nouvelles femmes et filles. Donc, il vous faut accepter le fait que si vous avez une industrie du sexe, si vous la rendez légale, si vous la laissez prendre de l’ampleur, vous aurez nécessairement la traite, ce sera inévitable, parce que dans un pays riche, il n'y a tout simplement pas assez de femmes pour combler cette demande.

En Suède, on a adopté une loi qui pénalise les acheteurs de sexe parce qu’on juge qu’il s’agit réellement d’un crime. Notre loi a très bien fonctionné; comme j'ai dit : avant, il y avait un Suédois sur huit qui payait pour le sexe et maintenant c’est un sur treize, donc vous voyez, ça marche: nous avons beaucoup moins de prostitution que d’autres pays. En fait ce qui est arrivé, c’est que les trafiquants – la mafia nigériane en particulier – en est venue à simplement passer par la Suède pour aller en Norvège, donc ils ont tous fini à Oslo, la capitale de la Norvège, et c’est devenu un gros problème là-bas, alors la Norvège s’est dit « Qu’est-ce qu’on va faire? » et maintenant, ils ont aussi adopté la loi suédoise. Donc, à mon avis, cela montre que cette solution fonctionne. Maintenant si vous êtes anarchiste, vous pouvez dire que vous êtes contre la loi comme outil pour changer le comportement des gens, et je peux comprendre cet argument. Mais je ne vais pas lutter contre les rares lois à créer un tant soit peu de justice sociale, et celle-là en est une. Vous savez, je pense que si vous voulez adopter un point de vue hostile à toute loi, vous pouvez tenir tout un langage philosophiques et vous pouvez commencer à en discuter ; mais vous n'allez pas mettre l’accent sur les lois comme… celle qui interdit de battre vos enfants et de violer quelqu'un, vous savez, de tuer quelqu'un et vous n’allez pas dire, nous allons abolir ces lois-là, non !, ce ne sont pas les premières lois que vous allez abolir… et je pense que nous vivons aujourd’hui dans une société qui fait appel au droit pour contrôler certaines choses, et je pense que c’est une très bonne chose. Et bien sûr, en tant que collective anarchiste, vous pouvez faire plein d'autres choses pour combattre la prostitution, vous pouvez diffuser des opinions, vous pouvez sensibiliser les gens que vous connaissez, vous pouvez faire de l’action directe contre les bordels, contre les clubs de striptease, vous savez, contre toutes ces choses... et vous pouvez, bien sûr créer des affiches et tout ça. Surtout, vous pouvez fournir du soutien aux femmes qui veulent quitter la prostitution. Mais si vous regardez l’ensemble du portrait, les anarchistes ne sont pas si nombreux et nombreuses qu’elles peuvent changer la culture de la prostitution dans tout le pays. Donc je pense qu'à cet égard, la loi suédoise fonctionne très bien, parce que où que vous alliez dans le pays, si vous achetez du sexe et que la police l’apprend – et ils le font souvent – vous allez payer une amende. Donc vous voyez, le mari typique, celui qui a deux enfants et un bon boulot et qui ira voir une prostituée après sa journée de travail, il se fout bien de ce que pensent les anarchistes, mais il se soucie de ce que la loi pense et il ne le fera pas s’il sait qu'il risque… d’avoir des ennuis.

Q.: Pensez-vous que la prostitution affecte également l’ensemble de la société ?

Absolument... C’est vrai idéologiquement et pratiquement et dans les relations, vous savez. D'abord, vous avez tout ce que provoque la traite des personnes… soit beaucoup de drogue, de mafia et de crime lié aux armes à feu associées avec ce marché... puis aussi au plan des relations, parce que je pense que cela fausse les relations surtout entre les hommes et les femmes, le fait que les hommes trouvent normal de payer pour être avec une femme. Je pense que, généralement, enfin ce n’est pas mon idée d'une bonne relation entre hommes et femmes, le fait de se payer les uns les autres, je pense qu'on devrait être ensemble parce qu'on s’aime bien, non ?... Mais je pense que la chose la plus importante à comprendre au sujet de la prostitution, c’est que la vie de ces femmes est souvent très ardue et souvent très courte ! Je crois que c'est une étude canadienne qui a montré que les femmes prostituées ont un taux de mortalité de quarante pour cent supérieur à celui des autres femmes, qu'elles sont assassinées dix-huit fois plus souvent que les femmes en dehors de la prostitution... et les niveaux de violence contre les femmes prostituées sont aussi très élevés, donc la vie dans la prostitution est très dure et ce n'est un idéal pour personne. Vous pouvez y échapper, avec de la chance, si vous n’y êtes restée que quelques années et si vous échappez aux pires violences, peut-être pouvez-vous y échapper et vivre une bonne vie après ça, mais il y a beaucoup de gens qui en gardent des séquelles psychologiques...

Vous avez peut-être entendu après mon allocution aujourd'hui, il y a une femme de l’auditoire qui a dit: « Eh bien vous savez, la prostitution est une chose... que nous pouvons avoir, et la violence est une autre chose et ça, nous n’en voulons pas. » Moi, je ne pense pas que l’on peut séparer ces deux choses, parce que si vous comprenez les racines de la prostitution et d'où elle vient, elle va nécessairement être associée à de la violence et des choses comme ça parce que les acheteurs pensent vraiment : «J’ai payé pour cette femme et je peux lui faire tout ce que je veux », alors il la voit déjà comme quelqu'un qu'il a achetée et qu’il peut frapper ou abuser ou soumettre à tout ce qu'il a envie de faire. Vous comprenez ce que je veux dire? Donc je pense que, si vous abordez la prostitution, l'essentiel n'est pas de discourir d'idéologie, mais de traiter de ce qui se passe en réalité, en pratique, vous savez, il s’agit vraiment de questions de vie ou de mort.

Et je veux dire, il faut se dire « OK, est-il VRAIMENT SI IMPORTANT que ces hommes obtiennent nécessairement le droit d'acheter du sexe, que l’on doive y sacrifier des vies de femmes ? Que l’on doive y sacrifier des enfants? Que l’on doive gâcher la vie de tant de femmes au nom de ce droit sacré des hommes d’acheter du sexe? » Il me semble que NON ! On n’empêche personne d'avoir des rapports sexuels, on dit seulement ne les achetez pas! Il suffit de ne pas en acheter et beaucoup de détresse va disparaître ! Ils peuvent coucher avec qui ils veulent mais si l'autre personne le désire, est-ce vraiment si compliqué? Vous voyez ce que je veux dire? Ce n'est pas si sacrément important que tout le monde doive se précipiter pour protéger le putain de droit de ces hommes à payer pour du sexe comme si c'était un des dix commandements de Dieu, je veux dire non!, ce n'est pas ça. Moi, j'ai vécu toute ma vie sans payer pour du sexe et je suis parfaitement heureuse, et je pense que la plupart d'entre nous avons vécu toute notre vie sans payer pour du sexe et nous sommes OK...

[…]

Vous savez, il y a des gens qui pensent que, OK... les hommes qui achètent du sexe sont handicapés, ils ne peuvent pas en obtenir autrement… Mais ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai du tout, la plupart des hommes qui paient pour le sexe sont... ils sont déjà mariés, ils ont une femme à la maison... ce sont même des hommes qui sont, en moyenne, de beaux gars, vous savez… Alors c’est aussi une question de pouvoir, vous voyez, ce n'est pas une affaire de pauvres hommes qui ne peuvent trouver personne.... Il arrive même encore plus souvent que c’est la prostituée et non l’acheteur qui sera handicapée. Pourquoi ? Parce que si vous êtes une fille handicapée, au plan physique ou mental, ça signifie que votre capacité de dire non et de partir est restreinte... il va donc être plus facile pour quelqu'un de vous manipuler et de vous entraîner dans la prostitution. […]

Q. Que peuvent faire les gens pour y mettre fin?...

Oui, eh bien, je pense que vous pouvez le faire d’une foule de manières. Je pense que... aux Pays-Bas, en Allemagne surtout, il faut abolir le rôle de proxénète de l’État, il faut lui dire «Nous ne voulons pas que l’État agisse en pimp», il faut dire « Moi, les impôts prélevés à même la prostitution, je n’en veux pas! » Après tout, si la population générale tire de l’argent de la prostitution, vous sentez-vous bien ? Moi, je ne me sentirais pas bien... en sachant qu'une femme arrivée d'Afrique, d’Amérique latine ou d'ailleurs doit se tenir debout dans une vitrine du red-light district et coucher avec des masses d'hommes britanniques qui viennent pour... fêter le mariage de l’un d'eux ou quelque chose... Je ne serais pas heureux de savoir que... lorsque je vais à l'hôpital c’est ce commerce qui finance mes traitements?... Non, je ne me sentirais pas bien à ce sujet, donc je pense qu’il faut certainement y avoir un changement à cet égard, cette politique doit être changée.

[…]

Il y a deux voies d’entrée à la prostitution – en généralisant beaucoup, je veux dire – tout d'abord vous avez la raison économique : les femmes qui viennent des pays très pauvres et qui n'ont peut-être pas d'autre option, celles qui n'ont peut-être pas de papiers, par exemple, elles peuvent travailler en prostitution comme moyen de survie, vous comprenez? Ensuite, il y a la prostitution que nous connaissons dans les pays riches, qui est celle de filles qui ont été maltraitées par leurs parents, par leur père ou... qui ont déjà subi un traumatisme sexuel : elles vont entrer en prostitution non pour l'argent mais pour gérer leur traumatisme, vous voyez ce que je veux dire ? Elles n'ont pas besoin de l'argent il y a même des cas où elles ont pris l'argent, un argent qu’elles détestent – alors elles le foutent aux chiottes et elles tirent la chasse d’eau... elles n’en veulent même pas, vous comprenez ? C'est de l'argent sale, elles détestent cet argent, elles le font pour se faire du mal… C'est comme beaucoup de femmes, elles se tailladent la peau, c'est de l’autodestruction, vous voyez ? Mais dans les deux cas, je pense que pour l'homme qui la force, il n'y a aucune excuse pour abuser de quelqu'un qui est soit si pauvre qu'elle n'a pas d’autre option, alors moi je dis donnez-lui de l'argent quand même, mais ne la baisez pas – il est évident qu’elle ne veut pas de vous – et deuxièmement, si vous utilisez quelqu’un qui a manifestement un traumatisme et aurait besoin d’être en thérapie ou quelque chose comme ça, n’aggravez pas la situation... quel genre de personne êtes-vous si vous faites cela ? (pause) Alors, que pouvons-nous faire pour aider ? Je pense que c'est un très gros débat (pause) tout d'abord, je pense qu'il devrait certainement exister des programmes de sortie, des centres, parce qu’il y a beaucoup d'argent qui est gaspillé sur les mauvaises choses. L'Union européenne, comme je le disais dans mon discours, donne beaucoup d'argent chaque année à une organisation appelée TAMPEP, fondée aux Pays-Bas... qui se promène au pays et en Europe de l’Est en donnant des préservatifs aux prostituées. Leurs agents distribuent également des tracts sur comment il est bon que la prostitution soit légalisée, et qu'elle devrait l’être partout en Europe de l'Est et ils sont très actifs dans cette région à tenter d’y faire légaliser la prostitution. Alors je suis allée les interviewer et je leur ai demandé « Pourquoi ne dépensez-vous pas une partie de cet argent à aider les filles à sortir de cette situation? » Parce que la femme qui travaille là m'a dit qu’elle allait parfois dans ces rues… Elle est polonaise en passant et elle me dit que beaucoup des femmes sont polonaises et elle dit que c'est très bien parce qu'alors « Je peux leur parler et parfois il y a une fille, elle vient, elle a dix-huit ans, elle n'a pas encore eu de premier client... et je lui dis comment enfiler le préservatif. » Alors, moi je lui ai dit: « Quoi ? C’est ça que ce que tu lui dis? Pourquoi ne lui dis-tu pas ‘As-tu besoin de quelque chose ? Peut-être que tu ne veux pas être cela, cherches-tu un logis ou cherches-tu un emploi, est-ce que je peux t’aider à quelque chose, tu sais ? Mais ne te contente pas de lui enseigner le préservatif ! " Et cette femme me répond « Non, nous ne les aidons pas à en sortir, pourquoi ferions-nous cela», me dit-elle. « Nous les aidons à être de bonnes prostituées. » Vous comprenez? Et c'est de l'argent de l'Union européenne qui finance ça! L’UE a beaucoup d'argent et pourquoi fait-elle cela? Parce qu'ils ne veulent pas que le VIH se propage, alors ils vont donner des préservatifs aux prostituées. Ils ne se soucient pas des prostituées, ils se soucient de cela. Mais l’on pourrait donner une partie de cet argent à des programmes où l’on pourrait dire aux femmes : « OK, peut-être que vous êtes en difficulté dans votre vie, OK, nous allons vous aider à retourner aux études, à trouver peut-être un endroit où rester et un emploi, quelque chose comme cela… il ne s’agit pas de forcer les femmes, vous n'allez pas les amener de force au programme, vous allez aller dans ces rues et vous allez dire « Excusez moi, est-ce que quelqu'un ici aimerait s’inscrire à ce programme? », vous savez et on verrait si quelqu'un est intéressée, et je pense que, oui, beaucoup de gens s’y intéresseraient.

Q.: Pouvez-vous dire ce qui vous motive à aborder un sujet aussi... ?

Hé hé... c’est parce que je suis généralement en COLÈRE ! (rit)... Non, vous le savez, c'est, bon, différents facteurs… en fait, quand j'ai commencé à écrire ce livre – parce que j'ai écrit un livre sur le sujet – c'était parce que je vivais à Barcelone et je vivais avec une fille qui était dans la prostitution. Et quand on a vu ce que j'ai vu, il n'y a aucun moyen de revenir en arrière, vous comprenez ? Il est impossible de me faire croire que cette chose est OK, de la peindre en rose, OK parce que j'ai vu ce qui est derrière tout ça, OK, je l’ai vu de mes yeux. Et puis, j'ai d'autres amies qui ont été en prostitution pour différentes raisons je connais aussi des hommes qui ont payé pour du sexe et ainsi de suite, et en général je leur dis « Vous êtes des abrutis, allez vous faire voir ! », OK... Et puis, pour moi, c’est une question de droits des femmes, d’égalité entre les hommes et les femmes en général, je n'aime pas à un monde où les femmes sont vendues et achetées comme du bétail et les hommes se contentent d’y aller avec insouciance... Je parlais tantôt de la Thaïlande – j’ai aussi été en Thaïlande – et là, l'industrie du sexe est une affaire énorme : alors les femmes et les filles et les jeunes garçons sont vendus en masses à tous ces touristes masculins... alors, les hommes en Thaïlande, que font-ils ? Ils achètent eux aussi du sexe ! Eux-mêmes en achètent ! Ainsi, au lieu de prendre la défense des femmes dans leurs pays en disant : « Nous n'acceptons pas que les touristes viennent ici et les achètent comme si elles étaient des animaux, nous disons ‘Non’ à cela », NON, ils paient pour du sexe eux aussi. Dans une très grande proportion des hommes thaïlandais. Alors je trouve que cela démontre une hypocrisie générale de la part de beaucoup d'hommes – je ne dis pas tous les hommes parce qu'il y a beaucoup d'hommes aussi qui seraient prêts à soutenir les droits des femmes –, mais je constate que si un homme arrive dans un pays pauvre et dit, « Je vais prendre les minéraux, je vais prendre le pétrole, je vais prendre les diamants, je vais prendre n’importe quoi d’autre dans le pays », les hommes lui diront « Non, allez-vous en, espèce de colonialiste! » Mais s'il veut prendre des femmes, ils lui diront « Oh OK, je vais vous conduire au bordel et je vais y aller moi aussi… »

[…]

Traduction : Martin Dufresne, avec l’autorisation de Kajsa Ekis Ekman et de spiritofsquatters


Pour approfondir :
http://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2013/04/11/la-transgression-fetichiste-des-frontieres-se-differencie-
de-la-dissolution-revolutionnaire-des-memes-frontieres/ 
http://abolition13avril.wordpress.com/about/
http://www.youtube.com/watch?v=scOlrYokdJM
http://www.editionsm.info/
http://sisyphe.org/spip.php?article4379

STRESS AU STRASS

texte publié dans le dernier numéro du mensuel québécois anarchiste Le COUAC


Coup de pied dévastateur à la filière proxénète en France, un mystérieux Collectif Abolitionniste Francophone (CAF) vient de publier en ligne
une
«Anatomie d’un lobby-prostitution», très détaillée (1). La Commission Charbonneau québécoise peut en prendre de la graine…
Depuis, sur les listes de discussion, les unes applaudissent et les autres s’indignent de ce déboulonnage d’un poids-lourd du «milieu», le STRASS. Le CAF documente le financement, les accointances et les tactiques du «Syndicat du travail sexuel». Il fouille son entrisme dans l’État français, officiellement abolitionniste. Il y aurait un cheval de Troie dans la demeure… Serait-ce pourquoi les Socialistes mettraient discrètement au rancart la pénalisation promise des prostitueurs. La sociologue Marie-Victoire Louis, pionnière de ce chantier en France, s’en indigne vertement (2).

Syndicat de boutique?

