Les trois jeunes femmes de Cleveland séquestrées, torturées et violées pendant 10 ans par au moins un homme : un fait divers ?
– Muriel Salmona – Association Mémoire Traumatique et Victimologie
Nous
sommes sous le choc de cette information qui est tombée le 7 mai 2013
concernant trois jeunes femmes de Cleveland aux USA disparues depuis 10
ans qui venaient d’être retrouvées, l’une d’entre elle ayant en
l’absence de leur bourreau (pour l'instant un seul des trois frères
Castro, Ariel Castro est inculpé) réussi à alerter un voisin en
cherchant à s’évader.
Mais nous avons aussitôt assist é à tout un discours de minimisation et
de négation de la réalité particulièrement intolérable avec
l’habituelle incapacité de nombreux journalistes et spécialistes de
nommer précisément les violences, de parler de leurs conséquences
psychotraumatiques, et de les replacer dans un cadre plus politique de
violences et de crimes sexistes commis par des hommes envers des
femmes. Les mots crimes, viols, sévices, tortures, actes de barbarie ne
sont que trop rarement entendus, les journalistes ne parlant surtout
que d’enlèvement, de séquestrations, de calvaire, et même de syndrome
de Stockholm... On a également entendu qu’elles « allaient assez bien»,
«qu’elles parlaient normalement » !... « Qu’il fallait maintenant
qu’elles se réadaptent à la vie normale ». Qui peut humainement croire
que l’on peut aller « assez bien » après 10 ans de séquestration et les
pires violences qui soient, après 10 ans de terreur et de peur de
mourir permanente ? Que la souffrance psychique ne soit pas forcément
visible, que les victimes soient complètement déconnectées et
anesthésiées émotionnellement (dissociées) pour survivre et que ce soit
un indice de gravité de leurs traumas qui pourront être des bombes à
retardement, et de l’intensité de leurs souffrances ne vient à l’idée
de personne et de presque aucun spécialiste.
On a également entendu qu’elles « allaient assez bien»,
«qu’elles parlaient normalement » !... « Qu’il fallait maintenant
qu’elles se réadaptent à la vie normale ». Qui peut humainement croire
que l’on peut aller « assez bien » après 10 ans de séquestration et les
pires violences qui soient, après 10 ans de terreur et de peur de
mourir permanente ? Que la souffrance psychique ne soit pas forcément
visible, que les victimes soient complètement déconnectées et
anesthésiées émotionnellement (dissociées) pour survivre et que ce soit
un indice de gravité de leurs traumas qui pourront être des bombes à
retardement, et de l’intensité de leurs souffrances ne vient à l’idée
de personne et de presque aucun spécialiste.
Pour la seule raison qu’elles étaient des femmes : des
adolescentes de 14 et 16 ans (Gina DeJesus et Amanda Berry) et une
toute jeune femme de 21 ans (Michelle Knight) ont été kidnappées dans
la rue, en sortant de l’école, en quittant leur travail et séquestrées
pendant 9, 10 et 11 ans pour être privées de toute liberté et de tous
leurs droits dans les pires conditions, terrorisées, violées tout au
long de ces années avec dans ce contexte de terreur la naissance d’une
enfant, conçue lors de ces viols, une petite fille de 6 ans, et
d’autres grossesses qui auraient été interrompues par des coups (5
d’après la chaîne américaine NBC, mais cette information n'est pas
confirmée par la police), subissant une torture continue, les pires
sévices, les pires atteintes à leur dignité et à leur intégrité
physique et psychique, esclavagisées, transformées en objet sexuel,
isolées les unes des autres et enchaînées, soumises aux scénarios
pervers et à la loi délirante d’un homme dans une maison qui n’était pas isolée, avec de nombreux
voisins autour, dans un quartier populaire, sans que qui que ce soit ne
se rende compte de rien... On apprend que des voisins auraient entendu
des bruits de choc contre des portes, vu des jeunes femmes à quatre
pattes tenues en laisse dans le jardin ?!!!... Et on apprend que
d'autres jeunes filles disparues pourraient avoir été séquestrées et
violées... (cf article du Parisien du 9 mai 2013)
Est - ce seulement un fait divers criminel, un crime contre
l’humanité de ces jeunes femmes ou bien un crime contre l’humanité, un
féminicide qui nous concerne toutes et tous ?
Il ne s’agit pas d’un fait divers, mais d’un fait de société, un fait
politique qui illustre la condition des femmes, la domination masculine
et la haine sexiste qui peuvent à tout moment se déverser sur elles. Et
est tout à fait symptomatique de cette société composées de personnes
qui ne veulent absolument pas savoir ce qui peut se passer chez leurs
voisins, leurs amis, leurs proches, leur famille, dans le cadre de leur
travail, des activités sportives, des institutions scolaires, des
établissements de soin, etc., etc. Que les pires maltraitances, les
pires crimes sexuels s’y passent en toute impunité, faut - il le
rappeler les études de victimisation font état d’au moins 190 000 viols
par an en France (en comptant en plus des femmes adultes : 75 0000, les
mineurs qui représentent au moins 60% des viols filles et garçons et
les hommes adultes, cf chiffres) commis dans 80% des cas par des
personnes connues de la victime, seulement 8 % feront l’objet de
plainte et 1,5 à 2 % de condamnation : le crime parfait qui assure une
impunité quasi totale. Si l’on veut commettre des crimes, des
atrocités, de s tortures, les violences sexuelles sont ce qu’il y a de
mieux pour le faire sans risque, à répétition, dans l’indifférence
générale. Ces crimes ne seront pas connus et les victimes ni entendues,
ni protégées, ni soignées, et même s’ils sont dénoncées, la grande
majorité des victimes ne seront pas crues, traitées de menteuses, ou
bien on considèrera qu’il s’agit en fait de sexualité et que la victime
était consentante (dans une confusion atroce entre violences et
sexualité, avec une vision pornographique de la femme qui aime - la
s... - subir les pires violences et sévices sexuels), ou bien que la
victime est coupable de s’être exposée, de ne s’être pas assez
protégée, pas assez défendue, pas n’avoir parlé assez tôt. On
considèrera que ce n’est que parole contre parole, « alors comment
faire pour avoir des preuves ?», tout en ne les cherchant pas du côté
de l’agresseur et en faisant une enquête à charge du côté de la
victime, on déqualifiera plus de la moitié des viols en agression
sexuelle dans un déni de réalité effrayant. Les victimes qui auront osé
porter plainte seront maltraitées et non protégées tout au long de
leurs parcours judiciaire, dans une indifférence et un manque
d’empathie étonnants. Les agresseurs ne seront dans leur grande
majorité ni inculpés, ni condamnés. Leur intentionnalité et leur
logique de prédation et de préméditation ne seront pas recherchées, ni
dénoncées, ni reconnues. Qui aura peur pour les prochaines victimes ?
Dans quel monde vit - on ? Comment vivre dans un monde qui tolère la
perpétration de ces crimes sexistes sans y réagir ?
Un monde où être née femme scelle votre destin et fait de vous une
proie potentielle où que vous soyez, quels que soient votre histoire,
vos croyances, vos engagements, votre milieu d’origine, votre statut
social, vos études, votre travail, votre personnalité, votre âge, votre
aspect physique, etc... Destin effarant d’être un jour ou l’autre une
proie, sous couvert de sexe, pour un homme ou un groupe d’hommes, et
d’être injuriée, agressée, violée, torturée et tuée... d’être condamnée
à vivre dans un monde de non - droits, un monde où le féminicide est
omniprésent.
Comment vivre dans un monde ou tout est banalisé, retourné. Les pires
crimes ne sont pas nommés. La réalité des tortures qu’ont vécu les
victimes n’est pas reconnue. L’impact et les conséquences
psychotraumatiques de ces violences sont minimisés, méconnus voir même
niés. Et ils ne font quasiment jamais l’objet de diagnostic, de prise
en charge et de soin, alors que ces violences sont celles qui sont les
plus psychoytraumatogènes et qu’elles entraînent de graves atteintes
psychologiques et physiques, alors qu’il est reconnu que ces violences
si elles ne sont pas prises en charge sont un des déterminant principal
de la santé même des dizaines d’années après : en sachant que les
traumatismes sont d'autant plus graves que la victime est plus jeune,
les enfants même très petits seront gravement impactés par les
violences qu'ils subissent ou dont ils sont témoins, même s'ils n'ont
pas de souvenirs des violences, ils auront une mémoire traumatique de
celles - ci, et seront traumatisés. Dans un contexte de violences des
troubles psychotraumatiques peuvent se mettre en place chez l'enfant
avant même la nai ssance, au moins à partir du 7ème mois de grossesse,
c'est dire à quel point la petite fille de 6 ans d'Amanda Berry aura
besoin de prise en charge et de soins (malgré les mises en scène
médiatiques qui relaient sans recul les propos du chef adjoint de la
police locale sur cette petite fille : Elle a l'air en forme, heureuse,
en bonne santé, et elle a mangé une glace la nuit dernière).
Et - scandale de santé public sans nom - en France (et dans de très
nombreux pays) les médecins (qu’ils soient généralistes ou
spécialistes) ne sont toujours pas formés en psychotraumatologie et en
victimologie, que ce soit en formation initiale ou continue !!!!!...
Les médecins ne connaissent pas la réalité des violences subies par
beaucoup de leurs patients et surtout patientes, ni les troubles
psychotraumatiques, la sidération (la paralysie psychique et motrice au
moment des violences) qui va être à l'origine d'un stress dépassé et
d'un risque vital (cardio - vascuaire et neurologique avec des
atteintes neuronales et des circuits neurologiques), ni les mécanismes
de survie neuro-biologiques face au stress extrême (disjonction avec la
production de drogues endogènes morphine et kétamine - like) qui
entraînent une dissociation (avec une anesthésie émotionnelle et un
sentiment d’étrangeté et de dépersonnalisation) et l’installation d’une
mémoire traumatique
(mémoire émotionnelle et sensorielle piégée qui n’a pas pu être traitée
et intégrée par le cerveau et qui va revenir hanter la victime en lui
faisant revivre à l’identique ce qu’elle a vécu, ressenti, entendu
par des flash - backs, des réminiscences, des hallucinations
sensorielles, des cauchemars, au moindre lien qui rappelle les
violences), ils n’en connaissent pas les conséquences graves sur la
santé qu’elle soit physique et mentale, et sur la vie quotidienne des
victimes et le risque suicidaire, le risque de conduites à risque et
addictives, le risque d’accidents, d’échecs scolaires, professionnels,
dans sa vie affective, le risque de marginalisation et d’exclusion, le
risque prostitutionnel . Ils sont donc dans leur immense majorité
incapables de repérer les violences subies par leurs patientes et leurs
conséquences, de les protéger, de proposer des soins adaptées, hors les
troubles psychotraumatiques se traitent et on peut déminer la mémoire
traumatique, décoloniser les victimes des violences et des mises en
scène des agresseurs, et éviter ainsi de grandes souffrances et de très
nombreuses conséquences.
Les victimes de viols, de violences sexuelles et de maltraitances sont
donc laissées sans soin, sans information : il n’y a quasiment pas de
centres de soins spécifiques pour elles, ni de médecins formés ! Il
s’agit d’une grave atteinte à leurs droits et une perte de chance pour
leur santé ainsi qu’une non - assistance à personne en danger !
Il y a URGENCE alors que les connaissances internationales sur
les troubles psychotraumatiques sont bien répertoriées depuis les
années 1980 (définition de l’état de stress post - traumatique) ! Que
l’on sait que ce sont des conséquences normales que toute victime peut
présenter, dues non à la victime mais à la gravité de ce qu’elle a subi
et à l’intentionnalité de la détruire de l’agresseur ou des agresseurs.
Que les connaissances sur les conséquences sur la santé ont fait
l’objet de grandes quantité de publications internationales et que l’on
sait qu’avoir subi des violences particulièrement dans l’enfance est un
des déterminants principal de la santé de nombreuses années après (cf
Felitti et Anda, 2010 : avec des risques non seulement d’atteintes
psychologiques, mais également neurologiques, des atteintes cardio -
vasculaires, pulmonaires, endocriniennes, immunologiques, digestives,
gynécologiques, dermatologiques, etc.). Que l’OMS a reconnu depuis 2010
qu’avoir subi des violences faites aux femmes est un des déterminant
principal de leur santé. Que les mécanismes psychologiques et neuro -
biologiques en cause et leurs traitements sont de mieux en mieux
connus, que ce sont des conséquences logiques d’actes criminels
perpétrés dans le but de générer le maximum de souffrance chez les
victimes, et d’organiser délibérément chez elles un traumatisme qui
sera utile à l’agresseur comme une drogue pour s’anesthésier et mettre
en place sa domination Qui se préoccupe réellement de ce qu’ont
vécu les victimes de violences sexuelles et de sévices physiques ? Qui
se préoccupe de ce qu’elles vivent au quotidien, de l’enfer que sont
les troubles psychotraumatiques avec une mémoire traumatique qui leur
fait revivre continuellement les pires moments, les pires sentiments de
terreur et de détresse, les pires douleurs, les pires atteintes à leur
dignité ? On les abandonne, sans rien reconnaître de ce qu’elles ont
subi, sans remettre le monde à l’endroit, sans les aider à se
décoloniser de toute cette violence qui les hante et les torture encore
et encore, de toutes les phrases assassines et les scénarios pervers
des agresseurs qui organisent chez elles un sentiment de culpabilité et
de honte, et une estime de soi catastrophique, sentiments crées de
toute pièce et relayés par un entourage contaminé par tous les
stéréotypes les plus aberrants. Elles se retrouvent seules, sommées de
prendre sur elles, de faire comme si, «de tourner la page», de ne pas
se victimiser, à devoir survivre à des souffrances que personne ne
pourrait supporter, à des attaques incessantes sur elles, leur
incapacité à avancer, à ne pas se plaindre. Dans un retournement perver
s particulièrement cruel on les accuse d’être les propres responsables
de leurs tourments, de leurs propres destructions, ou bien on les
considère comme folles (les troubles psychotraumatiques étant pris pour
des symptômes psychotiques par méconnaissance). Quoi de plus horrible à
vivre ?... Elles se retrouvent à devoir mettre en place des stratégies
de survie pour quand même tenir coûte que coûte faites de conduites
d’évitement, de contrôle et de conduites anesthésiantes . Mais ces
stratégies hyper coûteuses et invalidantes pour elles, leur seront
aussi continuellement reprochées et seront utilisées souvent pour
disqualifier leurs paroles. Et le peu de traitement qu’on leur propose
est uniquement symptomatique, non rapporté et centré sur les violences
subies , et le plus souvent dissociant et anesthésiant, voire violent
(camisole chimique, enfermement, contention, électrochocs,...).
Qui se préoccupe de tout ces enfants, de toutes ces adolescentes,
de toutes ces femmes qui actuellement qui sont à l’heure actuel le
séquestrées par des criminels qui peuvent être leurs proches pour subir
des tortures et des leurs parents, leurs conjoints viols à répétitions,
qui se préoccupe vraiment de toutes ces femmes qui disparaissent, de
toutes ces prostituées qui disparaissent. Combien sont - elles ces
victimes qui sont rendues invisibles, qui sont baillonnées, menacées ?
Combien sont - ils ces bourreaux qui peuvent commettre les pires crimes
en toute impunité ? Elles peuvent être nos voisines. Ils peuvent être
nos voisins si serviables, si sympathiques... (comme le principal
accusé, Ariel Castro, est décrit : "il aimait emmener des jeunes du
quartier faire un tour sur sa moto, jouait de la basse dans des
groupes de salsa, et se mêlait au voisinage lors de barbecues. Il
participait même aux évènements menés pour retrouver les filles
disparues comme des marches en leur honneur ou des distributions de
tracts." cf article du Le Monde). Ils peuvent être ces personnes
importantes, élus, médecins, universitaires, hauts fonctionnaires,
personnes du monde du cinéma, des médias que tout le monde ou presque
admire... Qui se préoccupe des victimes qui les ont déjà souvent
accusés de violences ?... En 2005, l'ex - femme d'Ariel Castro avait
porté plainte contre lui pour violences conjugales sans qu 'il soit
inculpé, "l'accusant d'avoir "souvent enlevé" leurs deux filles et de
les avoir "empêché d'être avec (leur) mère" . Les documents judiciaires
indiquent en outre que Grimilda Figueroa, décédée l'an dernier, avait
eu deux fois le nez brisé, des côtes cassées, les épaules luxées, et
qu'elle avait demandé au juge "d'empêcher (Castro) de menacer de la
tuer" . Ariel Castro, le 22 avril avait posté une affiche sur laquelle
était écrite : «Une vraie femme n’utilisera pas son enfant comme arme
contre le père quand la relation se brise. Ne perdez pas de vue que
c’est l’enfant qui souffre.» !!...
Il est temps d’ouvrir les yeux, de ne plus tolérer cette violence
faite aux femmes et l’impunité dont bénéficie les agresseurs. Il est
temps que les victimes soient enfin réellement secourues, protégées,
soutenues. Il est temps d’être solidaire des victimes, de s’indigner de
ce qu’elles ont subi et de dénoncer les coupables. Il est temps de leur
redonner la dignité et la valeur que leur a déniées l’agresseur et ses
complices. Il est de temps de leur rendre enfin justice, de leur donner
des réparations à hauteur de ce qu’elles ont subi et de les soigner.
Pour cela, il faut agir, dénoncer, demander des compte, exiger, se
révolter... Mobilisons - nous ! Exigeons une vraie info rmation sur la
réalité de ces violences, la mise en place d’une formation des
professionnels de la santé et de tous les professionnels qui prennent
en charge et accompagnent les victimes, l’ouverture de centre de crise
et de soins pour les victimes de violences, et une justice digne de ce
nom.