L’étude du CAF pose le problème de la représentativité de ceux et celles qui s’intitulent «Les Putes», pour accuser de «putophobie» à la télé les féministes critiques de leur «industrie». Représentent-ils et elles les prostituées… ou ceux qui les exploitent: proxénètes, trafiquants, dealers? La plupart des femmes prostituées en France y sont amenées par des réseaux mafieux d’Europe de l’Est, d’Afrique ou de Chine. Vivant un véritable esclavage, comment pourraient-elles mandater les quelques «strasseux» parisiens de souche qui se disent leurs porte-parole et dont le CAF expose les financeurs et tactiques?
Sur son blog (3), Christine Le Doaré, une militante féministe lesbienne combattue par des hommes du STRASS depuis des années, commente vigoureusement l’étude du CAF avec d’autres informations clé:
«Pourquoi ce lobby se comporte-t-il ainsi et surtout pourquoi s’arroge-t-il le droit de parler au nom des femmes prostituées? Pourquoi doit-il se comporter d’une façon aussi abusive et disproportionnée, face au mouvement abolitionniste? Quels sont les enjeux qu’il entend préserver?»
Au-delà du dilemme théorique entre une prostitution critiquée comme violence inhérente ou qualifiée de métier comme un autre, elle nous ramène, forte de sa longue expérience du milieu, à l’essentiel – les femmes assignées aux prétendus besoins masculins:
Christine Le Doaré : «En réalité, ce ne sont ni des putes, ni des prostituées, ni même des sex workers, mais bien des femmes. Des femmes
pénétrées passe après passe, jusqu’à la nausée, quand elles ne sont pas agressées, violées, tuées. Ces femmes sont de plus en plus jeunes et de plus en plus nombreuses, elles sont déplacées, entassées sur les lieux de prostitution, qui, comme une gangrène, prolifèrent partout sur la planète.»

Situation délicate

Cette traite des femmes est en fait le talon d’Achille du lobby pro-prostitution, qui a besoin du feu vert de l’État pour rendre ses bordels
mainstream et légaliser l’exploitation sexuelle d’autrui. Mais comme être pénétrée sur demande n’est presque jamais le choix des femmes qui en ont d’autres, les patrons doivent renouveler la classe prostituée (4) au Tiers-Monde et dans les pays catastrophés par la crise.
Ils le font aussi chez nous. Comme le démontre une récente recherche de l’Institut de recherches et d’études féministes, à l’UQAM, une traite
domestique drague continuellement les filles dans les centres de détention juvénile, les réserves autochtones, et les régions dévastées par le chômage (5).
Les trafiquants se retrouvent donc en opposition directe à l’État, devant contourner des contrôles d’immigration croissants et permuter adolescentes et jeunes femmes d’un bar de danseuses et d’une province à l’autre pour dérouter la police. Le lobby pro-prostitution cherche à se laver les mains de cette traite, habituellement effectuée sous contrainte, qui dément l’alibi classique d’un «libre choix» individuel des femmes.
Dans son étude, l’IREF souligne également le rôle de la mondialisation, du racisme et d’un capitalisme exacerbé dans cette contrainte à la
prostitution. Les auteures, Sandrine Ricci, Lyne Kurtzman et Marie-André Roy, recommandent un soutien concret et immédiat aux femmes victimes ou vulnérables. Elles exigent aussi leur dépénalisation immédiate, et de tenir réellement tête à leurs exploiteurs, contrairement à la «full décrim» dont rêvent les proxénètes et futures madams.

Amour et cocaïne

Elles ont transcrit les récits des femmes amenées à s’endetter par amour pour un pimp séducteur, qui va jusqu’à faire tatouer sa «propriété». Dette dont elles doivent ensuite s’acquitter durant des années, payant très cher la dope essentielle pour tenir le coup. D’ailleurs, pour le CAF, c’est l’addiction à la coke qui explique l’appui de certains cinéastes et autres pipoles à l’exploitation sexuelle commerciale. Mais on ne cite pas (encore) de noms…
À Montréal, la prostitution forcée fait l’objet d’une récupération «tendance». Un collectif branché, dont le masculiniste Maxime-Olivier Moutier, lançait le 21 mars un livre d’art très coûteux qui exploite sans vergogne les horreurs d’un ex-bordel de la rue Ontario. Ce qui a suscité chez l’ami Bruno Lalonde, de la librairie Le livre voyageur, un beau «coup de sang» où il lance, sur YouTube: «Je ne supporte plus l’esthétisation de la souffrance des autres» (5).
Il nage à contre-courant mais, heureusement, il n’est pas le seul.

Paulo L’Abolo

1. CAF, « Anatomie d’un lobby pro-prostitution: Étude de cas, le STRASS, en France », http://bit.ly/16fSC5M . Lire aussi: « La pertinence de la transparence », http://bit.ly/ZnC9NP

2. M.-V. Louis, Le proxénétisme a encore gagné - http://bit.ly/15oZ6Nl

3. C. Le Doaré, Limpidité d’un mouvement, opacité d’un lobby - http://bit.ly/15oZwmP

4. Concept créé par Rebecca Mott, survivante : http://sisyphe.org/spip.php?rubrique155

5. S. Ricci, L. Kurtzman et M.-A. Roy, La traite des femmes à des fins d’exploitation sexuelle : entre le déni et l’invisibilité, http://bit.ly/YFmdiD

6. Bruno Lalonde, Hôtel Jolicoeur, YouTube - http://bit.ly/13ard7D


Samedi 13 avril : Abolition citoyenne du système prostitueur
Ensemble, construisons une société sans prostitution

La Machine du Moulin Rouge
90 Boulevard de Clichy - Métro Blanche
De 13h30 à 18h

"Le collectif Abolition 2012 - 53 associations féministes - organise le 13 avril, de 13h30 à 18h, un événement à la Machine du Moulin Rouge à Paris pour construire ensemble une société sans prostitution et obtenir l'adoption d?une loi d?abolition du système prostitueur. De nombreuses personnalités de la société civile viendront exprimer pourquoi, comme nous, elles pensent que l'abolition, c'est la seule solution, pour mettre fin à cette violence qu'est la prostitution !"

Inscription obligatoire à l'adresse
http://www.emailmeform.com/builder/form/ff6Hg04w82bU8y72Q

Rejoignez l'événement sur : abolition13avril.wordpress.com
Twitter : @abolition2012
Facebook : http://www.facebook.com/abolition2012?ref=hl

Nous voulons l’Abolition du système prostitutionnel, pourquoi ?

Aggravation des conditions de vie avec une crise financière mondialisée.

Nous sommes aujourd’hui dans une situation où l’économie est réduite aux jeux de la Bourse, où le développement industriel s’éteint, où l’emploi est détruit méthodiquement laissant à la rue des milliers de gens. Partout en Europe le désespoir grandit.
Pour l’argent, pas de frontières, des lieux paradisiaques lui sont réservés.
Pour les peuples, la récession, l’instabilité, l’accroissement de la misère, avec son cortège d’injustices, une situation de survie et de non-vie.
Pour les femmes la destruction de ce qu’elles ont acquis de dure lutte, le retour à la place domestique qui leur fut assignée, aux rôles ancestraux de « mère ou de putain ».
Les guerres, l’exil, l’immigration forcée sont aussi des circonstances qui augmentent les situations de prostitution.

Face à cette crise, les situations et les formes de prostitution se sont multipliées, la mondialisation et la traite se sont amplifiées.

La pauvreté, la banalisation du sexe tarifé, le virilisme institué comme valeur chez les sportifs et leurs supporters, l’argent comme seul critère, amènent des femmes vers la prostitution.
L’influence des lobbies, l’avancée de la pornographie dans les mentalités, sous couvert d’esthétisme, promeuvent, valorisent et banalisent des images de femmes, objets de consommation masculine.
L’industrie du sexe trouve des candidates pour alimenter les films pornographiques, les sites internet ou autres lieux de commercialisation du corps des femmes au service des phantasmes masculins.

La prostitution institue l’oppression des femmes.

En payant, le client ne s’embarrasse pas d’une relation humaine, il fuit toute responsabilité.
Le système prostitutionnel est au service du plaisir d’hommes déshumanisés ; la personne prostituée est chosifiée, c’est ainsi que sont mises en place la servitude des femmes et la domination des hommes.
Penser résoudre les désirs sexuels des personnes handicapées par la mise en place d’aidants sexuels participe à l’injonction à une sexualité obligatoire et normée. C’est considérer que ces personnes ne sont pas dignes d’amour, ni capables de relations réciproques, hors circuit marchand ou médical.
C’est perpétuer un regard infériorisant sur elles. C’est ignorer et renoncer. Pour tout individu-e, une sexualité autre, hors du système marchand ou médical, une sexualité faite de corps, de désirs et d’amour est possible que l’on soit handicapé-e-s ou pas.
Le plus souvent, les femmes sont encore mineures lorsqu’elles sont prostituées et leur espérance de vie en est nettement diminuée.
Cette violence doit être dénoncée et traitée comme les autres violences.
Le désir des femmes est évacué, nié, piétiné, réduit à l’inexistence. Tout cela pour que dominent les pratiques patriarcales de la sexualité masculine. Là s’enracine le mépris des femmes, là on prend une part active à la dépersonnalisation des individu-e-s, oubliant qu’acheter du sexe est la forme la plus archaïque et occultée des violences : un crime.

Légiférer est nécessaire

Réduire la prostitution à un travail choisi rationnellement et librement dont les seules conséquences négatives seraient les infections sexuellement transmissibles, c’est occulter les énormes bénéfices mondialisés, le rôle des maffias et leur lobby.
L’argument de l’argent gagné est un leurre car cet argent là n’est pas libérateur. Il est plus facilement et vite dépensé qu’il n’a été gagné. Dans la majorité des cas, il donne l’illusion d’occulter les souffrances physiques et morales en orientant vers des pratiques et des dépendances aux drogues et à la surconsommation de marchandises.
Nous rejetons le système prostitutionnel mais nous respectons les personnes en situation de prostitution.
Rien ne changera sans l’interdiction d’acheter un acte sexuel.
Des efforts de sensibilisation envers tout acheteur potentiel de services sexuels et envers toute demande doivent être entrepris pour aboutir à une prise de conscience.
Seule une loi permettra, comme d’autres pays l’ont déjà fait, d’accélérer les changements de mentalité

Un autre rapport à la sexualité est possible

SOYONS NOMBREUSES ET NOMBREUX A PARIS
LE 13 AVRIL 2013
Pour exiger l’ABOLITION
du SYSTEME PROSTITUTIONNEL

Marche Mondiale des Femmes 31, information et contact : Mmdf31@gmail.com


Féministes pour l'égalité et contre la Gestation pour Autrui

PETITION EN LIGNE ICI

Parce que  la GPA est un symbole extrême de la marchandisation des corps des femmes.

Pétition adressée à :
gouvernement français
Nous sommes pour l'égalité des droits. Nous ne hurlons pas avec les loups contre le mariage même si pour nous le mariage est un symbole du patriarcat que nous féministes avons tant secoué qu il en deviendrait présentable. Nous sommes pour l 'adoption par les gays et les lesbiennes, la PMA pour toutes les femmes . Mais la GPA n' est pas la PMA au masculin.
La GPA est un symbole extrême de la marchandisation des corps, au féminin évidemment. La GPA est une version moderne de vente d’organes. La détresse de certains couples hétérosexuels stériles, la situation d’homosexuels masculins en recherche de filiation directe n’autorisent pas à organiser la location du corps des femmes de par le monde. Nous sommes contre l'exploitation des femmes les plus pauvres d'ici et des pays en voie de développement, par les classes les plus favorisées. On nous parle de compassion .Mais arrêtons de bafouer les droits des femmes au nom de la compassion ou de l’intérêt très privé d’un petit nombre de personnes dont leur bon plaisir passe avant tous les droits humains.Nous nous battons pour la libre disposition de notre corps pour nous mêmes, non pour d' autres.
La transcription des actes d’état civil étrangers sur le registre français d’enfants nés à l’étranger par GPA est la reconnaissance implicite par la France de la GPA au niveau international : « Pas de GPA chez nous, mais allez donc à l’étranger !! On fermera les yeux à votre retour», voilà le message. C 'est ainsi que, pas à pas, se banalisent toutes les marchandisations du corps des femmes, ouvrant la voie à la légalisation de la GPA en France. Nous ne pouvons pas l'accepter.

CADAC, Collectif national pour les Droits des Femmes, Coordination Lesbienne en France

Quelques articles sur la GPA pour savoir de quoi on parle


A propos des connards qui pleurnichent perchés sur une grue


Nantes, l’escalade des pères cache une proposition de loi.

Deux hommes séparés de leurs enfants par la justice ont défrayé la chronique en montant sur des grues à Nantes ces derniers jours et, pour l’un d’eux, en restant perché tout le week-end. Cette action coup-de-poing survient à quelques jours d'une manifestation nationale prévue mercredi par une association de pères pour « dénoncer les dérives du pouvoir judiciaire » en matière de justice familiale.

Pour les besoins d’un film documentaire (la Domination masculine), j’ai moi-même longuement enquêté sur ces associations d’hommes au Québec, où le mouvement « masculiniste » très organisé est l’inspirateur d’activistes européens. Afin de mieux les approcher, je me suis fait passer, pendant des mois, pour l’un d’entre eux. Ce qui se passe à Nantes est directement lié à ces mouvements, ainsi qu’à un récent projet de loi dont on a peu parlé.

Que sait-on des hommes qui ont escaladé les grues ? Le premier dit ne pas avoir revu son fils depuis deux ans et manifeste donc son « désespoir ». Mais on sait qu’il a été condamné à un an de prison en septembre 2012, dont quatre mois ferme, pour avoir enlevé son fils. Des violences avaient été exercées à cette occasion. L'enfant avait été retrouvé en Ardèche, trois mois et demi plus tard. Cet homme s'est donc vu retirer son autorité parentale, ce qui est prévisible.

Un second père a alors escaladé une autre grue pour en redescendre quelques heures plus tard et déclarer à la presse que « malheureusement, la justice n’est pas impartiale, il suffit de prendre tous les chiffres sur les résidences et domiciliations des enfants, 80% des domiciliations sont remises aux mamans ». Or cet homme est accusé par son ex-compagne de violences conjugales et de mauvais traitement sur ses enfants.

Ce lundi matin, on peut toujours voir le premier grimpeur avec sa grande banderole bien visible, trois téléphones portables à disposition pour répondre aux journalistes, faisant le V de la victoire aux caméras de télévision.

Cette situation rappelle étrangement des actions organisées par des groupes d’hommes anglais et québécois de « Fathers for justice », il y a quelques années. Si la ressemblance est frappante, elle n’a, en fait, rien d’étrange.

Lorsque j’ai infiltré ces mouvements à Montréal, j’ai pu entendre dans les moindres détails la stratégie que ces militants de la cause masculine désiraient mettre en place sur le plan international. Cette affaire des grues de Nantes en fait partie et n’est en rien un coup de folie d’un père isolé. C’est un long travail politique qui n’en est qu’à son début.

Mais tout d’abord, qu’est-ce que le masculinisme ? Il s’agit d’une mouvance également nommée « anti-féminisme », qui propose le rétablissement de valeurs patriarcales sans compromis: différenciation radicale des sexes et de la place de l’homme et de la femme à tous niveaux de la société, suprématie de l’homme sur la femme dans la famille, mais aussi la conduite de la cité, défense du couple hétérosexuel très durable comme seul modèle possible, éducation viriliste des garçons et donc refus de toute égalité des femmes et des hommes. Ils nient l’importance des phénomènes de la violence conjugale, de l’inceste et du viol, qui seraient des inventions des féministes, que certains d’entre eux nomment « fémi-nazis ».

Ils considèrent les avancées des luttes de femmes et des homosexuels en vue de l’égalité comme une destruction du modèle social sur laquelle il faut revenir. Le divorce étant beaucoup plus souvent demandé par les femmes, ils espèrent un durcissement des conditions de son obtention. Leur lutte est donc celle de la défense du pouvoir masculin ancestral à tous niveaux de la société.

C’est au nom de ces idées rétrogrades qu’un jeune homme a massacré quatorze étudiantes de l’école polytechnique de Montréal le 6 décembre 1989, estimant qu’elles prenaient la place des hommes. Le tueur est ensuite devenu le héros des masculinistes les plus « décomplexés ».

Les masculinistes ont donc partagé confidentiellement avec moi les différentes stratégies mises en place, notamment au Québec, pour faire valoir leurs idées. Mais analysant leur échec, ils m’ont aussi décrit les conseils qu’ils prodiguaient à leurs émules français, belges, suisses, espagnols… Leur stratégie consiste à fonder leur communication sur les pères à travers deux arguments.

Le premier revient à dénoncer, parfois de façon paranoïaque, la collusion entre magistrats, médias, politiques afin d’évincer les pères de la vie de leurs enfants. L’argument apporté par un des deux hommes de Nantes est, mot pour mot, une phrase ressassée par les Québécois depuis des années : « 80% des enfants sont confiés majoritairement aux mères par la justice ». Ils oublient de dire que dans 80% des cas, les pères souhaitent qu’il en soit ainsi. Un week-end sur deux et la moitié des vacances leur suffisent, et il n’y a donc aucun conflit sur ce point. Cela paraît normal dans une société où les femmes s’occupent encore à 80% des tâches parentales et domestiques. Les actions médiatiques entreprises habituellement par les masculinistes visent donc à attirer l’attention des médias sur des données chiffrées tendancieuses et que la presse vérifie rarement.

Le second argument est l’invention par un masculiniste défendant la pédophilie, Richard Gardner, du « Syndrome d’aliénation parentale » ou « SAP ». Outre l’aspect nauséabond de son inventeur, on ne peut que remarquer que de syndrome il n’y a guère, puisque aucune faculté de médecine ou de psychologie au monde, aucune institution n’a jamais reconnu ce concept comme valide.

Il s’agit de l’idée que lors d’un divorce, la femme (ou l’homme, mais les masculinistes s’en prennent évidemment aux femmes) aurait tendance à dénigrer l’image du père de ses enfants auprès de ceux-ci afin de les en écarter. Les pères seraient donc des centaines de milliers à être sortis de la vie de leurs enfants par la justice à cause de ce pseudo-syndrome.

Ce prétendu syndrome sert de paravent aux hommes accusés de violences conjugales ou d’agressions sexuelles sur leurs enfants. L’accusation des victimes devient une « allégation mensongère », preuve qu’elles veulent mettre en place un syndrome d’évincement des pères, pour lequel elles doivent être condamnées. Ce qui arrive de plus en plus souvent. Un blanc-seing pour homme violent ou violeur. Une arme de destruction massive pour son avocat.

Qu’il y ait des cas difficiles et malheureux ne peut être contesté. La séparation d’un couple avec enfant provoque souvent des déchirements. Mais imaginer qu’il y aurait une situation systémique d’évincement des pères par les mères dans la vie des enfants au point d’en observer un syndrome est une affabulation. Mais certains hommes, habitués à ce que l’on considère la violence conjugale comme une affaire privée et l’inceste comme un sujet à ne pas évoquer, ne décolèrent pas à l’idée qu’une femme puisse les dénoncer, voire porter plainte. Tout progrès en ce sens est vécu par eux comme une trahison.

J’ai moi-même suffisamment entendu ces hommes parler de la pédophilie pour témoigner du fait qu’elle est considérée par beaucoup de ceux-ci comme une pulsion masculine qu’il ne faut pas refréner. Un père incestueux incarcéré à la suite d'une condamnation à des années de prison est soutenu et considéré comme un héros de leur combat politique.

Les conseils donnés par les masculinistes à leurs amis européens sont donc suivis à la lettre cette semaine à Nantes. L’escalade des grues est une copie de celle des ponts de Montréal. Même V de la victoire. Même batterie de téléphones portables pour parler à la presse. Même manifestation pré-organisée dans la semaine pour attirer l’attention des médias. Et finalement, même volonté de changer les lois.

Car il s’agit bien de cela. Un projet de loi (n° 309) a été déposé 24 octobre 2012 pour rendre la résidence alternée obligatoire ce qui rendra plus difficile les demandes de séparation des femmes qui ont des enfants. Ce projet de loi propose six modifications du Code civil et du Code pénal et fait entrer dans la loi le Syndrome d'aliénation parentale.

Ils n’en sont pas à leur coup d’essai, puisque différentes propositions de lois ont été déposées, résultant d’un imposant lobbying des associations masculinistes en France.
- le 18 mars 2009, la proposition de loi 1531 pour instaurer la résidence alternée comme solution préférentielle: Proposition de loi no 1531
- le 3 juin 2009 la proposition de loi 1710 pour lutter contre toutes les manipulations d’enfants allant jusqu’au syndrome d’aliénation parentale (SAP) et les discrédits d’un parent par l’autre parent: Proposition de loi n° 1710
- le 18 octobre 2011, avec la proposition de loi 3834 (amélioration des deux précédentes): Proposition de loi n° 3834
- et donc, le 24 octobre 2012, la proposition de loi 309 pour rendre la résidence alternée obligatoire et la forcer au besoin au moyen du SAP: Proposition de loi n° 309

Il est peut-être important de rappeler que, dans nos pays, lors d’une séparation, les enfants n’ont été confiés aux mères que depuis un siècle. En effet, jusqu’au début du XXe siècle, le père avait tous les droits sur ses enfants et les confiait bien souvent à une de ses proches. En France, jusqu’à la loi de 1970, il n’était question que des pères. Cette loi instaura la notion d’autorité parentale conjointe et partagée. Les « parents », égaux en droits avant séparation, vont l'être aussi après le divorce et remplacer les « père » et « mère ».

Mais, si 80% des couples séparés décident à l’amiable de la garde des enfants, souvent pris en charge la majorité du temps par les mères, on a enfin révélé qu’une femme sur cinq subit de la violence conjugale (Amnesty International), et qu’un enfant sur cinq est abusé sexuellement, majoritairement par des proches (Conseil de l’Europe).

Ainsi, les masculinistes niant ces violences et réclamant un retour vers une situation où l’homme était le pater familias développent une théorie que de nombreux députés et sénateurs (de droite surtout) ne renient pas en déposant ces propositions de lois.

Les échecs précédents n’empêcheront pas des élus d'en déposer de nouvelles lors de la prochaine discussion à l’Assemblée nationale sur la famille. On peut parier sans risque que les grimpeurs de Nantes et leurs amis feront à nouveau parler d’eux dans les mois à venir.

Patric Jean, voir son BLOG


Reportage à propos des liens étroits entre les armées et la prostitution





Services sexuels pour les handicapés : la pitié dangereuse

par Catherine Albertini, chercheure et membre de Choisir la cause des femmes
    « Etant donné les films pornos que visionnent les personnes handicapées dans les établissements, le sexe qui s’étale partout, comment leur refuser ce qui est promis à tous ? » Marcel Nuss cité par Claudine Legardinier, Prostitution & Société, décembre 2008.

En France la question d’un accompagnement sexuel pour les personnes handicapées est posée depuis qu’un député UMP, Jean-François Chossy, prépare une proposition de loi visant à créer un statut « d’aidant-e sexuel-le » à leur bénéfice. Si l’association de femmes handicapées « Femmes pour le dire, femmes pour agir » y est fermement opposée, Marcel Nuss fondateur de « Handicap et autonomie » est le lobbyiste acharné du droit des handicapés aux services sexuels. Droit que la société devrait prendre en charge en relevant le montant des allocations dont ils sont bénéficiaires. Il serait pour le moins étrange que cette revendication financière aboutisse, à l’heure, où, pour des raisons de restrictions budgétaires, tous les enfants handicapés ne peuvent être scolarisés en milieu ouvert - condition de leur intégration sociale et de leur autonomie future - faute de postes suffisants d’auxiliaires de vie scolaire.

Mais que l’on ne s’y trompe pas, cette revendication de droit aux services sexuels n’est rien moins que la revendication d’égalité sexuelle entre hommes, handicapés comme valides, les handicapés voulant accéder aux mêmes droits sexuels que les hommes valides ce qui comprend entre autre le droit d’accéder au sexe des femmes dans la prostitution. Il s’agit davantage de revendiquer un droit « naturel » sur le corps des femmes que de revendiquer un droit au plaisir puisque celui-ci ne saurait jamais être garanti. Quand un homme se pose en victime il réclame des droits sur les femmes. Ce qui est en jeu ici, c’est donc la reconnaissance de la prostitution comme service social au bénéfice exclusif des hommes puisque la demande est spécifiquement masculine (une seule demande féminine a été enregistrée en 10 ans !). (1)

Le désir – intransitif - construit comme besoin se mue en droit, rétrécissant la sexualité en génitalité et, par l’alchimie de la transsubstantiation, la prostitution devient un mode privilégié d’accès à la sexualité du masculin métamorphosant le proxénétisme en principe organisateur de la compassion sociale chargé d’acheminer les denrées féminines disponibles à leurs utilisateurs-clients. La société compassionnelle du « tout marché capitaliste (…) tend ainsi aveuglément à réduire les êtres humains à du bétail qu’on mène de la crèche à la pâture, de la pâture à la saillie et de la saillie à l’abattoir. » (2)

Le système prostitutionnel qui crée pour une part les besoins, désirs mimétiques, fantasmes formatés par la pornographie, et leur satisfaction en mettant des femmes réelles à la disposition de clients qu’il a contribué à conditionner à la consommation, n’osait rêver d’une telle reconnaissance de son utilité sociale. Jusque là, le système se contentait de mettre en avant le droit des femmes prostituées à disposer librement de leur corps, renversant la situation effective de ces femmes dont le corps est mis à la libre disposition de clients solvables. Cette légitimation compassionnelle du système prostitutionnel rendrait de facto impossible toute forme de lutte contre les industries du sexe dont les femmes et les adolescentes sont les principales victimes à cause d’un accident chromosomique. Le principe de non discrimination serait aussitôt mis en avant par les valides car tout le monde peut, dans le domaine de la sexualité, se proclamer peu ou prou handicapé, trop timide, trop petit, trop laid, trop complexé etc...

Marcel Nuss ne se pose pas la question de l’égalité entre les sexes dans la sexualité, il invoque la souffrance de l’homme dont les « besoins ne sont pas entendus », il prend comme argument que « ça se fait ailleurs ». Effectivement, ces services sont prodigués dans les pays où la prostitution est regardée comme un droit de l’homme pour les hommes : les Pays-Bas, l’Allemagne ou la Suisse. Dans un entretien au quotidien Libération, toujours à l’avant-garde en ce qui concerne la défense des droits des minorités et à la traîne pour ce qui est de l’égalité sexuelle réelle entre les deux sexes, il compare « les blocages actuels à ce qui s’est passé en 1975 au moment où a été voté la loi qui a légalisé l’avortement sous certaines conditions. » (3)

Dans cette logique la légalisation de l’avortement - c’est à dire le droit des femmes à refuser une grossesse non désirée - équivaudrait au droit des hommes à la prostitution. Cet argument, déjà utilisé lors du débat sur la gestation pour autrui, ressemble à s’y méprendre à un retour de balancier en faveur du droit ancestral des hommes à disposer librement du corps des femmes à des fins sexuelles et/ou reproductives. Les féministes qui luttaient dans les années 70 pour l’accès à la contraception et le droit à l’avortement ne demandaient qu’une chose : le droit de pouvoir, comme les hommes, investir leur propre existence, d’être à elles-mêmes leur propre projet plutôt que de servir ceux d’un tiers – un fœtus non désiré par exemple - avec tout ce que cela implique matériellement et temporellement comme de vivre une grossesse, un accouchement, prodiguer des soins, avoir à assumer la responsabilité d’une éducation. Or ce droit, on l’oublie systématiquement, tous les hommes qu’ils soient valides ou handicapés, l’ont en naissant.

Dans une société qui prône les valeurs de liberté d’égalité et de fraternité entre tous les citoyens hommes et femmes, la sexualité ne s’achète pas, tout simplement. Le handicap n’est pas en soi une impossibilité absolue à entrer dans une relation de partage et de réciprocité. Paul Feyerabend, un des principaux philosophes des sciences du XX siècle, rendu handicapé à vie et impuissant à 19 ans lors de la seconde guerre mondiale, marié à plusieurs reprises au cours de sa vie apporte, dans son autobiographie, ce témoignage : « Quand je me retrouvais au lit (…) je devenais très attentif à tous les gestes que j’observais, à tous les sons que j’entendais et essayais de donner satisfaction avec des moyens différents de la procédure standard (en supposant qu’il existe une procédure standard). Il semble que j’y réussissais, en tout cas à certaines occasions. (…) Alors que j’aimais les étapes initiales d’une rencontre et que j’étais plus qu’heureux de suivre les indices et les instructions explicites qui m’étaient donnés, je n’ai jamais eu d’orgasme moi-même. » (4)

Notes

1. Claudine Legardinier, « Handicap : accompagnement sexuel ou prostitution ? », Prostitution & Société, décembre 2008.
2. Alain Accardo, De notre servitude involontaire, « contre-feux », Agone 2001.
3. Marcel Nuss, Handicap et sexualité : que ceux qui en ont envie puisse en bénéficier, Libération, 25 février 2011
4. Paul Feyerabend, Tuer le temps, Seuil 1996


Communique de presse : La vie sexuelle et affective des personnes handicapées doit se faire dans la dignité


Les personnes handicapées veulent exercer leur liberté de choix de partenaire et pouvoir développer leurs propres relations amoureuses. La CLEF, Coordination française pour le lobby européen des femmes, s’engage pour un environnement les favorisant et respectueux de leur dignité. Le handicap ne déshumanise pas. Les personnes handicapées sont des personnes avec un corps, un cerveau, un sexe, des sentiments, des désirs, une pensée…

Jouer sur la commisération pour exprimer la détresse affective et sexuelle des personnes handicapées et y répondre par la marchandisation des corps en proposant des aidant(e)s sexuel(le)s est une fausse solution, réductrice et de facilité. Une fausse solution qui résulterait en une plus grande exclusion et invisibilité par la création d’un service spécifique pour « ces pauvres handicapés», ainsi marginalisés.

L’« achat de services sexuels » s’inscrit, selon la CLEF, dans la continuité de la prostitution, source de contraintes et de violences, domination du corps de l’autre par l’argent. Qu’est-ce qui justifierait que des femmes (la demande est essentiellement masculine) mettent encore une fois leur corps à la disposition des hommes, avec toutes les dérives potentielles que l’on connait. Après plusieurs années, cette pratique est d’ailleurs questionnée en Suisse et aux Pays Bas.

Faire venir au sein d’un service hospitalier, d'un centre ou d’une institution pour personnes handicapées, une ou un assistant-e- sexuel-le au même titre que le/la médecin, l’infirmier(ère), le/la kinésithérapeute ou l’aide-soignant(e) et rémunérer ses « services » serait passible de la loi contre le proxénétisme. De même que recourir à des personnes prostituées. Un « ajustement » de cette loi ne saurait être justifié alors que la France est engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes et le trafic des êtres humains.

Une solution serait plutôt que, dans les institutions, les rencontres entre deux personnes, les relations consenties entre pensionnaires soient autorisées et que des chambres soient mises à disposition des couples.

Changeons le regard de la société et ouvrons l’environnement afin de multiplier les opportunités de rencontres. Ainsi les personnes handicapées pourront gérer leur vie affective et sexuelle dans le respect de leur dignité et de celle de l’autre.

Source : CLEF


8 Mars Toujours dans la rue pour exiger l’égalité !

L’ÉGALITÉ, inscrite dans la Constitution de 1946 tarde à se concrétiser : l’égalité salariale, l’égalité professionnelle et l’égalité politique ,entre autres, ont donné lieu à plusieurs lois qui ne sont toujours pas appliquées.

Partout en Europe, les femmes sont les premières victimes des mesures d’austérité. Elles sont très majoritairement concernées par le temps partiel et les bas salaires, et ont toujours un taux de chômage supérieur à celui des hommes. Les coupes massives dans les budgets publics, la casse des services publics d’éducation, de santé, sociaux, de transport, les baisses de prestations sociales et le manque de crèches et de maisons de retraite les pénalisent en priorité.

Résultat : tout cela les oblige à consacrer plus de temps à la prise en charge des enfants et de leurs proches dépendants, au détriment de leur vie professionnelle.

Nous voulons l’égalité salariale maintenant et un véritable service public de la petite enfance et des personnes âgées dépendantes. Nous refusons des demi-mesures type « 10 % d’enfants pauvres dans les crèches » comme le préconise le gouvernement.

De nombreuses femmes, souvent sans papiers, sont cantonnées dans des services à la personne, sous payées, et contribuent à pallier l’absence de service public. Nous demandons leur régularisation. Nous demandons aussi la revalorisation des salaires des métiers féminisés.

Nous refusons l’Accord National Interprofessionnel qui aggrave la précarité du travail et dont les prétendues avancées en matière de temps partiel sont assorties de multiples dérogations et contournements possibles.

Le droit à l’avortement, obtenu de haute lutte en 1975, est entravé par la fermeture de près de 200 CIVG consécutive à la loi Bachelot (Hôpital Patients Santé et Territoires) qui a pour objectif le démantèlement de l’hôpital public. Nous demandons son abrogation, la suppression de la tarification à l’activité et une réelle revalorisation tarifaire de l’IVG à la hauteur d’une fausse couche spontanée.

Pour la pilule, surtout pas de panique ! Nous demandons que les femmes aient une information réelle et exhaustive sur l’ensemble des moyens de contraception qui leur permette un vrai choix.

La législation sur les violences faites aux femmes n’a pas cessé d’évoluer ces dernières années. C’est le résultat du rapport de forces imposé par les féministes. Mais cette législation est toujours incomplète. Nous demandons une loi cadre contre les violences faites aux femmes et l’application de toutes les lois existantes. Cette loi cadre implique, entre autres, une véritable éducation non sexiste et non lesbophobe et le droit d’asile pour les femmes persécutées pour fait de sexisme et de lesbophobie.

De la prostitution à la gestation pour autrui (GPA) nous sommes résolument contre la marchandisation du corps des femmes.

La prostitution est une violence. Nous voulons que le gouvernement prenne ses responsabilités pour mettre en œuvre une véritable politique abolitionniste incluant les moyens pour une vraie réinsertion des personnes prostituées, l’abrogation du délit de racolage, et une politique de responsabilisation et de pénalisation des clients.

Nous refusons toute reconnaissance implicite ou explicite de la GPA, dont celle pratiquée en dehors de notre territoire, concrétisation de l’exploitation des femmes les plus pauvres par les classes les plus favorisées.

C’est pourquoi nous condamnons la circulaire Taubira entérinant auprès des tribunaux le fait qu’un enfant né de la GPA bénéficie de la nationalité française.

Nous revendiquons la Procréation Médicalement Assistée pour toutes les femmes. La PMA n’a rien à voir avec la GPA, n’exploite le corps de personne et est déjà autorisée en France pour les couples hétérosexuels.

Le Premier Ministre a installé en janvier un « Haut Conseil à l’égalité des droits entre les femmes et les hommes ». On y trouve des personnalités telles Mme Bachelot, auteure de la loi HPST, ou Mr Taddéi, présentateur télé qui a invité à son émission un proxénète notoire. Dans le même temps, des associations féministes de poids en sont écartées pour des motifs politiques. Nous demandons que le mouvement féministe soit représenté dans sa diversité.