Source : e Courrier de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et la Pauvreté N°224 - 8 mai 2013
Projet Ulule de BD sur les violences sexuelles faites aux enfants,
nous avons besoin de vous !
LE PROJET Chaque année, un collectif d'auteur-es
(scénaristes, dessinateurs-trices, journalistes) sortira une Bande
Dessinée thématique sur le thème des
violences sexuelles faites aux enfants afin de mieux informer la
société dans son ensemble. Les bénéfices seront reversés à une
association de
lutte et de prévention contre l'inceste et la pédocriminalité. Cette BD
sortira le 20 novembre, journée internationale des droits des enfants.
LE THÈME DE CETTE ANNÉE
Cette année, notre projet aura pour thématique "L'affaire d'Outreau".
Pourquoi? Nous
avons tous été sur-informés pendant l'affaire dite d'Outreau. Elle a
traumatisé les consciences et déstabilisé l'institution judiciaire.
Jamais une affaire retentissante n'avait aussi peu divisé l'opinion
publique. Comme si l'esprit critique avait été anesthésié. Pourquoi ?
Dix ans après, il est temps de s'interroger, de façon dépassionnée, sur
ce phénomène qui nous a submergés. Outreau, un symbole de l'erreur
judiciaire ? Que treize des dix-sept accusés aient été acquittés après
un ou deux procès, n'est-ce pas le fonctionnement normal de la justice
? Le véritable problème n'est-il pas celui de la détention provisoire ?
Outreau, un fiasco judiciaire ? Oui, mais ce n'est pas celui qui a été
dit.
Les enfants ont bien été victimes de violences sexuelles, qui s'en souvient?
Comment le procès s'est-il déroulé? Pourquoi 10 ans après un tel
malaise persiste-t-il? Comment "l'affaire d'Outreau" est-elle devenue
une arme de destruction contre la parole des enfants victimes de
violences sexuelles au sein de nos tribunaux?
Les bénéfices de ce projet seront reversés à 2 associations : Le Monde à Travers un Regard et Innocence en Danger.
Merci de ce que vous pourrez faire pour permettre à cette action de voir le jour.
Si vous êtes dessinateur/trice et que vous souhaitez participer à cet ouvrage, contactez-nous.
Se
vendre est dégradant, violent et le contraire de la
liberté
Auteures :
Tanja
Rahm, sexologue et auteure
Alice Viola, conseillère et
thérapeute
Christina Christensen, éducatrice
Lita
Malmberg, éducatrice sociale au chômage
Pia Christensen,
cand. mag. (Bacc. au Danemark)
Odile Poulsen, auteure et
psychothérapeute
Les
auteures sont toutes des femmes ayant passé par la prostitution
Nous
sommes six femmes qui avons été dans la prostitution. À bien des
égards, nous sommes semblables aux femmes décrites par Politiken
dans sa série d'articles «Le Bordel - Un milieu de travail au
Danemark». Leurs paroles étaient nos paroles quand nous étions
dans la prostitution.
Cinq d'entre nous se sont dit à
elles-mêmes et au monde autour d’elles qu’elles choisissaient de
le faire. Que nous aimions le sexe, gagnions beaucoup d'argent et
recevions beaucoup de reconnaissance. Que nous étions complètement
en contrôle de ce que nous faisions.
Les médias décrivent
souvent les femmes qui sont en prostitution comme fortes, libres et
comme ayant une relation saine et avide au sexe – ce fut récemment
le cas dans la série d’articles «Le bordel». Le récit de la
femme aimant le sexe qui libère sa sexualité dans la prostitution
est aussi le récit que veulent entendre la plupart des gens, et
surtout les hommes qui achètent du sexe.
Les personnes
comme nous vivent exactement le contraire. Quand nous prenons part au
débat public sur la prostitution et signalons les éléments et
conséquences destructrices de la prostitution, on nous dit que
quelque chose d’autre doit clocher dans notre cas.
Car ce
ne peuvent pas être les années passées dans la prostitution qui
nous ont valu insomnie, dépression, perte de mémoire, pensées
suicidaires, haine de soi, douleur, arthrite, anxiété, problèmes
avec les rapports intimes et ainsi de suite.
Même si des
centaines de femmes dans notre situation témoignent des mêmes
conséquences douloureuses de la prostitution, cette connaissance ne
compte pas dans le débat actuel. «Le bordel» véhicule le discours
dominant: la prostitution est libératrice et inoffensive.
Mais
ce qui n’est pas signifié clairement dans ce discours, c'est que
l’industrie du sexe peut apparaître sous un jour très différent
après que l’on en soit sortie. Écarter cette perspective peut
contribuer à une banalisation de la prostitution et amener des
jeunes femmes à penser que c'est un moyen sans danger de gagner de
l'argent, ce qui n’est pas le cas.
Nous sommes nombreuses
à avoir dû constater que la prostitution n'est pas un choix libre
ou libérateur, mais une transgression de nos limites, une activité
violente et non libre. Nous avons perdu contact avec nous-mêmes.
Afin d’arriver à y résister.
Les «travailleuses du sexe
satisfaites» sont acclamées par les médias avec une rectitude
politique exceptionnellement acritique.
Le journaliste de la
série «Le bordel» a accepté sans broncher toutes les
contradictions en cause. Pourtant les femmes qui sont dans la
prostitution ne sont pas faites de verre. Pourquoi ne devraient-elles
pas répondre à des questions cruciales? Comment, par exemple,
vont-elles éviter d'être exploitées par des proxénètes s’il
leur faut un-e téléphoniste et un garde de sécurité? Comment
vont-elles inciter les hommes à cesser d'acheter des étrangères
qui n'ont pas accès à ces fameux «droits » – parce
qu’après tout, elles coûtent bien moins cher? Comment le fait
d'être membre d'un syndicat vous protège-t-il d'être agressée par
les acheteurs? Comment une prostituée peut-elle avoir accès à
l’assurance-chômage? Après tout, vous n’auriez qu’à vous
poster sur le trottoir.
«Le
bordel» donne l'impression que la stigmatisation réside dans le
fait que certaines personnes disconviennent que la prostitution est
une profession acceptable. La vision dégradante des femmes
qu’entretiennent les acheteurs de sexe est occultée quand les
femmes interrogées les décrivent comme des hommes doux qui aspirent
simplement à un peu de proximité et d'intimité.
On parle
beaucoup de liberté de choix. Mais ce discours semble dénué de
sens à nos yeux, parce que la prostitution, qu’elle soit ou non
librement choisie, dévore notre dignité. Quand la société ne veut
pas renoncer à l'idée qu’il est naturel que certaines femmes
soient vendues, la stigmatisation persiste. Et notre douleur est
balayée sous le tapis, sous prétexte que nous l’avons nous-même
choisie.
Nous avons énuméré ci-dessous nos expériences
et nos opinions respectives sur le fait d'être dans la
prostitution:
Tanja: «J'étais supérieure, forte. Mais la
façade s'effritait. Je suis devenue accro à la cocaïne pour
pouvoir continuer. Ai-je été une victime trop faible, veule? Non.
J’ai survécu et je me suis dotée d’une vie valable. Mais je
vois comment les femmes dans ma situation doivent constamment lutter
contre des problèmes psychologiques, retourner à l'hôpital, subir
des chirurgies.» (...) « Les femmes qui quittent la prostitution
parlent d’autre chose que d’orgasmes et d’hommes doux. Nos
expériences sont les plus stigmatisantes. Parce que les autres
femmes ne veulent pas se rendre compte que leurs hommes sont
peut-être des acheteurs de sexe, des tricheurs. Les hommes, eux, ne
veulent pas perdre leurs illusions au sujet de femmes constamment en
chaleur qui adorent baiser pour de l'argent. Quant à la société,
elle craint d’être perçue comme moralisatrice et frigide si elle
n’accueille pas à bras ouverts n’importe quels excès sexuels.
Le coût de dire ce que personne ne veut entendre est la
condamnation.»
Alice: «En tant que mentore à l’organisme
Swan Groups, je rencontre beaucoup de gens qui trouvent très pénible
l’idéalisation habituellement unilatérale de la prostitution par
les médias. Dans un groupe Swan, vous pouvez acquérir une meilleure
perspective sur cet enjeu. En effet, laquelle d’entre nous ne se
disait pas heureuse avant de découvrir quelque chose de différent?
Un très grand nombre des femmes réunies à Swan n’ont découvert
que plus tard la pénible réalité. La quasi-totalité d'entre elles
éprouvent des problèmes avec la proximité, l'intimité, la
confiance et le sexe. Cela a de graves conséquences pour leurs
relations avec leurs partenaires, leurs enfants et d’autres
personnes. En prostitution, la liberté est une illusion, une
impression factice de puissance et un mensonge qui empêche
l'acheteur de sexe et la femme de sortir du ring.»