Devant l’énorme problème que représente le logement, nous exigeons l’application de la loi Dalo (Droit au logement opposable) et l’hébergement inconditionnel de toutes les femmes, avec ou sans papiers.

Partout dans le monde, les femmes luttent pour la paix, la liberté, l’égalité et la fin des violences sexuelles. Elles s’organisent, résistent, revendiquent, créent des liens et des structures de solidarité.

Nous pensons particulièrement en ce 8 mars à Nirbhaya, violée et assassinée en Inde ; à Pinar Selek injustement condamnée à la prison à perpétuité après avoir été acquittée par 3 fois. Nous demandons que soi-en-t identifié-s au plus vite et jugé-s le ou les assassins de Sakine, Leyla et Fidan, assassinées à Paris, militantes de la reconnaissance du peuple kurde.

Nous soutenons la lutte des femmes tunisiennes pour conserver leurs droits, celle des femmes rwandaises, indiennes, égyptiennes et africaines du sud contre les viols et agressions sexuelles subis au quotidien ; des femmes maliennes, congolaises, syriennes, maltraitées et violées dans les zones de conflits.

Nous soutenons, également, la revendication du COCAFEM - Coordination régionale des grands lacs africains (Rwanda, Burundi et République démocratique du Congo) pour que les femmes soient reconnues comme actrices et négociatrices de la paix et qu’elles participent à tous les processus de prévention, gestion et résolution pacifique des conflits ainsi qu’à la reconstruction de leurs pays respectifs.

Nous exigeons que soit mis fin à l’impunité de tous les criminels de guerre, de tous les auteurs de crimes de génocide ou de crimes contre l’humanité et que tous les auteurs de viols soient punis.


Premiers signataires : Collectif national pour les Droits des Femmes, Cadac,ANEF, APEL-Égalité, Association des femmes kurdes Zine, Association "Droit des femmes" XXe, CATW Europe, Coalition Internationale Impunity Zero , Collectif féministe contre le Viol, Collectif Fiér-e-s et révolutionnaires, Collectif contre les viols au Rwanda, Collectif Libertaire Anti-Sexiste,Collectif de Pratiques et de Réflexions Féministes « Ruptures », Comité Indépendant Contre la Répression des Citoyens Iraniens,Coordination française pour le Lobby Européen des femmes, Coordination Lesbienne en France, L’Égalité c’est pas sorcier, FASTI, Féminisme enjeux, Femmes migrantes debout, FAE - INITIATIVE FEMINISTA EUROPEENNE - FRANCE, Fédération de Paris de la Ligue des droits de l’Homme, Femmes Libres (Radio Libertaire), Femmes Solidaires, Front de Gauche, Gauche unitaire, Les efFRONTé-e-s, Ligue des femmes iraniennes pour la démocratie, Libres MarianneS, Marche Mondiale des Femmes, Maison des Femmes de Montreuil, Mouvement Jeunes Communistes de France, Organisation Femmes Egalité, Osez le Féminisme, Parti Communiste Français, Parti de Gauche, Planning Familial 75,RAJFIRE, Réseau Féministes « Ruptures », SOS Sexisme, UniEs-vers-Elles, Union des Étudiants Communistes

Déclaration de la Marche Mondiale des Femmes

Journée internationale des femmes 2013

Nous, femmes du monde, nous transformons nos chagrins en force.

Nous, femmes de tous les peuples, âges, classes et sexualités, résistons à la criminalisation croissante qui pèse sur nous, sur nos mobilisations et nos propositions. Les rues et les espaces publics sont à nous ! Nous sommes organisées en mouvements sociaux, malgré les pressions auxquelles nous devons faire face dans l’espace public. Nous persistons dans notre lutte pour des lois progressistes qui renforcent nos droits formels, malgré la répression et la violence des gouvernements et des institutions religieuses. Nous sommes toutes des femmes en résistance célébrant nos victoires ! Nous sommes toutes des femmes des Philippines célébrant le passage de la loi sur la santé reproductive !

Une fois de plus, nous prenons les devants et la rue dans la lutte contre toutes les formes de violence et dans nos sociétés et disons « Stop » !. Nous dénonçons la violence comme élément structurel du système capitaliste, néocolonialiste et patriarcal comme outil pour contrôler nos vies, nos corps et nos sexualités. Nous sommes toutes des femmes de l'Inde et du Bangladesh luttant contre le viol, les violences sexuelles et l’impunité des agresseurs ! Nous sommes toutes des femmes mayas brisant le silence dans les cours en exigeant la justice ! Nous sommes toutes des femmes du Mozambique dans la réussite de la lutte pour une loi contre la violence domestique !

Nous, femmes autochtones, nous ripostons. Nous nous mobilisons en masse, à l’échelle locale et internationale. Nous demandons que nos gouvernements respectent nos droits et ceux de nos peuples et territoires, et nous utilisons, avec créativité, les outils de lutte à notre disposition. Nous sommes toutes des femmes B’laan des Philippines et des femmes mayas, xincas et mestices du Guatemala, protégeant nos territoires, notre terre et notre corps de l’exploitation des industries minières et hydroélectriques ! Nous sommes toutes des manifestantes de Idle No More et des femmes des premières nations du Canada contestant les discriminations et les injustices historiques que les peuples autochtones subissent !

Nous, jeunes femmes et filles, nous résistons aux attaques patriarcales ; au sein de nos familles où la notion de ce qui est «acceptable» ou «approprié» est utilisé afin de restreindre notre mobilité ; au sein de la société où l’accès à l’éducation, aux services de santé reproductive et de santé publique est limité ou nié… Nous continuons à défier ces restrictions, nous nous organisons, débattons, nous mobilisons, renforçons nos luttes et donnons vie à nos résistances. Nous sommes toutes des filles du Pakistan qui continuent d'aller à l'école malgré les menaces physiques ! Nous sommes toutes des étudiantes du Chili criant "Non" à la privatisation de l'éducatio, et demandant une éducation gratuite et de qualité !

Nous, féministes, nous sommes toujours en lutte pour l'autonomie de nos corps, notre sexualité et notre fertilité. Nous exigeons la légalisation de l'avortement dans les pays où nous sommes criminalisées pour avoir exercé notre droit de ne pas être mère. Nous résistons aux attaques contre nos droits reproductifs et notre accès à l'avortement obtenus après des décennies de luttes. Nous sommes toutes les milliers de femmes de Turquie qui se lèvent contre les accusations d'assassinat proclamées par notre gouvernement ! Nous sommes toutes des jeunes femmes européennes luttant contre les attaques contre le droit à l’avortement à travers le continent ! Nous sommes toutes des femmes d'Uruguay commémorant la légalisation de l'avortement, tout en restant alertées contre de potentielles restrictions et contrôle des femmes qui choisissent d'exercer ce droit !

Nous, militantes dans nos syndicats et partis politiques, défions le sexisme qui perdure et la misogynie manifestée par nos frères en luttes, tout en continuant à pousser sans cesse pour l'inclusion de notre féminisme anti-capitaliste et anticolonialiste dans les débats, les déclarations et les luttes. Nous continuons à nous renforcer collectivement, à consolider nos alliances et nos demandes féministes. Nous sommes toutes des femmes présentes dans les espaces de convergence des mouvements sociaux – par exemple, à Florence 10+10, Italie, et bientôt au Forum Social Mondial à Tunis en mars et à l’Alter-sommet en juin – affirmant nos analyses et demandes féministes !

Nous, toutes les femmes, devenons de plus en plus rebelles face aux offensives conservatrices et intégristes et à la militarisation de nos communautés. Nous sommes toutes des femmes et jeunes filles du Mali, défiant l'oppression Islamiste en conduisant nos motos, en sortant de nos maisons pour continuer nos vies quotidiennes dans les espaces publics et luttant contre le viol, les violences sexuelles et l’impunité des agresseurs ! Nous sommes toutes des femmes européennes, défiant nos gouvernements en luttant contre les mesures d'austérité ! Nous sommes toutes les femmes d’Égypte, défiant les menaces graves de violence sexuelle en retournant chaque jour pour protester sur la Place Tahrir ! Nous sommes toutes les femmes de Tunisie, luttant pour la réalisation des revendications de la révolution – le travail, la liberté, la dignité et la citoyenneté – et contre les tentatives de mise en place des mécanismes de discrimination des femmes dès la petite enface (non-mixité dans le préscolaire, port du voile dans les jardins d’enfants, incitation au mariage précoce).

Nous, femmes de la Marche Mondiale des Femmes, marchons ce 8 mars 2013, comme des milliers l’ont fait pendant les 24 Heures d’action féministe à travers le monde le 10 décembre 2012. Dans une vague d’action à travers les continents, nous transformons nos chagrins en force !


Coordination Française Marche Mondiale des Femmes
Mariage pour tous et toutes... ou pas...
MANIFESTATION NATIONALE 27 janvier - 14h – Denfert-Rochereau - Paris

La droite ne s’y trompe pas : accepter le mariage pour les couples homosexuels, c’est accepter que l’hétérosexualité n’est plus la seule référence, c’est faire rentrer l’homosexualité dans la « normalité sociale », c’est faire une brèche dans la solide et millénaire institution patriarcale qu’est le mariage.
Pour nous, féministes de la MMF, il s’agit avant tout d’égalité des droits et des libertés. Le droit de me marier ou pas, en fonction de mes choix, de mes besoins affectifs, de mes valeurs, de ma situation, etc. Le droit d’avoir des enfants ou pas, en fonction de moi-même et du couple que je forme, si c’est le cas. Il s’agit donc du droit et de la liberté de choisir ma vie, sans discriminations, quel que soit mon mode de vie, hétéro ou homo. Scinder la loi en deux parties, d’une part le mariage et d’autre part la parentalité, c’est donner encore plus d’espace médiatique à l’extrême droite et à l’intégrisme catholique qui saisissent cette opportunité pour valoriser leur étendard d’idées réactionnaires.
Les questions économiques sont essentielles et les choix de vie de chacun-ne ne doivent pas permettre des discriminations telles que celles vécues par les couples homosexuels. Le non droit à la Sécurité sociale du conjoint, les héritages, les permis de séjour, etc.
Même si, pour beaucoup d’entre nous, le mariage est une institution qui ne correspond pas à nos valeurs et que nous avons souvent reconnu comme un des hauts lieux de l’oppression des femmes, nous considérons que les libertés sont essentielles et que cela ne peut se négocier. Mais, si nous sommes entièrement investies dans la défense des droits et des libertés, nous sommes également très impliquées dans la lutte contre l’utilisation du corps des femmes à des fins commerciales. Ce positionnement très ferme nous amène à refuser la Gestation pour autrui – GPA - autrement dit la location du ventre des femmes en contrepartie financière.

Nous revendiquons :

• Le droit pour toutes et tous de se marier ou non ;
• L’accès à l'adoption pour les couples - mariés ou non - de même sexe ;
• La prise en compte des diverses réalités homoparentales ; la reconnaissance de la filiation
qui en découle ;
• L’accès à la Procréation Médicalement Assistée pour toutes, mariées ou non, y compris les
couples de lesbiennes ;
• Une véritable politique contre l'homophobie ; éducation sexuelle à toutes les formes de
sexualité ; l'inclusion des-dites phobies dans les délits de harcèlement moral ;
• Des centres d’accueil pour les personnes en rupture familiale, y compris les LGBT.

Au dela du mariage

Sous la notion de mariage (et plus généralement d’union, qu’elle soit légalisée ou libre), se tapissent les fondements mêmes de la société étatiste et capitaliste actuelle : la domination et la propriété privée.
L’institution du mariage se définit ainsi traditionnellement et jusqu’à aujourd’hui en termes de transmission d’un capital (financier et génétique), de devoirs juridiques contraignants, de domination de la norme hétérosexuelle, de statuts réciproques de “l’homme”, de “la femme”, et de “l’enfant”. Statuts non naturels mais culturels, organisant la domination masculine et adulte d’une part, et fondant d’autre part le fait inacceptable que les un-e-s (enfants, femmes) appartiendraient exclusivement à d’autres qui en seraient les propriétaires (l’homme adulte). La notion de famille implique ainsi la relégation des individus à un âge, notion éminemment culturelle, à un genre, notion elle aussi culturelle fondée sur l’aspect tout à fait bénin du sexe biologique, mais surdéterminant les rapports sociaux.
L’institution du mariage est l’une des plus anciennes institutions, consistant à limiter les possibles, à établir un contrôle social sur nos identités, nos désirs et nos sentiments, et à nous le faire intégrer dans notre intimité même, dans notre façon de concevoir et de juger le monde et les autres. Le mariage, ce dispositif central du patriarcat, est au coeur des rapports de hiérarchie (domination de “la femme”, domination de “l’enfant”) et de privation (organisation de la propriété privée, des biens… comme des personnes !).
La revendication au “mariage pour tou-te-s” doit éviter l’écueil de légitimer ce que suppose cette institution : la domination sociale et la propriété privée… sous peine d’aboutir à un renforcement du dispositif bourgeois. L’abolition du mariage comme institution est une vieille proposition anarchiste, que nous partageons.
Mais comment aller vers cette abolition et vers le respect intégral des individus et leur libre association, dans une société où toute autonomie est détruite par le capital et l’Etat ? Où pour vivre leur amour, les individus atomisés, en manque de repères sociaux, éprouvent parfois le besoin de se jeter sur le mariage comme on se jetterait sur la planche d’un navire en naufrage ?
Peut-être en affirmant que, dans cette revendication d’un mariage pour tou-te-s, nous ne revendiquons pas l’institution du mariage ; mais que nous voulons au contraire en finir avec lui, le dynamiter dans ce qui le fonde, le vider à terme de toute son essence mortifère et sclérosante, pour le ranger un jour au placard des mauvais souvenirs.
Le débat actuel sur le mariage homo, la filiation, l’adoption et la procréation médicalement assistée peut être une chance de remettre en question la distinction et la hiérarchie moisies entre “homme” et “femme”, entre “hétérosexualité” et “homosexualité”, “fidélité” et “infidélité”, ”adultes” et “enfants” (quelle affreuse prétention des individus “adultes” à vouloir disposer des individus “enfants”, que ceux-ci soient issus de leurs gènes ou non, comme s’ils étaient les “leurs”, leur propriété !). Toutes elles-mêmes des catégories factices et frustratrices, réduisant la richesse de la réalité vécue dans les rapports et les liens humains, qui se nouent et se dénouent.
Dans cette lutte encore longue et difficile pour éradiquer le mariage et la famille comme racines de la domination sociale et de la propriété privée, exclusive et excluante, nous ne sommes évidemment pas du côté des fachos ni des intégristes catholiques, musulmans et juifs, aux “arguments” puants, dissimulant leurs prétentions malsaines à maintenir des gens dans la relégation, derrière le fard d’un débat “citoyen”.
Nous sommes du côté des individus que l’institution marginalise et réprime et que des sombres merdes agressent. Nous sommes solidaires avec leurs luttes, parce qu’à travers la conception traditionnelle du mariage, ces personnes sont réprimées et agressées par le même patriarcat, la même coercition légale et la même propriété privée qui nous oppriment aussi. Des personnes qui aiment des individus du même sexe biologique sont empêchées de pouvoir accéder à des pensions de réversion, d’adopter des enfants, de concevoir des enfants. Des enfants sont dans l’angoisse de se retrouver séparés des adultes qu’ils aiment et avec lesquels ils vivent. C’est inacceptable.
Oui au mariage pour tou-te-s… pour qu’un jour enfin il n’y ait plus de mariage pour enchaîner quiconque.
Jeanine, Pavillon Noir, 13 janvier 2013
Source : FA Montreuil
Ce soir, plus jamais ! - Sophie Péchau - Présidente de l'AVFT

Les extraits sont tirés du livre « Putain » de Nelly Arcan, édition Points/2001. Nelly Arcan est née en 1975 au Québec. Elle a vécu à Montréal où elle a été prostituée pendant plusieurs années dans une «agence» comme celle de Dominique Alderweirel . Son livre relate les violences sexuelles incestueuses qu’elle a subies enfant ainsi que de son «expérienc » en tant que prostituée. Elle s’est
suicidée en septembre 2009 à 36 ans.
(…) Et quelque fois, je dois le faire une deuxième fois, de préférence une sodomie, alors on me caresse pour me préparer, du bout des doigts ou avec la langue, et je ne peux que céder car ni la perspective de la douleur ni celle du dégoût ne saurait renverser chez eux la certitude du plaisir que j’y trouve, et je dis non et ils disent j’y vais doucement, tu verras, ça fait du bien, mais oui c’est vrai, ça fait du bien, ça fait mal doucement, et que vaut cette douleur à coté de leur joie, qu’est ce qu’avoir mal lorsqu’on est moi, qu’est ce que vouloir, penser ou décider lorsqu’on est pendue à tous les coups, à toutes les queues, les pieds dans le vide, le corps emporté par cette force qui me fais
vivre et qui me tue à la fois (…) - « Putain », Nelly Arcan[1]
« Filles de joie » : On y croirait presque ce 11 décembre, à regarder « Ce soir ou jamais », cette émission toute rose comme un bonbon. L’animateur Frédéric Taddéï a invité le proxénète Dominique Alderweireld (qu’il appelle « Dodo la saumure »), à une petite causerie intime en face à face, entre amis. Avant, on a pu entendre - entre autres - Jacques Attali vanter le « bonheur de penser », Corine Maier faire la publicité de son dernier livre, « le manuel du parfait arriviste », et Mathieu Laine présenter le « Dictionnaire du libéralisme ». Cerveaux lavés, essorés, oxymorés, préparés, n’en jetez plus, place à une autre entreprise de propagande : la réhabilitation du proxénétisme et de l’esclavagisme sexuel des femmes par les hommes. La valorisation du viol organisé. La préparation du retour sur la scène politique de Dominique Strauss Khan un jour prochain, soyons-en sûres.
« Filles de joies », « Maison du plaisir »… alors s’ils le disent… : Et si c’était ça la liberté de penser ? Et si le proxénétisme c’était juste une activité économique libérale, comme une autre ? Ce Dominique Alderweireld, il a l’air gentil. Et puis c’est Frédéric Taddéï qui le dit en le présentant : « Vous n’avez pas été inquiété dans cette affaire[2], vous n’êtes pas inculpé ». On dirait un papi, un peu gras et chauve. Il ne fait pas peur « Dodo », on voit même des cadrages de caméra montrant ses grosses mains pataudes et la sueur sur son front.
Mais de quoi parlent-ils tous les deux, assis à ce bar avec leurs coupes de champagne ?
« Oui la vie m’a traversé, je n’ai pas rêvé, ces hommes, des milliers, dans ma bouche, je n’ai rien inventé de leur sperme sur moi, sur ma figure, dans mes yeux, j’ai tout vu et ça continue encore, tous les jours ou presque, des bouts d’homme, leur queue seulement, des bouts de queue qui s’émeuvent pour je ne sais quoi car ce n’est pas de moi qu’ils bandent, ça n’a jamais été de moi, c’est de ma putasserie, du fait que je suis là pour les sucer, les sucer encore, ces queues qui s’enfilent les unes aux autres comme si j’allais les vider sans retour (…) tandis qu’ils s’affolent dans les draps en faisant apparaître ça et là un visage grimaçant, des mamelons durcis, une fente trempée et agitée de spasmes, tandis qu’ils tentent de croire que ces bouts de femme leur sont destinés et qu’ils sont les seuls à savoir les faire parler, les seuls à pouvoir les faire plier sous le désir qu’ils ont de les voir plier ». P.19
« On a l’impression que c’est un métier comme les autres, de commerçants, c’est comme si vous teniez un salon de coiffure » F.Taddéï.
Et oui, un « salon de coiffure ». Et si Frédéric Taddéï peut comparer le fait de tirer des bénéfices de la location d’un sexe au profit d’un tiers, à un salon de coiffure, c’est qu’il n’a jamais mis les pieds dans un salon de coiffure ou… qu’il ment effrontément. Forcément.
Mais ce soir, le négatif est le positif. Le blanc c’est le noir, la guerre c’est la paix. Ce qu’il s’est passé ce mardi soir est d’une gravité sans nom. Plus qu’un mensonge ou une litanie de stéréotypes dont les médias nous habituent, ce moment télévisuel était un simulacre de discussion, une théorie, organisée et construite exclusivement autour de la promotion, de la banalisation du viol et de la domination masculine. On a assisté à une véritable inversion des repères, un brouillage méthodique de la raison. Jugez plutôt.

1- Masquer le réel : Pas une seule fois, l’animateur ne précise en quoi consiste le fait de prostituer une personne. Cela n’est jamais expliqué. «En Belgique c’est autorisé», en France « c’estinterdit ». «C’est», c’est quoi ?
L’animateur - qu’il faut s’interdire d’appeler journaliste - fait siens des mots du proxénète : « dans un établissement comme le vôtre », «Maison de joie», «votre métie », «votre profession», «activité économique», «call-girl de lux», «bon proxénète», «salon de coiffure», «commerce», «agent de mannequin», «maison de tolérance» etc. Succession indécente d’euphémismes frisant la folie. Ne pas expliquer ce qu’est la prostitution, ne pas utiliser une seule fois les mots fellation, pénétration, sodomie, sexe, sperme, poils, peau, douleur, vagin, anus, bouche, sang, violence, c’est laisser chacune avec sa propre représentation, voire son fantasme personnel de ce qu’est la prostitution. Ce déni
de réalité permet aux agent-es de la propagande règlementariste dont font partie - Alderweireld et Taddéï- de pouvoir affirmer qu’il est préférable de se prostituer que de travailler à la chaine. Quelle différence puisque justement on n’explique pas la différence ?
À travers cette assertion bien rodée et récurrente (avec quelques variantes comme charpentier, oenologue (si si), caissière), les personnes militant pour la réglementation (et donc la légitimation ) de la prostitution la présentent comme un banal métier certes douloureux et pénible, mais ça arrive à tout le monde, regardez les travailleurs à la chaine. Alors c’est bien, c’est normal. C’est comme ça. D’ailleurs, le public lui non plus il ne dit rien. Régulièrement, on voit des gros plans d’hommes et de femmes dans le public, des gens comme nous, qui écoutent bien sérieusement «Dodo». Ils n’ont pas l’air offusqué non. Il y a même une femme qui sourit un peu. Une femme en plus !. C’est donc que
tout est normal, pas de raison de s’énerver.
« Et il suffit de (…) deux ou trois clients pour comprendre que voilà, c’est fini, que la vie ne sera plus jamais ce qu’elle était, il a suffit d’une seule fois pour me trouver prise dans la répétition de la queue dressée sur laquelle je butte encore, ici dans cette chambre, le petit soldat mécanique qui n’a pas la notion des murs, qui continue sa marche vers la mort même tombé de côté, (…) les larmes sans tristesse qui glissent sur les queues qui fouillent ma gorge, dans l’attente de l’orgasme et même après, dans l’âpreté du sperme ». P .22

2- Inverser la réalité : « Les filles sont des électrons-libres » : D. Alderweireld . La liberté d’être violée. Elles sont responsables puisqu’elles sont libres de se prostituer ou non. Voilà ce que sousentendent Taddéï et Alderweireld.
« Ce sont les femmes qui initient le souteneur » dit le proxénète.
« Si on vous entend, on a l’impression que chez vous, c’est elles qui commandent, elles viennent quand elles veulent, elles font ce qu’elles veulent », explique l’animateur qui préfère les « impressions » aux questions.
«J’en dépends économiquement, je suis obligé de me soumettre » dit le proxénète.
« Vous dépendez plus d’elles, qu’elles ne dépendent de vous » dit l’animateur
«Ha certainement !» dit le proxénète.
Le «patron» soumis et dépendant de ses «salariées» qui font ce qu’elles veulent, c’est bien la seule fois qu’on nous fait ce coup là ! Ainsi faudrait-il voir la prostitution non seulement comme un travail, mais aussi comme un domaine où tous les rapports sociaux et hiérarchiques sont inversés !
« De toute façon, la fille vient chez nous, elle essaye (quoi ? des vêtements ?) et si ça convient pas, elle repart » dit le proxénète. Magique ! La période d’essai est aussi à l’avantage de la prostituée !

3- Troubler les repères : « Je préfère le terme de souteneur, car je soutiens les femmes. Elles ont besoin de soutien moral, c’est un métier marginal, il y a beaucoup de contraintes, donc elles ont besoin d’alter égo, qui puisse les comprendre, les aider (…) il faut quelqu’un qui les fasse un peu rêver » dit le proxénète gras, chauve et suant.
Ainsi le proxénète qui met à disposition des autres, le vagin, l’anus et la bouche des femmes et qui en tire profit, est un ami, un confident, un charmeur. Non, non, pas un proxénète, un charmeur on vous dit. « Dodo » est un charmeur de serpent qui, avec son acolyte Frédo essaie de nous endormir avec sa petite musique patriarcale.

4- Essentialiser/justifier la violence à l’encontre des femmes : « Et de raconter ces une, deux, trois mille fois où des hommes m’ont prise ne peut se faire que dans la perte et non l’accumulation, d’ailleurs vous les connaissez déjà, les cent vingt jours de Sodome, vous les avez lus sans avoir pu tenir jusqu’à la fin, et sachez que moi j’en suis à la cent vingt et unième journée, tout à été fait dans les règles et ça continue toujours, cent vingt-deux, cent vingt-trois (…). P .26
« C’est une profession naturelle, il y a un besoin » dit le proxénète féru de Grèce antique, puisqu’il se plait même à évoquer l’épouse de Périclès afin de nous prouver que la prostitution existe depuis le 5ème siècle avant JC.
On la connaît la chanson. Elle est si fatigante qu’il est éreintant de répéter inlassablement les mêmes choses, toujours… Le fait que la prostitution existe depuis trop longtemps, n’est pas une raison pour l’accepter. Le lien de cause à effet n’existe pas. Les meurtres existent depuis toujours, pourtant ils sont interdits. Il n’y a pas d’immanence de la violence, les femmes ne doivent pas être à jamais assujetties à la violence des hommes. On peut décréter et lutter pour le contraire. C’est même une condition de survie et de santé mentale.

5- Libéraliser la domination masculine : « Je touche 50 % du brut, ça me laisse 20 %, je paye l’électricité, la TVA, enfin tout ça… (…) À l’époque, il existait des placeurs, des impresarios qui plaçaient les filles en France et à l’outremer » dit le proxénète.
« ah, des souteneurs, mais à l’exportation » dit l’animateur
« Non pas à l’exportation, à l’importation ».
Import, export, TVA, frais fixes… puisqu’on vous dit que le proxénétisme est un métier comme les autres !
« Et puis baiser, moi sur le dessus et enfin en petit chien, voilà ce que je préfère car il n’y a que les sexes qui se touchent, je peux grimacer comme je l’entends, pleurer un peu aussi et même jouir sans que ça se sache, et tout doit être fait, six, sept, huit fois de suite avec six, sept, huit clients différents et après c’est entendu, je peux m’en aller et m’en aller où pensez-vous, chez moi, eh bien non car je ne veux pas rentrer chez moi, je veux seulement mourir au plus vite ». P.27

6- Faire peur avec un état sécuritaire : À la fin, Taddéï commence à s’inquiéter :
« N’importe qui organise une cérémonie d’enterrement de vie de garçon peut devenir proxénète ?
(…) même celui qui ne sait pas qu’il a à faire à des prostituées ? (…) « Tous ceux qui enterrent leur vie de garçon sont des proxénètes ?»
À quoi ressemble la vie de Monsieur Taddéï, qui n’imagine pas qu’un enterrement de vie de garçon peut se passer de prostituées ? Pensez donc, tous ces innocents croyant s’amuser entre amis parce qu’il est de tradition de payer une femme pour avoir accès à son sexe et à son anus, la veille de s’unir avec une autre femme « pour toute la vie ». Une bonne excuse pour un viol entre amis.
La peur d’un état répressif et sécuritaire est perpétuellement avancé par les règlementaristes qui font même croire que la masturbation deviendrait interdite, qu’un taxi transportant une seule fois un client ou qu’un pharmacien vendant des préservatif à un client de prostituées, pourrait être condamnés à 10 ans de réclusion. Si un état qui condamne réellement à hauteur des crimes, ne peut se concevoir sans une réelle politique d’information, de sensibilisation et d’aide aux victimes, à l’inverse : une politique d’information, de sensibilisation et d’aide aux victimes n’est opérante que si les auteurs de violences sont fermement condamnés. Ce n’est pas l’un ou l’autre, c’est les deux en même temps ou rien du tout. Et rien du tout, c’est maintenant.
« Le supplice de la goutte d’eau qui frappe obstinément le même point au milieu du crâne, vous ne pouvez pas savoir ce que c’est que tous ces hommes qui ne veulent pas penser qu’il y a une limite à ce qu’une femme peut donner et recevoir, ils restent sourds à ce qu’elle ait une fin (…) ils ne comprennent pas que ce commerce n’est possible que grâce à un pacte sur la vérité qu’il ne faut surtout pas dire et qu’il faut croire ailleurs, quelque part dans l’illusion. » P.48
Ce pacte sur la vérité, cette illusion que dénonce Nelly Arcan dans son livre « Putain », Frédéric Taddéï et le proxénète Dominique Alderweireld, l’entretiennent consciemment avec le cynisme outrancier des gens qui ont le pouvoir et qui se protègent entre eux.
C’est une machine de guerre qui s’est déployée contre nous les femmes, ce soir là comme tous les jours, mais dans le public, personne n’a bougé. Pourtant l’émission était en direct. Tout était possible. Il y avait de quoi soulever toute l’assemblée. Les gens auraient pu quitter le studio. Les femmes auraient pu interpeller le proxénète et l’animateur. Elles se seraient levées, accompagnées des hommes et c’est à une véritable bagarre qu’on aurait pu assister. Rokhaya Diallo présente sur le plateau - si investie dans la lutte contre le racisme et le sexisme - aurait pu se lever et les interrompre. Elle leur aurait demandé pourquoi la majorité des femmes prostituées - comme Nelly Arcan - ont subies des violences sexuelles dans leur enfance ? Elle aurait été soutenue par Paul Ariès, politologue qui venait parler de la pauvreté. Il aurait pu dire combien la pauvreté est un facteur déclenchant et déterminant chez les personnes prostituées. Tous auraient pu boycotter l’émission. Affirmer officiellement leur désaccord qu’un tel discours puisse se tenir sur une grande chaine nationale du « service » public. Rien n’a bougé. Rokhaya s’est contentée de grimacer, Paul Ariès avait un sourire inexpressif et les gens dans le public ressemblaient à des pantins de cire,
sans âme. C’était pourtant une question de dignité.
« Parfois lorsque je suis seule ici et que rien ne se passe, je reste immobile dans le lit en écoutant le bruit de la vie qui s’anime dans l’immeuble, des casseroles qui s’entrechoquent dans la cuisine du voisin, des chasses d’eau provenant d’un lieu indéterminé, de quelque part en bas à gauche, j’écoute le trafic et les klaxons sur Doctor Penfield en prenant conscience qu’il n’est pas possible qu’on ne m’entende pas, la voix d’une femme qui jouit peut percer tous les murs, se rendre jusqu’au lobby, ma voix doit se rendre dans la rue pour se perdre dans la cacophonie urbaine, pour mourir entre deux klaxons, et dans la certitude d’être entendue par la vie qui s’anime autour je m’exerce à parler de tout haut comme le font les gens fous, je parle de tout et de rien sans m’interrompre pour qu’il n’y ai pas de trous entre les mots, pour que ça ressemble à une prière, et il faut que les mots défilent les uns sur les autres pour ne laisser aucune place à ce qui ne viendrait pas de moi (…) je m’adresse à ce qui se tient ici en sachant que ça ne sert à rien, qu’à parler sans arrêt, ça ne sert à rien, mais il faut s’entêter pour ne pas mourir sur le coup d’un silence trop subi, tout dire plusieurs fois de suite et surtout ne pas avoir peur de se répéter, deux ou trois idées suffisent pour remplir une seule tête, pour orienter toute une vie ». P.65.

Dominique Alderweireld quant à lui, a été condamné en juin 2012 en Belgique à 5 ans de prison avec sursis pour ses activités de proxénétisme à la frontière franco-belge. Ce dernier a été reconnu coupable de diriger une organisation criminelle spécialisée dans la prostitution et d'avoir abusé de la vulnérabilité de deux des prostituées qu'il employait. Il a été également reconnu coupable d'avoir consommé et fourni de la cocaïne aux femmes prostituées, d'avoir commis des faux pour masquer la véritable activité de celles-ci, et d'avoir blanchi ses revenus. Source Figaro.fr Publié le 21/06/2012.
Notes :
[1] P. 22. Tous les autres extraits sont tirés de ce même livre : « Putain » de Nelly Arcan Edition
Points/septembre 2009
[2] L’affaire dont parle Taddéi sans l’expliquer concerne la mise en examen de Dominique Strauss
Khan pour viols en réunion et proxénétisme à l’hôtel du Carlton de Lille, auquel Dominique Alderweireld aurait participé en étant le proxénète des prostituées « livrées » à DSK.