Christina:
«Quand j'étais dans la prostitution, je suis allée parler aux
médias, en vantant les joies de la prostitution. C'était une énorme
auto-illusion que j'entretenais pour survivre. Je me suis plusieurs
fois depuis interrogée au sujet de mes droits. Aurais-je pu éviter
le syndrome de stress postraumatique, la perte de mémoire, la
dépression, les troubles du sommeil et mon anxiété générale, si
j'avais eu le droit de consulter un-e professionnel-le de la santé
aux deux semaines ou si j’avais été membre du syndicat et
autorisée à des prestations d’assurance-maladie? Non. Les
acheteurs de sexe diffèrent des autres hommes sur un seul point: ils
peuvent justifier à leurs propres yeux l’achat de sexe. Je les
trouvais pitoyables quand ils pensaient avoir le droit de se servir
de moi parce qu'ils avaient payé pour cela. Ils justifiaient leurs
actions en me disant: «Wow, c'est tellement cool que vous soyez si
forte ; je ne pourrais jamais baiser avec une des femmes
faibles.» À leurs yeux, je ne pouvais faire partie de celles qui
étaient brimées. Comme ils avaient tort. Faire semblant d’être
forte est juste la façon de livrer la marchandise.»
Lita:
«Les droits à obtenir devraient être le droit de quitter la
prostitution. De l’aide pour résoudre les problèmes dont écopent
habituellement les femmes dans la prostitution, de l'aide pour
accéder à des formations et à des emplois. Les gens devraient
avoir le droit de ne pas avoir à se vendre. Et ne vous méprenez
pas: c'est vous-même qui êtes vendue. Ce n'est pas une simple
performance. Vous êtes seule et nue avec un étranger couché sur
vous, qui grogne et sue et vous suce les seins pour finalement se
vider en vous. Voilà ce que c'est que d'être prostituée. Oui, il y
en avait toujours un pour dire: «Je serai rapide, pour que ce ne
soit pas trop désagréable pour vous.» Mais s’il pensait que
c'était si désagréable pour moi, pourquoi le faisait-il? Ce manque
de maîtrise de soi me dégoûtait. La seule chose qui les
intéressait réellement était nos mensurations et ce qu'il leur en
coûtait. Nous étions décrites et vendues comme de simples
sandwiches.»
Pia: «J'ai été violemment forcée à me
prostituer. Que des femmes danoises puissent également être forcées
à la prostitution est une chose dont on ne parle jamais, mais je
suis loin d'être la seule. Ma situation ressemble à celle des
prostituées étrangères, qui ont-elles aussi souvent des proxénètes
– oui, même les prostituées danoises «volontaires» ont parfois
de ces types. Beaucoup de femmes ont honte, même si elles ont choisi
de se prostituer, et aimeraient beaucoup arrêter. Alors pourquoi
certains politiciens s’activent-ils tellement à normaliser
l'industrie du sexe, pour que le plus grand nombre possible de femmes
puissent y rester aussi longtemps que possible? On devrait faire
beaucoup plus pour sortir les femmes de la prostitution.»
Odile: «Il est devenu inacceptable de parler des dommages que
nous laisse la prostitution – ce serait détruire l’image
courante de la prostitution comme activité sexuelle mutuelle et
libertaire. Les femmes qui n'ont pas été dans la prostitution et
qui ne pensent pas que celle-ci sert la société, les prostituées
ou les acheteurs de sexe, sont traitées de frigides, de sexuellement
réprimées, de vieilles filles moralisatrices. Alors, comment est-il
possible de discuter?»
La misogynie n’a pas sa place dans le féminisme
Trans et masculinistes tentent de faire annuler un congrès de féministes radicales
Lauren Rankin est
« une étudiante de troisième cycle en Women’s and Gender Studies à
l’Université Rutgers ». Elle a récemment écrit un article d’opinion
intitulé « La transphobie n’a pas sa place dans le féminisme » (1). Les
arguments mis de l’avant n’apprendront rien de neuf aux féministes
radicales (« fém rad »). Mais ce qui m’a étonnée, et m’a incitée à
écrire ce commentaire, est le fait que Mme Rankin utilise une citation
de Simone de Beauvoir à l’appui de son argument. Cette phrase sera
familière à quiconque possède la connaissance la plus superficielle du
féminisme :
« On ne naît pas femme, on le devient » (dans Le Deuxième Sexe.)
Si on lit le contexte dans lequel Simone de Beauvoir a formulé cette
célèbre affirmation, il est clair qu’elle faisait allusion à la
féminisation forcée des femmes. Elle disait que ce processus débute dès
le jour de notre naissance. Elle notait que les femmes ne sont pas nées
« féminines », mais que l’endoctrinement social nous impose cette
identité ou, pour reprendre ses propres mots, « c’est l’ensemble de la
civilisation qui élabore ce produit ». Elle ne disait pas, comme
Mme Rankin semble sous-entendre, que « n’importe qui peut devenir une
femme ». Non, il s’agit là d’une affirmation propre à Mme Rankin, et le
fait d’utiliser une citation de de Beauvoir en 1949 à l’appui de son
argument (bancal) est, au mieux naïf, et au pire malhonnête. Accordons à
Mme Rankin le bénéfice du doute et tenons pour acquis que la diplômée
d’études féministes et de genre de Rutgers n’a pas lu Beauvoir dans le
cadre de ses cours.
Le problème avec les phrases lancées par Mme Rankin et d’autres
féministes libérales, c’est qu’elles ne permettent aucune discussion. Si
des féministes radicales disent considérer les femmes trans comme des
hommes, elles sont immédiatement qualifiées de « sectaires » et toutes
les voies de communication sont fermées. Le mot « bigotry » (fanatisme)
est utilisé pas moins de 11 fois dans l’article relativement court de
Mme Rankin et, dans chaque cas, il est utilisé pour décrire celles que
Mme Rankin juge coupables de transphobie : les « fém rad » dont elle
parle.
Regardons les autres termes utilisés pour décrire les féministes
radicales : « acerbes », « agressives », « violentes ». Le mot
« acerbe » suggère l’amertume, une insulte souvent utilisée par les
hommes pour rabaisser les femmes qui osent dire ce qu’elles pensent.
Mais j’ai encore plus de mal avec la prétention selon laquelle les
féministes radicales sont « agressives » et « violentes ». Il n’est pas
agressif de faire valoir qu’un mâle humain est de sexe masculin. Il
n’est pas agressif d’exprimer un désir d’espaces réservés aux femmes. Et
si Mme Rankin a des exemples précis de notre « violence », elle n’a
offert aucun élément de preuve de cette allégation assez sérieuse.
On pourrait dire qu’il serait agressif de faire bruyamment campagne
contre le droit d’un groupe marginalisé dans la société de tenir une
conférence. On pourrait dire qu’il serait agressif de tenter d’empêcher
des femmes de se réunir dans un espace réservé aux femmes où elles
peuvent se sentir en sécurité et où elles peuvent être certaines que
leurs voix seront entendues. On pourrait dire qu’il serait violent de
menacer le personnel d’un centre où une telle conférence devait être
tenue. Tout cela est arrivé (2), mais aucune de ces agressions et de ces
violences n’a été perpétrée par des féministes radicales. Les parties
responsables dans ces situations sont des militants trans (soit des
personnes trans et d’autres personnes qui s’identifient comme
féministes) et des masculinistes (partisans extrémistes des droits des
hommes). Aucune de ces agressions et de ces violences n’est mentionnée
par Mme Rankin. Et, fait révélateur, elle a omis de mentionner que la
personne même qu’elle cite dans son article, Sophia Banks, est la
première personne à avoir appelé les masculinistes à l’« aide ».
Le dernier paragraphe du texte de Mme Rankin vaut la peine d’être
cité intégralement juste au cas où vous n’en avez pas saisi le sens à
première lecture :
« Les femmes trans sont des femmes. Comment puis-je le savoir ? Parce qu’elles disent qu’elles sont des femmes.
Parce qu’elles s’identifient comme femmes. Parce que votre expression
de genre n’est pas dictée par le sexe avec lequel vous êtes né. Parce
que moi, et bien d’autres féministes cisgenre, faisons confiance aux
femmes trans quand elles disent qu’elles sont des femmes. Parce que les
femmes sont des femmes, et c’est vraiment tout ce qu’il y a à en dire. »
[C’est moi qui souligne.]
Avez-vous entendu cela ? Dès qu’un homme dit qu’il est une femme, il
en est une. C’est tout. Aucune remise en question de cette affirmation
n’est tolérée (ce serait du « sectarisme »). Contester un homme qui nous
dit qu’il est une femme est être « transphobe ».
Oh, Mme Rankin... les hommes disent aux femmes quoi faire depuis le
début des temps. Il n’y a pas très longtemps, les hommes disaient aux
femmes que le cerveau féminin ne pouvait faire face à la responsabilité
du vote. Plus récemment encore, les hommes disaient aux femmes que le
cerveau féminin ne pouvait faire face à la responsabilité d’un prêt
hypothécaire. Chaque jour, des hommes disent aux femmes ce qu’elles
doivent porter et quelle apparence avoir et comment elles doivent se
comporter. Chaque jour, les hommes disent aux femmes que leur rôle
social est de répondre aux quatre volontés des hommes. Et maintenant,
les femmes se font dire par (certains) hommes d’accepter sans conteste
qu’ils sont, en fait, des femmes.
Certaines femmes font ce qu’on leur dit, comme c’est leur place en
tant que sexe subordonné. D’autres femmes (les « fém rad ») choisissent
de ne pas se laisser dire quoi faire par des hommes. Certaines femmes
choisissent de ne pas se laisser faire la leçon. Certaines femmes
tiennent tête aux hommes qui nous disent que nous ne pouvons pas nous
réunir à moins qu’ils ne soient invités, certaines femmes luttent contre
les hommes qui nous disent avoir un droit d’accès aux zones où des
filles et des femmes peuvent se déshabiller, certaines femmes
choisissent de ne pas se laisser dire quoi faire par des hommes.
Nous n’avons pas confiance aux hommes quand ils disent qu’ils sont
des femmes (nos livres de biologie nous disent le contraire). Nous
n’avons pas confiance aux hommes qui utilisent l’agression et la
violence pour essayer de nous empêcher de nous réunir. Nous n’avons pas
confiance aux hommes qui essaient de nous dire quoi faire ou comment
penser ou comment nous comporter, car nous ne sommes pas les
marionnettes des hommes. Tout homme qui veut notre confiance doit
d’abord la gagner, et le fait de jouer les gros bras et de poser des
exigences et de nous dire quoi faire aura certainement l’effet inverse.
Tenir tête aux hommes n’est pas du sectarisme mais une démarche de
préservation parce que les hommes sont des hommes et les femmes sont des
femmes, et c’est vraiment tout ce qu’il y a à en dire.
Voici une caricature sommaire sur le point d’intersection, chez
certains hommes, de l'apitoiement sur soi, du pouvoir, du viol, de la
territorialité, de la misogynie et de la peur des femmes. On voit cela
un peu partout en ligne sous la forme de masculinistes, (dont il existe
quelques spécimens raisonnables et non misogynes), des Hommes qui Vont
Leur Propre Chemin, des dragueurs, et des types qui vantent la Pilule
Rouge parce que « La Matrice » est un bon film. Allez vérifier ce
qu’ils disent si vous avez l’estomac bien accroché. Il s’agit
d’exemples extrêmes, mais ces idées se retrouvent partout en version à
peine plus subtile.
En surveillant depuis un certain temps leurs blogs et leurs canaux
YouTube, j'ai remarqué qu'au-delà de leur chauvinisme patriarcal
habituel, ils
manifestent une profonde terreur des femmes : ce qu’elles vont me
faire, comment elles vont me rejeter, ou se servir de moi, comment
elles transforment la société d'une façon qui ne me favorise pas,
comment elles amènent les hommes à des attitudes que je n’aime pas,
dans quelque chose que je n'aime pas, comment elles deviennent
elles-mêmes quelque chose que je n'aime pas, leur réticence à me donner
ce que je veux, à me donner ce que pense être légitimement à moi. Cela
va au-delà de la peur du féminisme – c’est la peur des femmes à l'état
pur. Et cela, pour citer une marionnette, mène à la colère et la haine.
C'est triste.
Je suis un féministe. Je pense qu'il y a suffisamment de crème glacée
pour tout le monde, mais cela signifie que ceux d'entre nous qui en
avons 3 boules pourrions avoir à en céder une ou deux. En outre, La
Matrice est un film divertissant, mais vous ne devriez sans doute pas
en faire le fondement d’une philosophie.
*** J’ai fini par fermer les commentaires parce que l’Internet, vous
savez comment d’est. Certains des commentateurs ont même demandé
eux-mêmes que je ferme cette section. SI vous voulez me parle, laissez
moi un MESSAGE VIMEO.
*** J'ai répondu à quelques questions, et à certaines critiques et j'ai
écrit longuement sur ce pourquoi je ne vais pas patauger dans la guerre
de commentaires qui s’étale ici. Veuillez lire ces commentaires avant
de péter un plomb. Pour le reste d'entre vous, continuez à
m’impressionner !
Scott Benson
Le film "Outreau, l'autre vérité" ne doit pas être censuré !
La sortie en salles du film de Serge Garde : « Outreau,
l'autre vérité » a donné lieu à un phénomène qui serait sans doute
amusant de commenter s'il n'était pas si grave.
- Nous voyons que le public se montre admiratif et reconnaît
l'intérêt des témoignages qu'il comporte, exprime sa reconnaissance pour
l'éclairage qu'il apporte sur une affaire qui a suscité les passions et
laissé le trouble chez tous ceux qui ont dû s'accommoder d'une issue
qui dépasse l'entendement. C'est en raison du mauvais ancrage de ce
mythe que le sujet revient constamment sous les feux de l'actualité, un
peu à la manière de consommations indigestes que l'estomac se refuse à
digérer et qui provoquent des renvois sporadiques. Tout ce qui peut
favoriser la compréhension de cette affaire est donc salutaire et
constitue une étape qui s'accomplira nécessairement.
- Nous voyons par ailleurs que loin de s'allier à cette démarche
d'assainissement, les médias s'acharnent à dépeindre cet éclairage comme
un plat empoisonné. Ils ne sont pourtant pas étrangers à la tournure
que l'affaire d'Outreau a prise dans les esprits dès le début de
l'affaire. D'abord à cause d'une recherche de sensationnel qui a
gravement affecté la présomption d'innocence, puis à cause d'un
emballement en sens inverse, appuyé par des articles de presse, des
images marquantes, des ouvrages largement diffusés, mais qui a laissé de
côté les victimes et a pris parti au point de négliger gravement
l'équilibre contradictoire entre accusation et défense.
Cette dernière assertion est sujette à controverse et nécessiterait
une analyse détaillée, un peu comme celle qui est apparue en 2009 dans
le premier ouvrage qui revenait sur l'affaire « Outreau, la vérité
abusée, 12 enfants reconnus victimes » – ouvrage mentionné dans le
générique du film – écrit par Marie-Christine Gryson-Dejehansart qui
s'exprime également dans le film.
Ce qui est frappant au vu des articles qui commentent la sortie du
film, c'est que ce sont justement les médias qui viennent renforcer ce
jugement, par leur comportement ouvertement et outrancièrement hostile,
par le fait qu'ils reçoivent à bras ouverts Eric Dupond-Moretti pour lui
permettre de déverser ses paroles assassines. Ils apportent s'il en
était besoin la preuve que l'équité et l'honnêteté intellectuelle n'est
pas leur choix. Ils offrent à tout observateur attentif le spectacle de
gardiens acharnés de la légende, sans réaliser qu'ils maintiennent de ce
fait le malaise qui l'accompagne.
- Il est facile de voir que le film « présumé coupable », film de
fiction sur la base d'un livre écrit par une personne qui ne pouvait
être neutre, qui présente un tableau poussé aux limites du représentable
a été accueilli avec bienveillance, que personne n'a reproché à son
producteur de gagner de l'argent, pas plus que d'avoir pris quelque
liberté avec les faits.
- il est facile – tout au moins pour ceux qui tentent quelques
commentaires sur les articles en ligne – de constater qu'ils sont en
général « modérés » dans le sens où ceux qui sont hostiles au film
passent bien mieux que ceux qui y sont favorables ou dénoncent les
propos injustes du journaliste ou de son « invité ».
- Il est facile de constater que les médias parlent volontiers des
acquittés, mais ne mentionnent que rarement le sort des enfants victimes
à moins que ce ne soit pour traiter de mythomane celui qui ose
s'exprimer. Le livre de M.C. Gryson et le film de Serge Garde ont au
moins le mérite de se pencher sur leur sort qu'il est trop commode
d'oublier.
La liberté d'expression à laquelle on tient tant est bafouée par un
vocable inadapté qui parle de « révisionnisme, de « théorie du
complot », de « malhonnêteté » comme pour faire usage d'un ordre moral
au nom duquel toute légitimité d'expression pourrait être bannie.
Pourtant l'attitude de Serge Garde, de même que celle de tous les
intervenants de son film est empreinte de pondération et de sincérité et
ne justifie en rien cet acharnement. Nous le disons, cette attitude est
inacceptable et indigne d'une presse que l'on espèrerait indépendante
et ouverte.
Continuons d'aller voir "Outreau, l'autre vérité", invitons aussi nos
amis et continuons de dénoncer la désinformation à propos des violences
sexuelles faites aux enfants !
Associations signataires :
Innocence en Danger, CRIFIP, Le Monde à Travers un Regard, L'enfant d'abord, CFCV, Collectif Les Moutons Noirs
Mon
nom est Kajsa Ekis Ekman et je suis suédoise, écrivaine, militante
et j’écris pour un magazine anarchiste appelé BANG ; j'écris
également dans des quotidiens des critiques sur divers livres et
idées. Je suis e train d’écrire un livre sur la Grèce et sur la
crise grecque, mais avant cela, j'ai écrit un livre sur la
prostitution et la maternité de substitution. Je suis à ce festival
pour parler de la prostitution et de ce pourquoi je pense que les
Hollandaises et Hollandais doivent changer leur politique sur la
prostitution parce que ce qu’en ce moment, il est tout à fait
légal de tenir un bordel et d’aller y acheter du sexe et ainsi de
suite. Parce qu’en tant que féministe, je trouve que la
prostitution est... contraire aux droits de la personne et que c'est
une manifestation non seulement du patriarcat mais du capitalisme et
de l'exploitation des êtres humains.