Catalogne : loi et ordre (des proxénètes) – Sylviane Daha - 4 janvier 2013

Un cocktail Molotov, une voiture bourrée d’explosifs, une alerte à la bombe... Ces dernières semaines, le Paradise macro-bordel de La Jonquera, l’un des plus grands d’Europe, a fait parler delui. S’il y avait des doutes sur les dessous de la prostitution, voici la preuve qu’il s’agit d’une industrie étroitement liée au crime organisé. Et ce milieu ne badine pas sur les moyens quand il s’agit de « régler des comptes » ou de se partager un morceau du gâteau.
L’épais casier judiciaire du patron du Paradise a été largement diffusé dans la presse. Personne ne peut croire que ce proxénète, condamné par maints trafics, soit autre chose qu’un homme de paille derrière lequel se cachent de puissants investisseurs dont l’honorable réputation conseille de rester dans l’ombre. Et que dire de ces « collecteurs de fonds » masqués et armés de fusils à répétition ? Ici, il n’y a pas non plus de surprise. Du moins, pas pour la police : les Mossos d’Esquadra – la police catalane - sont parfaitement au courant des clans mafieux opérant dans la zone frontalière. Il s’agit de gangs de trafiquants et de proxénètes qui contrôlent le flux des filles, pour la plupart étrangères, qui échouent dans l’industrie prostitutionnelle. Ces réseaux criminels gèrent l’ordre social sur les routes de la région. Les policiers savent à quel prix sont loués les ronds-points, quand un clan décide de « mettre au travail » ses filles dans une zone contrôlée par une autre bande. Non, nous ne parlons pas de la ville de Chicago des années vingt, mais des Pyrénées catalans au temps de la mondialisation.
Mais si tels sont l’état d’esprit et les moeurs de ces « hommes d’affaires », à quoi peut-on s’attendre pour ce qui est du traitement accordé aux femmes prostituées, que ce soit dans les nombreux clubs de la région ou en bordure de route ? Cependant, en dépit de l’extrême violence que reflètent les événements de ces derniers jours - et malgré leur projection médiatique, aussi bien dans la presse écrite que dans les différentes chaînes de télévision - personne ne s’est inquiété des filles. Elles n’ont pas de nom, d’histoire, de craintes ou de désirs qui méritent d’être mentionnés. Fugitivement, des reportages télévisés ont montré des silhouettes de femmes, debout sur des talons vertigineux, à l’aube, revenant au « turbin » une fois dissipée l’alarme… qui avait forcé l’évacuation de près d’un millier de clients qui avaient choisi cet endroit pour fêter l’arrivée du Nouvel An. De toute évidence, il fallait que les filles « rattrapent le temps perdu » sitôt rétablie la « normalité ».
Ce silence en dit plus sur la réalité de la prostitution que cent discours. On ne reconnaît à ces femmes-là ni identité, ni volonté. Il s’agit de simples marchandises. Personne ne se demande par quels moyens et avec quelles conséquences on peut déshumaniser des milliers de femmes jusqu’à en faire des objets propres à la consommation sexuelle masculine ? C’est plus souvent que l’on peut entendre des voix – drapées y compris de la dignité que confèrent les chaires de sociologie ou d’anthropologie - niant systématiquement cet extrême et revendiquant à chaque occasion la pleine reconnaissance et la normalisation du « travail sexuel ». Eh bien, La Jonquera et ses environs fournissent à ces apôtres de la postmodernité l’occasion de réaliser un intéressant « travail de terrain » : qu’ils aillent, par exemple, au Paradise munis d’un magnétophone et qu’ils essayent de s’entretenir avec une fille sur un sujet au-delà du prix d’un service… ils feront bientôt la connaissance de quelques gaillards qui leur expliqueront, de manière peu amène mais convaincante, en quoi consiste cette entreprise du loisir masculin. Aucune de ces voix favorables à la normalisation de la prostitution – bien sûr, toujours au nom des « droits des travailleuses du sexe » -, des voix généralement médiatisées, n’a été entendue ces jours-ci. Aucune voix exprimant le moindre souci à propos du risque « professionnel » ajouté que représente pour les femmes le terrorisme mafieux.
Qui, par contre, s’est exprimé sans ambages sur le sujet a été M. Espadaler, nouveau Conseiller d’Intérieur de la Generalitat, et membre éminent de la sage et très démocrate-chrétienne Union Démocratique de Catalogne, le parti de Duran i Lleida.« Pas question de fermer le Paradise », a déclaré sans délai, en réponse à la demande formulée par Sònia Martínez, maire de La Jonquera, désireuse comme la plupart de la population de cette ville frontalière, de voir disparaître le bordel et tout ce qui s’y associe. « Le club dispose d’une licence en règle et son activité s’en tient à l’actuelle législation. » Et comment ! La Haute Cour de la Catalogne elle-même l’avait ainsi certifié, rejetant la plainte de mairie de la Jonquera et la sommant d’octroyer aux promoteurs du Paradise le permis de construire nécessaire. Tant et si bien que le gérant du Paradise s’est senti assez couvert pour menacer la mairie d’une action en justice, réclamant dommages et intérêts pour les retards administratifs subis.
Les choses, donc, sont claires. La loi est ce qu’elle est, et permet que les bandes de proxénètes fassent régner l’ordre dans la région. La police tentera d’éviter de plus grands maux. Ou bien elle va compter les points et ramasser les cadavres, s’il finit par y avoir des morts. Dans tous les cas, l’entreprise étincelante de la prostitution doit se poursuivre coûte que coûte. Elle représente de l’argent, beaucoup d’argent. Et il y a des marchandises disponibles : les « garçons en cagoule » garantissent le renouvellement constant et la discipline d’un contingent de jeunes femmes en provenance d’Europe de l’Est, d’Afrique ou d’Amérique latine. Peu de gens connaissent leur vrai nom. Mais peu importe. Lorsque nos gouvernants parlent de « sécurité », il n’est nullement question de ces filles-là. Comme les marchandises, elles sont parfaitement disponibles et interchangeables.
De l’autre côté de la frontière, d’où provient la plupart des « clients », de nombreux élus locaux, des mouvements féministes, des syndicalistes ... s’alarment de l’impact extrêmement négatif que, du point de vue du respect des valeurs d’égalité, représentent la banalisation et l’expansion de la prostitution dans la région, en particulier chez les jeunes [1]. Maintenant que nous avons un débat ouvert en Catalogne sur l’indépendance et l’État que nous voulons, ce serait un bon moment pour décider si nous souhaitons que cet État soit un régime proxénète - et pour savoir quelle place référentielle voulons-nous que notre pays occupe en Europe. Ou si, au contraire, nous aspirons à une République démocratique, attachée à l’égalité et à la défense des droits de l’Homme (et de la Femme). C’est-à-dire, un régime qui soit favorable aux femmes, qui défende leur vraie liberté, leur accès à un travail digne… et qui bannisse et poursuive sans relâche toutes les formes d’exploitation
sexuelle. Dans un pays démocratique, la prostitution ne peut pas être un droit de l’homme. Aujourd’hui, ne manquent pas chez nous les dirigeants politiques qui se disent prêts à braver courageusement la colère de l’État espagnol et qui, au travers d’un périple épique, promettent de nous emmener jusqu’à une Ithaque indépendante. Malheureusement, ces mêmes Ulysse se soumettent volontiers à la sacro-sainte exigence de sauver les banques – malgré l’énorme douleur sociale que cela représente - et au respect des lois qui assurent la prospérité des industries du sexe – malgré l’extrême violence que cela suppose pour les femmes. Pourquoi ne portons-nous pas la rébellion démocratique sur tous les fronts ... en finissant avec les maisons closes ? Le club Paradise, en premier.
Sylviane Dahan, Porte-parole Femmes de la FAVB – Fédération d’associations de quartier de Barcelone)

Payer pour un rapport sexuel, c’est l’imposer




La Marche Mondiale des Femmes soutient l'appel à la manifestation le samedi 12 janvier 2013, à 12h RDV devant la Gare de l'Est à Paris

Trois femmes, militantes kurdes, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Soylemez, ont été froidement assassinées à Paris il y a deux jours. Vivant à Paris, elles étaient aussi des femmes libres se battant pour leurs engagements politiques, et pour la construction d’une société égalitaire entre les femmes et les hommes, une société qui respecte les droits fondamentaux de tous les êtres humains. Comme de nombreuses femmes militantes de par le monde, elles travaillaient à la libération de leur peuple.
La Marche Mondiale des Femmes s’indigne de ces assassinats, et de la répression du peuple kurde en lutte pour sa libération et son émancipation.
Nous exigeons que toute la lumière soit faite sur ces meurtres.
L'une de ces femmes était réfugiée politique en France et aurait dû être protégée par les autorités françaises. Nous exigeons que les militantes et militants étranger-es vivant en France soient protégé-es des violences dont ils et elles sont menacées dans leurs pays.
Nous appelons les féministes à Paris à rejoindre en solidarité la manifestation appelée par la communauté kurde.



Samedi 12 janvier - 17h - Place de la République - Paris
Marche silencieuse en l’honneur de Nirbhaya, violée à Delhi


Les participantEs se réunissent Place de la République à 17h00. Puis de là, nous marcherons jusqu'à la Place de la Bastille où nous observerons une minute de silence en l'honneur de l'étudiante qui nous a quitté et de toutes les autres victimes de crimes sexuels. Et n'oubliez pas de ramener une bougie. Nous les allumerons également. L'évènement durera 1 heure approximativement.
Combien de mortes faudra-t-il encore pour réagir contre les crimes de viols ! – Groupe LOC’S
Nirbhaya, jeune étudiante indienne de 23 ans vient de succomber à ses blessures dues au viol collectif et aux agressions physiques violentes dont elle a été victime le 16 décembre dernier. Nous, groupe LOCs, sommes tristes et en colère contre un crime qui n'a pas su être évité. Les gouvernements successifs n'ont jamais considéré les mesures tant revendiquées par les femmes et les féministes indiennes :

· Prise en charge et suivi des plaintes pour viol par les policiers qui trop souvent refusent de les enregistrer ;
· Procès et jugement des crimes de viols ;
· Augmentation des patrouilles et le déploiement d'une police féminisée dans les lieux publics ;
· Des sanctions plus fermes pour protéger les femmes victimes de violences et de harcèlements sexuels ;
· L'application des lois en matière de foeticides et de crimes de la dot ;
· Ainsi que l'amélioration des infrastructures pour rendre les villes et rues plus sûre.


Les responsables politiques doivent prendre des mesures concrètes et non pas se contenter d'interdire le port « du jeans pour ne pas aguicher les hommes », culpabilisant, de fait, les femmes indiennes. Pour que « l'India shining » rayonne aussi pour les femmes, une loi doit être votée et appliquée très vite ; même si une loi, seule, ne suffira pas à éradiquer la violence patriarcale érigée en féminicide institutionnel. Le sentiment d'impunité n'a que trop duré et le gouvernement indien devra répondre de sa responsabilité et proposer une politique volontariste qui puisse garantir la protection, la justice et la paix pour les femmes indiennes.

Toutes nos pensées vont à Nirbhaya et à toutes celles, partout dans le monde, victimes de violences sexuelles. Toute notre solidarité avec les femmes et les féministes indiennes.


Manipulation, calomnies et menaces, pourquoi sont-ils indignes ?

Manipulation, calomnies et menaces, pourquoi les activistes réglementaristes de la prostitution sont-ils indignes ?

Exprimer son opinion, fourbir ses arguments, dialoguer, c’est sain. En revanche, désinformer, manipuler, diffamer, calomnier et brutaliser, c’est grave et ce n’est pas sans raison.

C’est vrai, la question de la prostitution génère crispations et passions déraisonnées. Oui, mais pourquoi ? Il n’est plus temps de constater, mais bien de comprendre et dénoncer les enjeux véritables de la prostitution. Ces enjeux éclairent les comportements des activistes réglementaristes, qui emploient des méthodes discutables pour parvenir à leurs fins.

Quels sont donc les véritables enjeux de la prostitution ?

Système prostitutionnel et système patriarcal, un combat féministe : Il est raisonnable de penser qu’une société construite sur la domination masculine s’est arrangée pour garantir aux hommes, l’accès aux corps de femmes aux fins de soulager plus que des « besoins sexuels », des besoins de domination. La prostitution n’est pas récente, gageons que sans le rapport de domination séculaire entre les femmes et les hommes, elle n’aurait jamais existé. En effet, même si 20% des prostitué-e-s sont des hommes, les clients eux, restent à 99% des hommes. Comment parvenir à une égalité entre les sexes tant que les hommes pourront se passer de relations égalitaires et forcer en le payant, le consentement d’une femme – ou d’un homme d’ailleurs – ?

Tant qu’une seule femme reste sexuellement accessible, non pas par désir, mais parce qu’elle fait commerce de son sexe, elle suggère que toutes les femmes pourraient en faire autant et compromet l’avènement d’une société d’égalité. Les tenants de la réglementation de la prostitution sont le plus souvent, les mêmes qui réclament la GPA (Gestation pour autrui) ; aussi ceux qui, au nom d’un principe de réalité, distribuent des capote, certes pour éviter la contamination des prostitué-e-s mais aussi des clients prostitueurs, et de facto entretiennent et confortent le système prostitutionnel. Il semble bien, que consciemment ou non, ils contribuent à maintenir les privilèges du système patriarcal. Que font-ils si ce n’est garantir aux hommes que les femmes restent et sans aucun danger pour eux, à leur service, pour baiser, pour fabriquer des enfants, etc.

Les activistes réglementaristes conseillés par les « ultragauchistes», toujours prompts à brouiller les cartes, ont su infiltrer le mouvement féministe et convaincre quelques unes que les « prostitué-e-s sont heureuses et libres » de l’être, que la prostitution ne disparaîtra donc jamais et qu’il vaut mieux mettre des pansements sur la gangrène plutôt que d’amputer. C’est vrai, quelques unes l’ont « choisi », même si de plus en plus d’études le révèlent, nombreuses sont celles et ceux qui ont subi l’inceste et d’autres violences sexuelles dans l’enfance. Il y a donc ceux qui en rajoutent une couche et les encouragent à se maintenir dans le système prostitutionnel, et les abolitionnistes qui leur proposent d’autres perspectives que cette forme de thérapie sauvage ; ni « condescendants», ni « criminels », mais au contraire respectueux et optimistes. En outre, l’abolition ce n’est pas la prohibition, donc des prostituées continueront leur activité, mais grâce à la prévention et l’éducation, leur nombre décroitra si on en croit le bilan des pays abolitionnistes et surtout, des alternatives seront possibles. La société pourra avancer vers l’égalité réelle.

Beaucoup de gens se disent féministes, mais si vous leur demandez s’ils veulent abolir la domination masculine du système patriarcal, ils vous répondent d’abord que des hommes aussi en souffrent, qu’il faut abolir les clivages de genres. Oui, quelques hommes sont victimes, en attendant, ce sont bien les femmes que l’on excise, marie de force, bat, viole, brule, tue, et massivement. Le principe de réalité a bon dos quand il ne fait que maintenir l’oppression. Un des principaux enjeux du système prostitutionnel est donc bien de constituer l’ultime système de défense du patriarcat. Seulement voilà, maintenir la domination masculine, n’est pas une option envisageable et les activistes réglementaristes ne peuvent tout de même pas dire haut et fort, nous voulons maintenir le système patriarcal ! Ils sont donc contraints de raconter une autre histoire.

Prostitution et système d’exploitation économique et social, un combat socialiste : La plupart des activistes réglementaristes et abusant des méthodes que je réprouve, se revendiquent le plus souvent révolutionnaires ou alternatifs, sont plutôt situés à l’extrême de l’extrême gauche, certains sont membres des Indigènes de la République, mais curieuse association, il est aussi possible de trouver dans leurs rangs des personnes réactionnaires. Les alliances douteuses, sur le dos des femmes, ce n’est hélas pas rare. Ils se prétendent anticapitalistes, farouchement opposés à l’exploitation de »l’homme par l’homme ». Mais très curieusement et par une incroyable pirouette rhétorique, ces anticapitalistes se transforment en farouches néolibéraux lorsqu’il s’agit de prostitution. D’un seul coup, ils nous vantent le marché, valorisent les industries du sexe comme le petit commerce. Les mêmes discours que dans les écoles de commerce, les joies de la libre entreprise, de l’offre et de la demande ! Quelles sont les lois de ce marché, qui fixe les prix, à combien est évaluée une passe dans un squat, dans la rue, dans une chambre d’étudiant ou un studio de luxe ? Quels sont les risques physiques, psychiques, comment les prendre en charge ? Et les bénéfices, on les place en bourse ?

Avez-vous remarqué que les activistes réglementaristes sont inaudibles en matière de lutte contre le crime organisé et mondialisé de la traite. Pourquoi ? Parce que l’ouverture aux marchés industriels du sexe provoquerait la plus grande confusion et que chacun espère y trouver son compte ? La traite organisée par des réseaux mafieux est massive et mondialisée. Les bénéfices de la prostitution sont colossaux, c’est le second marché criminel, juste derrière celui de la drogue et avant celui des armes. Mis à part le cannabis, personne ne songe encore à légaliser les drogues ni les armes à feu en France, mais il faudrait légaliser la prostitution ! C’est-à-dire ouvrir la porte aux mafias, aux réseaux, aux macs en tous genres, familiaux ou industriels, avec des quartiers entiers de femmes exposées derrière des vitrines, comme en Belgique. Chouette alors ! Les pays qui ont réglementé le disent, ils veulent faire marche arrière, incapables de faire la distinction entre la prostitution libre et forcée, dépassés par une criminalité galopante. Mais pourquoi, devrions-nous alors prendre de tels risques ? Parce qu’une poignée de prostituté-e-s qui se disent « libres » et leurs soutiens nous en intiment l’ordre ? N’est-il pas curieux d’envisager une politique publique fonction de la demande d’une poignée d’individu-e-s, ne devrions-nous pas plutôt nous demander quel projet de société nous voulons ?

Un second enjeu du système prostitutionnel est bien de garantir d’énormes revenus au crime organisé. Pourtant, penser une société pour convenir au crime organisé n’est pas non plus, une option sérieusement envisageable. Dans ce domaine aussi, on voit mal les activistes réglementaristes se lever pour défendre les mafieux ni même revendiquer une petite part artisanale du gâteau, ça ferait désordre ; ils sont donc contraints de louvoyer.

Ce que ne sera jamais la prostitution : Le système prostitutionnel qui défend le système patriarcal et les profits exorbitants des industries du sexe, ne pourra jamais être ni un métier, ni une liberté.

La prostitution n’est pas un métier, c’est une violence et même la dernière violence faite aux femmes que la loi ne punit pas. La peur et les risques de violences sont inhérents à cette activité qui laisse toujours des traces physiques et psychiques. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter les anciennes prostitué-e-s qui expliquent, comme Ulla, qu’il ne fallait pas la croire, si elle avait regardé la vérité en face, elle n’aurait pas été capable d’y retourner le lendemain et surtout aurait fait fuir ses clients ; sans compter celles qui se seraient fait massacrer par leurs macs.

Il n’y a ni école, ni diplôme. Vendre sa force de travail et subir les lois du marché, en matière de travail physique ou intellectuel, les rapports de force sont déjà suffisamment durs à établir, mais vendre ou louer son intimité, faire commerce de son corps, la société n’a pas à l’organiser, au contraire, elle doit protéger les personnes vulnérables et interdire ce type de commerce. Bien entendu, il sera toujours possible de trouver des personnes qui voudront vendre un organe, faire commerce de leur corps ou même se vendre comme esclave. Tout comme des femmes cautionnent la domination masculine car un système d’oppression, quel qu’il soit, a toujours besoin de relais au sein même des opprimé-e-s. Le conditionnement fonctionne à merveille, la plupart des femmes sont inconscientes de leur oppression, et pire encore, certaines vont adopter les comportements de l’oppresseur pour en tirer un bénéfice immédiat ; elles n’en resteront pas moins en situation de danger.

Ce n’est pas non plus une liberté. Une société qui n’a rien d’autre à offrir aux personnes confrontées à des difficultés sociales et financières, que de vendre leur intimité sexuelle n’est pas une société civilisée. Victor Hugo a dit « On dit que l’esclavage a disparu de la civilisation européenne. C’est une erreur. Il existe toujours, mais il ne pèse plus que sur la femme et il s’appelle prostitution ». Nos ultragauchistes et activistes réglementaristes condescendants ne lui arrivent pas à la cheville et tentent de nous imposer leur « bon féminisme ». On comprend bien que ce qui les intéresse surtout dans la libération des femmes, c’est qu’elles soient totalement et en permanence disponibles pour eux. Quant aux « queers-Trans-PD-Gouines » activistes réglementaristes – euh moi je suis féministe et lesbienne -, ils prônent une réappropriation libératrice de la pornographie et de la prostitution. Seulement voilà, leurs tristes et infantiles productions relèvent surtout de la thérapie de groupe et n’ont nullement fait la démonstration d’une quelconque remise en question de la domination masculine, bien au contraire, elles l’alimentent. Mises en scène, jeux de rôles, artifices, etc. cachent très mal un manque d’imagination et de désir, parfois même des souffrances, quand ce n’est pas une profonde aversion de la sexualité. Une sexualité épanouissante c’est du désir réciproque et libre de tout rapport de force, de toute contrainte. La sexualité n’est pas un dû, elle relève de la relation à l’autre, de son désir et de son consentement. Payer c’est forcer le consentement, payer, en réalité, c’est violer. La liberté est toujours gratuite alors que l’acte de prostitution n’a qu’une finalité, l’argent. Se prostituer, par définition, ne sera jamais une liberté.

En conséquence, au regard des rapports sociaux de classe comme de sexe, la prostitution doit être abolie. Cette position n’est ni religieuse, ni morale mais belle et bien politique.

Que signifie le mot abolition et quel est le projet abolitionniste ? : Abolition, de quoi s’agit-il exactement ? Les réglementaristes accusent les abolitionnistes d’être pour la prohibition de la prostitution. C’est facile, la plupart des gens ne font pas la différence. Alors, disons-le haut et fort, non, l’abolition n’est pas la prohibition, c’est même l’inverse. La prohibition c’est le délit de racolage passif que nous voulons abroger, c’est le harcèlement et toutes les mesures répressives à l’encontre des personnes prostitué-e-s, c’est-à-dire une double peine dont nous féministes ne voulons surtout pas. Alors que l’abolition, c’est à l’inverse, la responsabilisation des clients qui doivent se poser la question des rapports femmes-hommes, de leur relation à l’autre, de ce que payer veut dire. La responsabilisation du client est affaire de prévention, d’éducation, de respect de soi et des autres ; puis de pénalisation pour les récalcitrants. Nous espérons, qu’avec le temps et non soudainement comme par magie, une grande partie des femmes qui subissent la prostitution pourront ainsi s’en libérer et que les hommes qui sont encore dans cette demande pourront évoluer. Nous espérons pouvoir avancer ensemble, en prenant le temps qu’il faudra, vers une société plus égale, plus juste et plus libre. L’abolition de la prostitution est un projet humaniste. Le site abolition 2012 est public : www.abolition2012.fr La revendication consiste à demander une loi cadre avec les mesures principales suivantes : Abolition de toute mesure de répression à l’encontre des personnes prostituées, politique sociale et de santé, politique de réinsertion des personnes prostituées qui le souhaitent, politique de responsabilisation du client, etc.

Des méthodes répréhensibles: Nous l’avons compris, cachés derrière des enjeux inavouables, ne reste plus qu’à adopter des méthodes douteuses pour tenter de pourrir le débat et compromettre les abolitionnistes. Certains n’hésitent devant rien et osons le dire, leurs méthodes s’apparentent à celles de voyous.

Mensonges et manipulation, quelques exemples :

- « Criminaliser les putes ». Un groupe « 8 mars pour toutes » s’est crée autour de structures comme le STRASS, Act-UP et quelques autres. La seule revendication qui se distingue clairement de celle des collectifs qui organisent les manifestations du 25 novembre contre les violences faites aux femmes et du 8 mars pour les droits des femmes, porte sur la prostitution, qu’ils veulent libéraliser et donc réglementer. Pour mobiliser les membres du groupe, voici le mail qui leur a été adressé : « Un risque de violence de la part des militantes prohibitionnistes (qui souhaitent interdirent la prostitution quitte à criminaliser les putes) existe car c’est ce qu’il se passe depuis 1 an dans les mobilisations féministes où elles sont majoritaires (pour le moment) ». A l’évidence, la personne qui a rédigé cette phrase n’ignore rien des véritables positions abolitionnistes mais préfère mentir et accuser les abolitionnistes d’intentions qui, si elles étaient vraies, seraient en effet scandaleuses. La seule violence subie durant la manifestation du 25 novembre a consisté à entendre ce cortège réglementariste hurler : « Abolo, catho, facho, vous nous cassez le clito » ! En l’absence d’argument digne de ce nom, ils en arrivent aux injures et à la calomnie, ils manipulent sans complexe et inversent les rôles ; le plus curieux c’est que certains y croient. Comment un projet humaniste, féministe et socialise pourrait-il être associé au fascisme ? Le collectif Abolition 2012 doit-il porter plainte en diffamation ?

- La contamination au VIH-Sida : Souvent, vous entendrez les réglementaristes affirmer sans vergogne que les abolitionnistes sont responsables de la contamination au VIH-sida des personnes prostitué-e-s et les tuent. Rien que ça ! En réalité, tout le monde le sait, le seul responsable des violences dont fait partie la contamination au VIH-sida, c’est le système prostitueur. Les réseaux bien sûr qui dressent, violent et contaminent leurs victimes, mais aussi les clients qui baisent sans capote et payent plus cher pour ça. La prise de risque aussi, renforcée par les menaces et le stress inhérents à l’activité, par les substances qu’il faut prendre pour tenir. La encore, qui peut sincèrement croire à un tel argument ? Pourtant, il est rabâché, c’est énorme, mais ça passe !

- La parole des personnes prostitué-e-s : Ils accusent les abolitionnistes de parler au nom des prostitué-e-s, mais quand on leur demande d’écouter et de respecter la parole d’Ulla, de Rebecca Mott et de toutes les autres, qui dans le documentaire « L’imposture » http://vimeo.com/16641741 ou dans tous les superbes documentaires d’Hubert Dubois, se dévoilent et disent librement la mésestime de soi, la peur, le dégoût, les viols, la dissociation, la sidération, etc., les activistes réglementaristes leur refusent le droit à la parole. Ils les discréditent et les invisibilisent, eux qui prétendent parler en leur nom ! D’anciennes prostituées ont créé un réseau avec un site Internet, un cri, des cris, leurs cris, des vérités que tant voudraient effacer : http://survivorsconnect.wordpress.com/ Le comportement des activistes réglementaristes est proprement immonde et pourtant, ça passe quand même et on les croit quand ils professent que nous instrumentalisons la parole des prostitué-e-s !

Calomnies, discrédit et isolement de personnes représentatives : « Quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage ». Le bon sens populaire, rarement démenti. La pratique qui consiste à discréditer une personne auprès de ses pairs, à l’isoler pour mieux la neutraliser est très prisée par les activistes réglementaristes. Beaucoup en ont fait les frais. En tant que présidente du Centre LGBT Paris, je peux témoigner, j’ai eu ma part ; vous comprendrez aisément qu’il était inadmissible qu’une des porte-parole du mouvement LGBT ne soit pas à la botte des réglementaristes pro-prostitution. Sur les réseaux sociaux, leurs calomnies diffamatoires sont rabâchées à l’envie et ne différent jamais, et plus c’est gros, mieux c’est. Jugez-donc : « Faites la taire cette putain de féministe », etc. A cause de moi, le Centre LGBT Paris est « exsangue «. Pas de bol, il se porte comme un charme, sorti de l’ornière de la rue Keller, du dépôt de bilan et d’un taudis qui menaçait de s’effondrer, installé rue Beaubourg, après avoir recouvré ses subventions qu’il a depuis multipliées. Il s’est développé avec un bilan satisfaisant, accueillant chaque année de plus en plus de visiteurs et offrant des permanences d’aide et un programme culturel et festif de qualité. Cet été, j’ai passé la main à deux volontaires qui ont pris la co-présidence et toute l’équipe des bénévoles et salariés continue sur la lancée. Bref, la réalité, et vérifiable car tous les bilans financiers, les rapports annuels sont disponibles sur le site Internet, se heurte invariablement à leurs fantasmes et accusations calomnieuses. Autre variante, « je ne connais rien à la question du VIH-Sida et je n’ai rien fait pour lutter contre au CLGBT Paris ». Les dossiers de demande de subvention pour payer un chargé de prévention à demeure, maintenir des locaux offrant matériels et brochures de prévention, tenir des réunions d’information et tout un tas d’évènements sur le sujet de la prévention au VIH-SIDA mais pas seulement, c’est sans doute à eux qu’on les doit ! En revanche, vous pouvez en être certain-e-s, eux ne connaissent rien aux questions de santé lesbienne, les IST et les cancers qui les touchent, ils s’en fichent. Le VIH-Sida seul est digne d’intérêt et la stratégie servie par les fonds engloutis par la sidacratie, elle, n’a pas à être discutée ! Les plus violents sont aussi les plus velléitaires, eux n’ont en réalité pas fait grand-chose ni pour le mouvement LGBT ni pour quoi que ce soit d’autre ; ceci expliquant sans doute cela. Souvent aussi, je suis accusée d’être « à la solde du PS » et « d’avoir fait carrière « ! Quelle carrière, si ce n’est de ne pas avoir fait la mienne au boulot, comme j’aurais pu la faire ? Là aussi la réalité, ils la connaissent, salariée à temps plein en entreprise en tant que juriste, et présidente élue, j’ai passé pendant 7 ans, l’essentiel de mon temps libre au Centre où je n’ai jamais touché un seul centime, bien au contraire, et s’il fallait me payer le temps consacré à y travailler bénévolement, je serai sûrement très riche ! Quant au PS, ma liberté de pensé et mon esprit critique m’autorise à le critiquer quand il le faut, autant que n’importe quelle autre formation politique. Tout ça, ils le savent, mais s’évertuent avec un acharnement pathologique à propager rumeurs et mensonges, dans le but de me discréditer afin de me faire taire. C’est pourtant peine perdue, leurs calomnies et leurs menaces ne me perturbent pas bien au contraire, elles me stimulent, mais combien de personnes ont-ils réussi à impressionner, insécuriser et museler ?

- La dérision et les menaces : Les abolitionnistes seraient de puritains catholiques qu’il faudrait tourner en dérision, même les plus athées d’entre nous et même et surtout s’ils ne connaissent rien de notre vie sexuelle et affective. Il y a aussi les intimidations et les menaces. La liste est très longue, pour ainsi dire infinie. Disons-le enfin, ce sont purement et simplement des méthodes de voyous. Les activistes réglementaristes en abusent à volonté ; il est amplement temps d’y mettre un point final, d’autant plus qu’eux, procéduriers à l’extrême, ne supportent aucune critique et n’hésitent pas à poursuivre en diffamation. Sachant ce que sont les véritables enjeux de la prostitution et du système prostitutionnel, n’hésitons pas à rétablir la vérité, dénoncer les manipulations grossières et exercer une solidarité indéfectible envers leurs victimes.

En conclusion : La question de l’abolition ou de la réglementation de la prostitution est affaire de projet de société. Les arguments doivent pouvoir s’échanger avec respect et sans intimidation aucune. Nous le savons, les enjeux véritables de la prostitution sont inavouables, pour autant, il s’agit d’un débat politique qui ne doit en aucun cas souffrir de méthodes inqualifiables. Si les activistes réglementaristes ne trouvent aucun argument honnête et n’ont rien d’autre que le mensonge, la calomnie, la manipulation et le discrédit à nous opposer alors peut-être est-il temps pour eux d’admettre que leur lutte est vaine. Seule une société abolitionniste de la prostitution, dernière forme d’esclavage humain, est une société humaniste, féministe et de progrès. Dans quelle société voulons-nous vivre demain ?


Précision : NON je ne veux pas que les personnes prostituées soient contaminées !

Ça n’a pas tardé. Les activistes réglementaristes et quelques uns de leurs alliés ont immédiatement fait la démonstration de leur mauvaise foi à la lecture de cet article. Ils ont interprété, dénaturé, manipulé la seule idée qu’ils pouvaient exploiter, fuyant soigneusement tout le texte, incapables de démonter les arguments posés.

« … aussi ceux qui, au nom d’un principe de réalité, distribuent des capote, certes pour éviter la contamination des prostitué-e-s mais aussi des clients prostitueurs, et de facto entretiennent et confortent le système prostitutionnel. »

Cette phrase n’est pas difficile à comprendre, mais puisqu’il le faut, je vais expliciter.

Cette phrase ne dit pas que les personnes prostitué-e-s ne doivent pas avoir accès aux préservatifs ni autres moyens de prévention et d’information, ni maintenant, ni même après l’abolition de la prostitution bien sûr. J’ai moi-même suffisamment fait de prévention pour en comprendre la nécessité vitale. Tiens j’aimerais assez pour changer que le VIH-Sida ne soit d’ailleurs pas la seule infection et maladie utilisée par les activistes réglementaristes pour assoir leurs argumentations. Les questions de santé des personnes prostitué-e-s sont majeures, prévention IST certes, mais aussi prévention cancers féminins, addictions, suicide… Tout ce dont ils ne se soucient jamais.

Cette phrase dit exactement que se contenter de distribuer des capotes bien sûr est nécessaire pour les personnes prostituées mais incontestablement sert aussi les intérêts du système prostitueur, lui facilite le travail, l’entretien, le sert….

Qu’est-ce qui n’est pas clair dans cette évidence ?

Bien sûr c’est clair, mais quand on est habitué à louvoyer et que l’on n’a pas d’autres argument que ceux qui relèvent de la défense du patriarcat, ou de la défense des profits du crime organisé des industries du sexe, légalisées ou non ; faut bien trouver un angle d’attaque.

Ces procès en sorcellerie sont purement et simplement une manœuvre manipulatoire qui ne trompe plus personne, sauf ceux et celles pour lesquelles plus c’est gros et plus ça passe !

Source : http://christineld75.wordpress.com/

Rassemblement contre l'homophobie et pour l'égalité

Samedi 17 novembre  - 14h place Bellecour

Sous couvert de protéger leurs valeurs réactionnaires, des groupes religieux n’hésitent pas à s’allier avec des mouvements fascisants pour conserver un pseudo ordre moral. Instrumentalisation de l’enfant, élucubrations sur une soi-disant « nature humaine » de l’homme hétérosexuel et catholique, tout est bon pour stigmatiser les personnes ne répondant pas à leurs conceptions de la famille et de la normalité.

Famille= papa + maman ?

Cette norme hété­ro­cen­trée ne répond pas du tout aux réa­li­tés actuel­les. En effet, à l’heure où près de 50 % des maria­ges se ter­mi­nent en divorce, et devant l’explo­sion du nombre de famil­les mono­pa­ren­ta­les, il est évident que cet argu­men­taire n’est pas fondé.

Alors, pour­quoi refu­ser à un couple homo­sexuel l’égalité des droits sous le pré­texte fal­la­cieux des inté­rêts de l’enfant ? Peut-être vou­dront-ils demain inter­dire le divorce pour le « bon équilibre » de l’enfant, ou de leur pseudo-patrie ?

L’argu­men­taire des prin­ci­pa­les asso­cia­tions concer­nées – notam­ment l’alliance VITA, créée par Christine Boutin – repose sur la néces­sité sup­po­sée pour un enfant d’avoir un père et une mère pour son déve­lop­pe­ment et sa sta­bi­lité affec­tive. Qu’en est-il, dans ce cas, de tous les cou­ples hété­ro­sexuels dans les­quels sévis­sent des formes de vio­len­ces conju­ga­les ? Des enfants élevés par un parent isolé ?

D’autre part ce type d’asso­cia­tions fait sou­vent le lien entre léga­li­sa­tion du mariage pour tous et auto­ri­sa­tion de l’inceste et de la pédo­phi­lie : lien fondé sur des pré­ju­gés tra­di­tion­nels qui conti­nuent d’influen­cer la société actuelle.