Q.:
La plupart des gens pensent que la prostitution est une forme de
libération et que les Pays-Bas sont un pays très libéral parce
qu'ils ont la prostitution légale et tout ça mais vous pensez... ?
Elle : Oui, je pense
que c'est une opinion très répandue… et je suis très triste en
fait d'entendre des gens de gauche ou des activistes exprimer cette
opinion, je trouve cela... extrêmement bizarre compte tenu que ces
gens sont généralement opposés à l'inégalité et peuvent sembler
très sensibles à d’autres formes d’oppression... mais ne
peuvent pas voir ici que la prostitution est au cœur du patriarcat
et du capitalisme dans un sens... Mais pour moi le problème général
est que lorsque vous voyez la prostitution comme libératrice, c’est
que vous l’assimilez au sexe et vous pensez que la prostitution
c’est la liberté sexuelle... alors qu'en réalité, c'est le
contraire, vous voyez ?... La façon dont je vois la
prostitution c’est que dans le contrat de prostitution – faites
abstraction pour un moment du proxénète et du trafiquant ainsi de
suite – vous avez deux personnes, n’est-ce pas? Vous en avez une
qui veut avoir des rapports sexuels et une qui n’en veut pas... Et
comme une n’en veut pas, l'argent entre dans le portrait, parce que
la première personne doit payer la seconde personne pour faire
l’amour. Si les deux personnes le voulaient, il y n'aurait pas
d’argent échangé... Donc, dès ce moment-là, vous avez une
inégalité du désir, où une personne veut et une personne ne veut
pas... donc je pense que la prostitution est, pour cette raison, le
contraire de la liberté sexuelle... parce qu'il y a là une personne
qui ne veut pas y être là, vous voyez ?... Et je pense qu’en
général, il y a réellement quelque chose de tordu chez une
personne qui veut être avec quelqu’un que cela n’intéresse pas.
Donc je pense que c'est ce qu'il faut changer, les hommes qui
achètent du sexe constituent le problème de base... Et ce ne sont
pas tous les hommes, c'est une minorité d'hommes... En Suède
actuellement, c'est environ un homme sur treize, alors c'est une très
petite minorité – en Allemagne, c'est comme un homme sur quatre,
ce qui est beaucoup plus, à cause de leur légalisation de la
prostitution mais... cela demeure une minorité. Donc je pense que
nous devons changer les attitudes des hommes qui font ça... Et si
les femmes achetaient aussi du sexe, bien sûr que ce serait un gros
problème, mais les femmes ne font pas cela. Pourquoi ? Je ne peux
l’expliquer – est-ce la culture, est-ce l'histoire, est-ce la
biologie, je ne sais pas... est-ce, est-ce le pouvoir? Je ne sais
pas, mais en général où qu’on regarde... les gens qui achètent
du sexe sont presque à 100 % des hommes, ce sont eux qui le font.
Mais les personnes qui en vendent sont 90 %, en général, quelque
chose comme ça, 90% des femmes et des filles et 10 %, des hommes et
des transsexuels. Donc vous voyez, c’est vraiment un problème
d'hommes en général... et je pense que les hommes doivent apprendre
que le sexe est une affaire de désir réciproque, ce n'est pas
quelque chose où celui qui en veut peut prendre ou acheter ou
obtenir d'une personne qui n’en veut pas, vous comprenez? Mais
bien sûr, c'est aussi un problème de capitalisme, vous voyez que je
veux dire : actuellement, c’est un marché en grande expansion
où vous avez des États qui légalisent la prostitution parce qu'ils
veulent percevoir des impôts. Et je pense que si vous regardez
l'État néerlandais... c’est effectivement un proxénète, parce
que ce que l'État fait, c'est vendre des femmes étrangères aux
touristes masculins, donc l’État se sert de femmes venues des
régions appauvries de la planète, il les amène ici, les accepte
pour les vendre aux touristes masculins qui viennent ici, et cela
afin de percevoir des impôts, c’est donc exactement ce qu'un
proxénète fait, vous savez, il vit aux crochets de quelqu'un, il
vit de la prostitution d’autrui, c’est ce que fait l'État. Donc
je pense que c'est quelque chose que le peuple néerlandais devrait
souhaiter changer. Et plus ce marché se développe, plus vous
aurez de traite parce que... vous savez, il y a des gens qui pensent
que la traite c’est mal mais que la prostitution c’est OK...
Avez-vous entendu cette opinion ou quelque chose de semblable? Mais
vous savez… il faut regarder le pourquoi de cette traite... elle
n’arrive pas parce que certains hommes veulent désespérément
acheter une femme victime de la traite ; elle arrive parce qu’il
existe très peu ou pas assez de femmes qui viennent volontairement à
l'industrie du sexe, alors il faut aller les chercher quelque part,
donc vous allez dans les pays pauvres et vous passez l’aspirateur
dans les campagnes pour recruter des jeunes femmes qui, sans le
savoir, acceptent de suivre un homme pour un emploi de nettoyage ou
de garde d’enfants. Ou peut-être même qu’elles savent que c’est
pour de la prostitution, mais elles ne savent pas ce que c'est
vraiment. C’est de cette façon que vous allez combler une demande
sans cesse croissante pour de nouvelles femmes et filles. Donc, il
vous faut accepter le fait que si vous avez
une industrie du sexe, si vous la rendez légale, si vous la laissez
prendre de l’ampleur, vous aurez nécessairement la traite, ce sera
inévitable, parce que dans un pays riche, il n'y a tout simplement
pas assez de femmes pour combler cette demande.
En Suède, on a
adopté une loi qui pénalise les acheteurs de sexe parce qu’on
juge qu’il s’agit réellement d’un crime. Notre loi a très
bien fonctionné; comme j'ai dit : avant, il y avait un Suédois
sur huit qui payait pour le sexe et maintenant c’est un sur treize,
donc vous voyez, ça marche: nous avons beaucoup moins de
prostitution que d’autres pays. En fait ce qui est arrivé, c’est
que les trafiquants – la mafia nigériane en particulier – en est
venue à simplement passer par la Suède pour aller en Norvège, donc
ils ont tous fini à Oslo, la capitale de la Norvège, et c’est
devenu un gros problème là-bas, alors la Norvège s’est dit
« Qu’est-ce qu’on va faire? » et maintenant, ils ont
aussi adopté la loi suédoise. Donc, à mon avis, cela montre que
cette solution fonctionne. Maintenant si vous êtes anarchiste, vous
pouvez dire que vous êtes contre la loi comme outil pour changer le
comportement des gens, et je peux comprendre cet argument. Mais je ne
vais pas lutter contre les rares lois à créer un tant soit peu de
justice sociale, et celle-là en est une. Vous savez, je pense que si
vous voulez adopter un point de vue hostile à toute loi, vous pouvez
tenir tout un langage philosophiques et vous pouvez commencer à en
discuter ; mais vous n'allez pas mettre l’accent sur les lois
comme… celle qui interdit de battre vos enfants et de violer
quelqu'un, vous savez, de tuer quelqu'un et vous n’allez pas dire,
nous allons abolir ces lois-là, non !, ce ne sont pas les
premières lois que vous allez abolir… et je pense que nous vivons
aujourd’hui dans une société qui fait appel au droit pour
contrôler certaines choses, et je pense que c’est une très bonne
chose. Et bien sûr, en tant que collective anarchiste, vous pouvez
faire plein d'autres choses pour combattre la prostitution, vous
pouvez diffuser des opinions, vous pouvez sensibiliser les gens que
vous connaissez, vous pouvez faire de l’action directe contre les
bordels, contre les clubs de striptease, vous savez, contre toutes
ces choses... et vous pouvez, bien sûr créer des affiches et tout
ça. Surtout, vous pouvez fournir du soutien aux femmes qui veulent
quitter la prostitution. Mais si vous regardez l’ensemble du
portrait, les anarchistes ne sont pas si nombreux et nombreuses
qu’elles peuvent changer la culture de la prostitution dans tout le
pays. Donc je pense qu'à cet égard, la loi suédoise fonctionne
très bien, parce que où que vous alliez dans le pays, si vous
achetez du sexe et que la police l’apprend – et ils le font
souvent – vous allez payer une amende. Donc vous voyez, le mari
typique, celui qui a deux enfants et un bon boulot et qui ira voir
une prostituée après sa journée de travail, il se fout bien de ce
que pensent les anarchistes, mais il se soucie de ce que la loi pense
et il ne le fera pas s’il sait qu'il risque… d’avoir des
ennuis.
Q.:
Pensez-vous que la prostitution affecte également l’ensemble de la
société ?
Absolument...