Des Préjugés à la vie dure :

« Si le tabou immé­mo­rial du mariage hété­ro­sexuel vient à sauter, qui et quoi s’oppo­sera désor­mais à ce que d’autres tabous (…) ne tom­bent à leur tour ? (…) Par exem­ple : pour­quoi inter­dire les maria­ges consan­guins, la pédo­phi­lie, l’inceste qui sont encore mon­naie cou­rante dans le monde ? » Francois Lebel maire UMP 8e ard. Paris

« Je ne suis pas pour consa­crer un mariage hors norme. C’est contraire à la loi divine » Laurent Kleinhentz, maire PS de Farébersviller.

Faute d’argu­ments ration­nels, les oppo­sants au mariage pour tou-t-e-s en sont réduits à faire des amal­ga­mes immon­des entre homo­sexua­lité et inceste, à défen­dre et impo­ser une norme hété­ro­sexuelle ou encore à invo­quer de façon archaï­que la « volonté divine » …

LE PATRIAR…QUOI ?

Le patriar­cat dési­gne un sys­tème d’oppres­sion dans nos socié­tés, celui des hommes sur les femmes

« Il [l’enfant] a autant besoin du lait et de l’affec­tion de sa mère que de l’atten­tion et de la pro­tec­tion de son père. » Extrait du mani­feste de Cosette et Gavroche, asso­cia­tion lyon­naise qui orga­nise la mani­fes­ta­tion.

Car la famille pour ces inté­gris­tes homo­pho­bes, ce n’est pas seu­le­ment « un papa, une maman », c’est aussi une vision archaï­que et plei­ne­ment sexiste de cette même famille « sacrée », fondée sur l’affir­ma­tion d’une auto­rité paren­tale censée devoir com­pren­dre un pôle « viril » et un pôle « fémi­nin ». Autrement dit : maman pou­ponne, papa cha­pe­ronne.

Les femmes seraient ainsi assi­gnées natu­rel­le­ment à un rôle émotionnel, quant aux hommes, ils devraient natu­rel­le­ment incar­ner une pseudo figure d’auto­rité.

Les inté­gris­tes et autres réac­tion­nai­res n’accep­tent pas que cette répar­ti­tion des rôles soit par­tout remise en cause.

Nous ne pou­vons cau­tion­ner cette vision étroite des rela­tions humai­nes, avec ce qu’elles impli­quent en terme de sou­mis­sion et de normes bien-pen­san­tes !

* Droit au mariage et à l’adop­tion pour toutes et tous !

* Remise en cause des sché­mas préé­ta­blis quant à la notion de famille et de paren­ta­lité !

*Lutte contre les dis­cri­mi­na­tions de genre, d’orien­ta­tion sexuelle et de choix de vie !

*Stop aux dis­cri­mi­na­tions pour les enfants issu-e-s de famil­les homo­pa­ren­ta­les !

*A bas l’hétéro-nor­ma­ti­vité !

RASSEMBLEMENT SAMEDI 17 NOVEMBRE

14H PLACE BELLECOUR

Premiers signataires : FSE-Lyon ;Collectif Libertaire AntiSexiste ; Union Pour le Communisme


Manifeste "En parler c'est pas un crime !"
La pédocriminalité est un crime contre l'humanité
http://crimecontrelhumanite.wordpress.com/

Le Manifeste

45% des violences sexuelles concernent des enfants de moins de 9 ans.

Aujourd’hui, associations, victimes, proches de victimes, professionnels de la santé, de la justice, artistes, élus, citoyens sont réunis pour que cesse l’hypocrisie juridique de notre pays.

Oui ! Il est possible de rendre le viol à l’encontre des enfants imprescriptible comme c’est le cas au Canada depuis 1985 par exemple.

Nous pouvons considérer que l’inceste est un crime contre l’humanité : il est véritablement impossible de s’en tenir à la définition juridique strictement technique des textes internationaux, définition historiquement conçue pour cibler les crimes totalitaires, ceci avant que la science ne mette au jour la problématique de l’inceste . Car il se distille comme un poison dès la plus tendre enfance par ceux qui doivent protéger l’enfant : la famille, pour ensuite entraîner une lourde suite de conséquences tout au long de la vie. C’est une torture qui fait porter à la victime le poids de la honte, de la culpabilité, la mésestime de soi, l’autodestruction et parfois, des troubles psychiques et physiques graves.
L’inceste fait exploser tous les repères, toutes les limites de l’enfant qui ne parvient ensuite qu’à se construire, seul, au prix de grandes souffrances.

Les viols sur les enfants sont un crime contre l’humanité : ils touchent tous les pays, toutes les populations, tous les milieux sociaux, tous les sexes…ils touchent l’humanité dans sa globalité et l’humain dans ce qu’il a de plus profond.

72% des agressions sexuelles se passent au sein même de la famille.

La loi

En France : 9 Mars 2004 : publication du décret d’application au Journal Officiel n° 59 du 10 mars 2004 ” Le délai de prescription de l’action publique des délits mentionnés à l’article 706-47 et commis contre des mineurs est de dix ans, celui des délits prévus par l’article 222-30 et 227-26 est de vingt ans ; ces délais ne commencent à courir qu’à partir de la majorité de la victime.”
Amélioration, oui mais voilà… D’une manière générale, toutes les personnes nées après le 11 mars 1976 bénéficient de la nouvelle prescription de 20 ans, mais… pas les autres… vous êtes né le 7 mars 1976 ? Dommage… pas de justice pour vous…

35% des femmes ayant subit l’inceste auraient des problèmes d’addiction à l’alcool et aux drogues, comparativement à 5% de femmes non agressées.

Assez de la prescription !!!
L’imprescriptibilité aux fins de permettre aux victimes d’inceste et de pédocriminalité de bénéficier d’un temps nécessaire pour dénoncer les faits dont elles ont été victimes ne porte pas atteinte aux principes énoncés par la Convention européenne.

Art. 22 bis de la constitution : « chaque enfant a droit au respect de son intégrité morale, physique, psychique et sexuelle. » Article 6 de la convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales : « toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable. »

La plainte ne pourra se faire que si la victime sort de son état dissociatif, ce qui sera le cas si elle se sent enfin en sécurité quand la victime est séparée ou éloignée de son agresseur : dans le cas de l’inceste, la famille dysfonctionne, combien d’années faut-il à la victime pour s’éloigner de cette partie de famille empoisonnée ?

Entre 76% et 90% des femmes et des hommes prostitués ont des antécédents d’agressions sexuelles pendant leur enfance.

Le comble !
Si la victime « ose » parler de son agression sans prendre de nombreuses précautions, l’agresseur a le droit, lui, de porter plainte pour…diffamation !

Petit, autour de toi, le monde était à l’envers, adulte, grâce à la prescription, rien n’a changé ! C’est l’agresseur qui peut attaquer la victime…encore une fois.

Jean-Claude Guillebaud parle dans le même sens de l’inceste dans le Principe d’humanité :
« Le père qui possède sexuellement le corps de son enfant cède à un désir inhumain… Il brise le cours du temps. Il efface la parenté. Il interdit à la victime de prendre place dans la chaîne des générations. L’inceste est le cousin germain du génocide en ce qu’il aboutit à détruire l’individu en détruisant son lien de parenté. Ce qu’il violente, en somme, ce n’est pas seulement le corps de l’enfant, ou l’un de ses organes, c’est très exactement ce qui fonde son humanité. »

30 à 55% des jeunes fugueurs auraient été victimes d’agressions sexuelles.

Un enfant n’est ni une poupée, ni un pantin… ce n’est pas un objet, que l’on peut démonter, remonter, casser, détruire, puis reconstruire… pour recoller ensuite les morceaux,  l’inceste et la pédocriminalité sont des meurtres psychiques : ce sont des crimes.

La liste de signatures et des soutiens est un acte de révolte envers notre pays et de soutien envers les victimes enfermées dans le silence pour leur vie entière. Les viols sur les enfants et la prescription continuent de tuer des français tous les ans…

De nombreux artistes, citoyens, victimes, proches de victimes, médecins, professionnels, associations se joignent à nous, n’hésitez pas à nous rejoindre.
Cette cause mérite que nous soyons unis.
Faites circuler ce manifeste autour de vous.
Nos revendications :

1. Des moyens financiers supplémentaires de la part des pouvoirs publics pour -la prise en charge des victimes ; le soutien aux associations qui luttent au quotidien contre les violences sexuelles envers les enfants ; l’accompagnement des adultes ; un budget adéquat pour une justice plus digne.

2. Revenir d’urgence à la légalité à laquelle l’Etat ne saurait se soustraire : nous exigeons que le Ministère de la santé rende enfin le Rapport sur l’application complète de la LOI 2010-121 du 8 février 2010 (attendu depuis le 30 juin 2010) ; nous exigeons surtout que les buts inscrits dans la LOI n° 2010-121 du 8 février 2010, à savoir améliorer l’accompagnement médical et social des victimes d’inceste soient réalisés ; enfin nous exigeons la réinsertion dans le Code Pénal du mot « INCESTE » ôté il y a peu par le Conseil Constitutionnel, et la promulgation d’une nouvelle loi aussi complète que la loi abrogée.

3. Une formation de tous les professionnels (social, judiciaire, médical, éducatif…) concernant les viols sur mineurs, leurs conséquences, l’obligation de signalement et ce dès la formation initiale.

4. Des campagnes d’information et de prévention concernant l’inceste et la pédocriminalité en particulier à l’école, ainsi que des campagnes audiovisuelles à heures de grande audience. (Voir le livret de prévention gratuit : http://www.crifip.com/medias/files/livretmtr-web.pdf )

5. Soutenir et développer l’implantation de structures spécialisées en victimologie et psychotraumatisme.

6. Mettre en place des études et des recherches spécifiques concernant les viols sur les mineurs des deux sexes ainsi que leurs conséquences jusque tard dans l’âge adulte.

7. Avant recrutement, enquête de moralité et examen du casier judiciaire des intervenants auprès des enfants : travailleurs sociaux, assistantes maternelles et leur conjoint, enseignants, animateurs de centres de loisirs ou colonies, chauffeurs de bus scolaires…

8. Considérer l’enfant qui ose parler comme un enfant « présumé victime » même s’il a commis des actes de délinquance : ceux-ci sont souvent des appels au secours ou les conséquences de sévices subis (vols, toxicomanie, fugues, violences physiques…).

9. Prise en charge pluridisciplinaire de l’enfant victime avec un accompagnement psychologique systématique gratuit par des victimologues.

10. L’imprescriptibilité des crimes et délits sexuels envers les enfants afin que les victimes puissent porter plainte même au-delà du délai de 20 ans après la majorité, ce qui permettrait de protéger d’autres enfants des agresseurs : on le sait, ils peuvent faire des dizaines de victimes.
11. Dorénavant, les gardés à vue ont systématiquement droit à un avocat lors des auditions pour éviter les « dérives » de l’enquêteur. Nous exigeons qu’il en soit de même pour la victime lors de son dépôt de plainte afin de respecter l’égalité des droits.



Communiqué du Collectif Libertaire Anti-Sexiste contre le viol


Le viol est un acte de torture physique et mental banalisé et dont la gravité est généralement minimisée. Il est un pilier du machisme. Il en est aussi l'arme favorite, y compris dans les cas, plus rares, où les victimes appartiennent au genre masculin. La majorité des viols sont commis par des hommes. Même s'ils trouvent souvent des complices et des soutiens parmi les femmes, les violeurs et leurs allié-e-s sont des machistes, et ce quelles que soient leurs étiquettes idéologiques, leurs sexes et leurs genres.

La majorité des viols ne correspondent pas aux représentations fréquemment véhiculées. Il est rare que les violeurs soient des inconnus surgissant de ruelles sombres. La plupart d'entre eux font partie de l'entourage proche de leurs victimes et la majorité des viols sont commis en famille. Les victimes ont rarement la capacité ou la possibilité de se défendre physiquement au moment des faits en criant ou en se débattant. Certaines, du fait de leurs situations économiques, sociales, familiales et psychologiques, n'ont même pas la marge de manoeuvre suffisante pour pouvoir dire « non ». Les violeurs n'ont pas toujours recours à la brutalité physique. Ils opèrent souvent en exerçant une emprise et en semant le trouble dans l'esprit de leurs victimes, au moyen de la manipulation mentale, de l'intimidation, de la culpabilisation, du chantage et du marchandage. Ils utilisent parfois les privilèges dont ils bénéficient grâce à leurs positions hiérarchiques au sein des entreprises et des institutions. Certains utilisent aussi leurs privilèges économiques en payant leurs victimes pour acheter un simulacre de consentement et « avoir la conscience tranquille ».

Contrairement aux idées reçues et entretenues par les discours dominants, être un violeur n'est pas la conséquence d'une maladie ni de pulsions incontrôlables, mais celle d'une décision consciente. L'addiction sexuelle ne conduit pas au viol si la personne qui en est atteinte n'a pas la ferme volonté de dominer et de détruire. C'est pourquoi ces personnes passent beaucoup de temps à se masturber et/ou ont de nombreux rapports sexuels avec d'autres personnes, libres et consentantes, ce qui n'a absolument rien à voir avec le viol.

Les violeurs sont des individus responsables de leurs crimes car ils sont lucides, au moins au moment des faits. En effet, ils ne pourraient agir comme ils le font s'ils étaient délirants. Il est donc aberrant d'affirmer que les violeurs ont besoin qu'on prenne soin d'eux et qu'on leur vienne en aide. Au contraire, ils doivent être clairement sanctionnés. Le viol est le moyen qu'ils ont choisi pour traiter des êtres comme des choses et les réduire à néant. Ils ne souffrent pas de leurs crimes, ils en jouissent.

Comme l'indique l'Association Internationale des Victimes d'Incestes sur son site internet, les amalgames entre violeurs et malades mentaux ou anciennes victimes de viol sont des mythes infondés. Et même si quelques uns d'entre eux sont d'anciennes victimes, cela n'est en aucun cas une excuse car il n'existe pas de circonstance qui mériterait d'être prise en compte ni considérée comme atténuante. De plus, ces amalgames créent de la confusion au profit des violeurs en favorisant leur impunité, et stigmatisent d'une façon extrêmement insultante la grande majorité des personnes en souffrance psychique et des anciennes victimes de viol. Arrivée à l'âge de 30 ans, une femme sur trois a déjà été victime d'agression sexuelle au moins une fois dans sa vie : si un tiers des femmes âgées de plus de 30 ans était des violeuses, ça se saurait...

Celles et ceux qui défendent les violeurs ou leur cherchent des excuses ne sont pas animé-e-s par une prétendue neutralité, mais par la lâcheté, ainsi qu'une complaisance confortable pour leur « bonne conscience », soucieuse de faire l'économie d'un positionnement clair. Au contraire, la seule attitude qui soit courageuse, juste et digne est fondée sur la solidarité envers les victimes de viol. Cela implique de cesser de remettre systématiquement en question leurs témoignages (les cas d'affabulation sont d'ailleurs extrêmement rares). Cela implique aussi de n'accorder aux violeurs et à leurs soutiens aucun pardon ni aucun crédit.

Pourtant presque toujours, au sein du système judiciaire, comme au sein des familles et dans l'environnement social en général (entreprises, institutions, associations, partis politiques, etc...) c'est au violeur, présenté comme une victime, que le bénéfice du doute est spontanément accordé. On assiste à chaque fois plus ou moins au même scénario : loi du silence au nom de la « cohésion », culpabilisation de la victime qui est accusée de « trop parler » voir de mentir et de se « victimiser » avec injonction de « dédramatiser » et de pardonner...

La collaboration avec le violeur est l'attitude majoritairement adoptée, notamment par certain-e-s de celles et ceux qui se déclarent hypocritement partie prenante de la lutte contre le sexisme afin de soigner leur image, leur popularité, leur « bonne conscience », leur chance de gagner les élections, etc...

Bien qu'il s'agisse d'un crime commis très fréquemment et au sein de toutes les classes sociales et même s'il est le produit et l'instrument d'un système de domination, aucune affaire de viol ne peut être qualifiée, en aucun point, de banale sans en minimiser la gravité ; l'horreur de ce que la victime a subi et les bouleversements radicaux que cela entraîne dans son existence. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne les viols commis par des personnalités riches et célèbres, surtout lorsque les victimes sont économiquement et socialement vulnérabilisées par leur condition précaire de prolétaires, d'immigrées, de subalternes, de mineures, etc... C'est dans ces affaires là que se conjuguent toutes les formes de domination (sexisme, capitalisme, racisme, etc...), assortie d'une surexposition irrespectueuse, voir calomnieuse, de la victime par les médias.

D'autre part certain-e-s politicien-ne-s instrumentalisent, à des fins de propagande, des affaires de viols suivis de meurtres largement médiatisées pour renforcer l'arsenal des lois sécuritaires en matière de récidive. Ces politicien-ne-s ne dénoncent jamais le fait que le système judiciaire fonctionne comme si le vol, le vandalisme ou le téléchargement libre pouvaient être considérés comme des actes aussi graves et aussi condamnables que le viol, ou l'homicide. En effet, les lois déjà en vigueur ainsi que celles que ces politicien-ne-s veulent ajouter au code pénal concernent les atteintes aux biens au même titre que les atteintes aux personnes. Leur projet n'est surtout pas de remettre en question notre système politique et économique qui est entièrement fondé sur la confusion entre les êtres et les choses, notamment au nom du « droit à la propriété privée », bien au contraire.

C'est pourtant ce système qui permet et autorise que des êtres soient massivement traités comme des choses, le viol en est l'un des exemples les plus graves et les plus flagrants.

Pour toutes les victimes de viol : solidarité inconditionnelle!
Pas d'impunité pour les violeurs!