C’est vrai idéologiquement et pratiquement et dans les relations,
vous savez. D'abord, vous avez tout ce que provoque la traite des
personnes… soit beaucoup de drogue, de mafia et de crime lié aux
armes à feu associées avec ce marché... puis aussi au plan des
relations, parce que je pense que cela fausse les relations surtout
entre les hommes et les femmes, le fait que les hommes trouvent
normal de payer pour être avec une femme. Je pense que,
généralement, enfin ce n’est pas mon idée d'une bonne relation
entre hommes et femmes, le fait de se payer les uns les autres, je
pense qu'on devrait être ensemble parce qu'on s’aime bien,
non ?... Mais je pense que la chose la plus importante à
comprendre au sujet de la prostitution, c’est que la vie de ces
femmes est souvent très ardue et souvent très courte ! Je
crois que c'est une étude canadienne qui a montré que les femmes
prostituées ont un taux de mortalité de quarante pour cent
supérieur à celui des autres femmes, qu'elles sont assassinées
dix-huit fois plus souvent que les femmes en dehors de la
prostitution... et les niveaux de violence contre les femmes
prostituées sont aussi très élevés, donc la vie dans la
prostitution est très dure et ce n'est un idéal pour personne. Vous
pouvez y échapper, avec de la chance, si vous n’y êtes restée
que quelques années et si vous échappez aux pires violences,
peut-être pouvez-vous y échapper et vivre une bonne vie après ça,
mais il y a beaucoup de gens qui en gardent des séquelles
psychologiques...
Vous
avez peut-être entendu après mon allocution aujourd'hui, il y a une
femme de l’auditoire qui a dit: « Eh bien vous savez, la
prostitution est une chose... que nous pouvons avoir, et la violence
est une autre chose et ça, nous n’en voulons pas. » Moi, je ne
pense pas que l’on peut séparer ces deux choses, parce que si vous
comprenez les racines de la prostitution et d'où elle vient, elle va
nécessairement être associée à de la violence et des choses comme
ça parce que les acheteurs pensent vraiment : «J’ai payé
pour cette femme et je peux lui faire tout ce que je veux », alors
il la voit déjà comme quelqu'un qu'il a achetée et qu’il peut
frapper ou abuser ou soumettre à tout ce qu'il a envie de faire.
Vous comprenez ce que je veux dire? Donc je pense que, si vous
abordez la prostitution, l'essentiel n'est pas de discourir
d'idéologie, mais de traiter de ce qui se passe en réalité, en
pratique, vous savez, il s’agit vraiment de questions de vie ou de
mort.
Et
je veux dire, il faut se dire « OK, est-il VRAIMENT SI
IMPORTANT que ces hommes obtiennent nécessairement le droit
d'acheter du sexe, que l’on doive y sacrifier des vies de femmes ?
Que l’on doive y sacrifier des enfants? Que l’on doive gâcher la
vie de tant de femmes au nom de ce droit sacré des hommes d’acheter
du sexe? » Il me semble que NON ! On n’empêche personne
d'avoir des rapports sexuels, on dit seulement ne les achetez pas! Il
suffit de ne pas en acheter et beaucoup de détresse va disparaître
! Ils peuvent coucher avec qui ils veulent mais si l'autre personne
le désire, est-ce vraiment si compliqué? Vous voyez ce que je veux
dire? Ce n'est pas si sacrément important que tout le monde doive se
précipiter pour protéger le putain de droit de ces hommes à payer
pour du sexe comme si c'était un des dix commandements de Dieu, je
veux dire non!, ce n'est pas ça. Moi, j'ai vécu toute ma vie sans
payer pour du sexe et je suis parfaitement heureuse, et je pense que
la plupart d'entre nous avons vécu toute notre vie sans payer pour
du sexe et nous sommes OK...
[…]
Vous
savez, il y a des gens qui pensent que, OK... les hommes qui achètent
du sexe sont handicapés, ils ne peuvent pas en obtenir autrement…
Mais ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai du tout, la plupart des
hommes qui paient pour le sexe sont... ils sont déjà mariés, ils
ont une femme à la maison... ce sont même des hommes qui sont, en
moyenne, de beaux gars, vous savez… Alors c’est aussi une
question de pouvoir, vous voyez, ce n'est pas une affaire de pauvres
hommes qui ne peuvent trouver personne.... Il arrive même encore
plus souvent que c’est la prostituée et non l’acheteur qui sera
handicapée. Pourquoi ? Parce que si vous êtes une fille handicapée,
au plan physique ou mental, ça signifie que votre capacité de dire
non et de partir est restreinte... il va donc être plus facile pour
quelqu'un de vous manipuler et de vous entraîner dans la
prostitution. […]
Q.
Que peuvent faire les gens pour y mettre fin?...
Oui,
eh bien, je pense que vous pouvez le faire d’une foule de manières.
Je pense que... aux Pays-Bas, en Allemagne surtout, il faut abolir le
rôle de proxénète de l’État, il faut lui dire «Nous ne voulons
pas que l’État agisse en pimp», il faut dire « Moi, les impôts
prélevés à même la prostitution, je n’en veux pas! » Après
tout, si la population générale tire de l’argent de la
prostitution, vous sentez-vous bien ? Moi, je ne me sentirais pas
bien... en sachant qu'une femme arrivée d'Afrique, d’Amérique
latine ou d'ailleurs doit se tenir debout dans une vitrine du
red-light
district
et coucher avec des masses d'hommes britanniques qui viennent pour...
fêter le mariage de l’un d'eux ou quelque chose... Je ne serais
pas heureux de savoir que... lorsque je vais à l'hôpital c’est ce
commerce qui finance mes traitements?... Non, je ne me sentirais pas
bien à ce sujet, donc je pense qu’il faut certainement y avoir un
changement à cet égard, cette politique doit être changée.
[…]
Il
y a deux voies d’entrée à la prostitution – en généralisant
beaucoup, je veux dire – tout d'abord vous avez la raison
économique : les femmes qui viennent des pays très pauvres et
qui n'ont peut-être pas d'autre option, celles qui n'ont peut-être
pas de papiers, par exemple, elles peuvent travailler en prostitution
comme moyen de survie, vous comprenez? Ensuite, il y a la
prostitution que nous connaissons dans les pays riches, qui est celle
de filles qui ont été maltraitées par leurs parents, par leur père
ou... qui ont déjà subi un traumatisme sexuel : elles vont
entrer en prostitution non pour l'argent mais pour gérer leur
traumatisme, vous voyez ce que je veux dire ? Elles n'ont pas besoin
de l'argent il y a même des cas où elles ont pris l'argent, un
argent qu’elles détestent – alors elles le foutent aux chiottes
et elles tirent la chasse d’eau... elles n’en veulent même
pas, vous comprenez ? C'est de l'argent sale, elles détestent cet
argent, elles le font pour se faire du mal… C'est comme beaucoup de
femmes, elles se tailladent la peau, c'est de l’autodestruction,
vous voyez ? Mais dans les deux cas, je pense que pour l'homme
qui la force, il n'y a aucune excuse pour abuser de quelqu'un qui est
soit si pauvre qu'elle n'a pas d’autre option, alors moi je dis
donnez-lui de l'argent quand même, mais ne la baisez pas – il est
évident qu’elle ne veut pas de vous – et deuxièmement, si vous
utilisez quelqu’un qui a manifestement un traumatisme et aurait
besoin d’être en thérapie ou quelque chose comme ça, n’aggravez
pas la situation... quel genre de personne êtes-vous si vous faites
cela ? (pause) Alors, que pouvons-nous faire pour aider ? Je pense
que c'est un très gros débat (pause) tout d'abord, je pense qu'il
devrait certainement exister des programmes de sortie, des centres,
parce qu’il y a beaucoup d'argent qui est gaspillé sur les
mauvaises choses. L'Union européenne, comme je le disais dans mon
discours, donne beaucoup d'argent chaque année à une organisation
appelée TAMPEP, fondée aux Pays-Bas... qui se promène au pays et
en Europe de l’Est en donnant des préservatifs aux prostituées.
Leurs agents distribuent également des tracts sur comment il est bon
que la prostitution soit légalisée, et qu'elle devrait l’être
partout en Europe de l'Est et ils sont très actifs dans cette région
à tenter d’y faire légaliser la prostitution. Alors je suis allée
les interviewer et je leur ai demandé « Pourquoi ne
dépensez-vous pas une partie de cet argent à aider les filles à
sortir de cette situation? » Parce que la femme qui travaille
là m'a dit qu’elle allait parfois dans ces rues… Elle est
polonaise en passant et elle me dit que beaucoup des femmes sont
polonaises et elle dit que c'est très bien parce qu'alors « Je
peux leur parler et parfois il y a une fille, elle vient, elle a
dix-huit ans, elle n'a pas encore eu de premier client... et je lui
dis comment enfiler le préservatif. » Alors, moi je lui ai
dit: « Quoi ? C’est ça que ce que tu lui dis? Pourquoi
ne lui dis-tu pas ‘As-tu besoin de quelque chose ? Peut-être que
tu ne veux pas être cela, cherches-tu un logis ou cherches-tu un
emploi, est-ce que je peux t’aider à quelque chose, tu sais ?
Mais ne te contente pas de lui enseigner le préservatif ! "
Et cette femme me répond « Non, nous ne les aidons pas à en
sortir, pourquoi ferions-nous cela», me dit-elle. «
Nous les aidons à être de bonnes prostituées. » Vous comprenez?
Et c'est de l'argent de l'Union européenne qui finance ça! L’UE a
beaucoup d'argent et pourquoi fait-elle cela? Parce qu'ils ne veulent
pas que le VIH se propage, alors ils vont donner des préservatifs
aux prostituées. Ils ne se soucient pas des prostituées, ils se
soucient de cela. Mais l’on pourrait donner une partie de cet
argent à des programmes où l’on pourrait dire aux femmes :
« OK, peut-être que vous êtes en difficulté dans votre vie,
OK, nous allons vous aider à retourner aux études, à trouver
peut-être un endroit où rester et un emploi, quelque chose comme
cela… il ne s’agit pas de forcer les femmes, vous n'allez pas les
amener de force au programme, vous allez aller dans ces rues et vous
allez dire « Excusez moi, est-ce que quelqu'un ici aimerait
s’inscrire à ce programme? », vous savez et on verrait si
quelqu'un est intéressée, et je pense que, oui, beaucoup de gens
s’y intéresseraient.
Q.:
Pouvez-vous dire ce qui vous motive à aborder un sujet aussi... ?
Hé
hé... c’est parce que je suis généralement en COLÈRE ! (rit)...
Non, vous le savez, c'est, bon, différents facteurs… en fait,
quand j'ai commencé à écrire ce livre – parce que j'ai écrit un
livre sur le sujet – c'était parce que je vivais à Barcelone et
je vivais avec une fille qui était dans la prostitution. Et quand on
a vu ce que j'ai vu, il n'y a aucun moyen de revenir en arrière,
vous comprenez ? Il est impossible de me faire croire que cette chose
est OK, de la peindre en rose, OK parce que j'ai vu ce qui est
derrière tout ça, OK, je l’ai vu de mes yeux. Et puis, j'ai
d'autres amies qui ont été en prostitution pour différentes
raisons je connais aussi des hommes qui ont payé pour du sexe et
ainsi de suite, et en général je leur dis « Vous êtes des
abrutis, allez vous faire voir ! », OK... Et puis, pour
moi, c’est une question de droits des femmes, d’égalité entre
les hommes et les femmes en général, je n'aime pas à un monde où
les femmes sont vendues et achetées comme du bétail et les hommes
se contentent d’y aller avec insouciance... Je parlais tantôt de
la Thaïlande – j’ai aussi été en Thaïlande – et là,
l'industrie du sexe est une affaire énorme : alors les femmes
et les filles et les jeunes garçons sont vendus en masses à tous
ces touristes masculins... alors, les hommes en Thaïlande, que
font-ils ? Ils achètent eux aussi du sexe ! Eux-mêmes en achètent !
Ainsi, au lieu de prendre la défense des femmes dans leurs pays en
disant : « Nous n'acceptons pas que les touristes viennent ici
et les achètent comme si elles étaient des animaux, nous disons
‘Non’ à cela », NON, ils paient pour du sexe eux aussi.
Dans une très grande proportion des hommes thaïlandais. Alors je
trouve que cela démontre une hypocrisie générale de la part de
beaucoup d'hommes – je ne dis pas tous les hommes parce qu'il y a
beaucoup d'hommes aussi qui seraient prêts à soutenir les droits
des femmes –, mais je constate que si un homme arrive dans un pays
pauvre et dit, « Je vais prendre les minéraux, je vais prendre le
pétrole, je vais prendre les diamants, je vais prendre n’importe
quoi d’autre dans le pays », les hommes lui diront « Non,
allez-vous en, espèce de colonialiste! » Mais s'il veut prendre des
femmes, ils lui diront « Oh OK, je vais vous conduire au bordel et
je vais y aller moi aussi… »
[…]
Traduction :
Martin Dufresne, avec l’autorisation de Kajsa
Ekis Ekman
et de spiritofsquatters
texte publié dans
le dernier numéro du
mensuel québécois anarchiste Le COUAC
Coup de pied dévastateur à la filière proxénète en France, un mystérieux Collectif Abolitionniste Francophone (CAF) vient de publier en ligne
une «Anatomie d’un lobby-prostitution», très détaillée (1). La Commission Charbonneau québécoise peut en prendre de la graine…
Depuis, sur les listes de discussion, les unes applaudissent et les autres s’indignent de ce déboulonnage d’un poids-lourd du «milieu», le STRASS. Le CAF documente le financement, les accointances et les tactiques du «Syndicat du travail sexuel». Il fouille son entrisme dans l’État français, officiellement abolitionniste. Il y aurait un cheval de Troie dans la demeure… Serait-ce pourquoi les Socialistes mettraient discrètement au rancart la pénalisation promise des prostitueurs. La sociologue Marie-Victoire Louis, pionnière de ce chantier en France, s’en indigne vertement (2).
Syndicat de boutique?
L’étude du CAF pose le problème de la représentativité de ceux et celles qui s’intitulent «Les Putes», pour accuser de «putophobie» à la télé les féministes critiques de leur «industrie». Représentent-ils et elles les prostituées… ou ceux qui les exploitent: proxénètes, trafiquants, dealers? La plupart des femmes prostituées en France y sont amenées par des réseaux mafieux d’Europe de l’Est, d’Afrique ou de Chine. Vivant un véritable esclavage, comment pourraient-elles mandater les quelques «strasseux» parisiens de souche qui se disent leurs porte-parole et dont le CAF expose les financeurs et tactiques?
Sur son blog (3), Christine Le Doaré, une militante féministe lesbienne combattue par des hommes du STRASS depuis des années, commente vigoureusement l’étude du CAF avec d’autres informations clé:
«Pourquoi ce lobby se comporte-t-il ainsi et surtout pourquoi s’arroge-t-il le droit de parler au nom des femmes prostituées? Pourquoi doit-il se comporter d’une façon aussi abusive et disproportionnée, face au mouvement abolitionniste? Quels sont les enjeux qu’il entend préserver?»
Au-delà du dilemme théorique entre une prostitution critiquée comme violence inhérente ou qualifiée de métier comme un autre, elle nous ramène, forte de sa longue expérience du milieu, à l’essentiel – les femmes assignées aux prétendus besoins masculins:
Christine Le Doaré : «En réalité, ce ne sont ni des putes, ni des prostituées, ni même des sex workers, mais bien des femmes. Des femmes
pénétrées passe après passe, jusqu’à la nausée, quand elles ne sont pas agressées, violées, tuées. Ces femmes sont de plus en plus jeunes et de plus en plus nombreuses, elles sont déplacées, entassées sur les lieux de prostitution, qui, comme une gangrène, prolifèrent partout sur la planète.»
Situation délicate
Cette traite des femmes est en fait le talon d’Achille du lobby pro-prostitution, qui a besoin du feu vert de l’État pour rendre ses bordels
mainstream et légaliser l’exploitation sexuelle d’autrui. Mais comme être pénétrée sur demande n’est presque jamais le choix des femmes qui en ont d’autres, les patrons doivent renouveler la classe prostituée (4) au Tiers-Monde et dans les pays catastrophés par la crise.
Ils le font aussi chez nous. Comme le démontre une récente recherche de l’Institut de recherches et d’études féministes, à l’UQAM, une traite
domestique drague continuellement les filles dans les centres de détention juvénile, les réserves autochtones, et les régions dévastées par le chômage (5).
Les trafiquants se retrouvent donc en opposition directe à l’État, devant contourner des contrôles d’immigration croissants et permuter adolescentes et jeunes femmes d’un bar de danseuses et d’une province à l’autre pour dérouter la police. Le lobby pro-prostitution cherche à se laver les mains de cette traite, habituellement effectuée sous contrainte, qui dément l’alibi classique d’un «libre choix» individuel des femmes.
Dans son étude, l’IREF souligne également le rôle de la mondialisation, du racisme et d’un capitalisme exacerbé dans cette contrainte à la
prostitution. Les auteures, Sandrine Ricci, Lyne Kurtzman et Marie-André Roy, recommandent un soutien concret et immédiat aux femmes victimes ou vulnérables. Elles exigent aussi leur dépénalisation immédiate, et de tenir réellement tête à leurs exploiteurs, contrairement à la «full décrim» dont rêvent les proxénètes et futures madams.
Amour et cocaïne
Elles ont transcrit les récits des femmes amenées à s’endetter par amour pour un pimp séducteur, qui va jusqu’à faire tatouer sa «propriété». Dette dont elles doivent ensuite s’acquitter durant des années, payant très cher la dope essentielle pour tenir le coup. D’ailleurs, pour le CAF, c’est l’addiction à la coke qui explique l’appui de certains cinéastes et autres pipoles à l’exploitation sexuelle commerciale. Mais on ne cite pas (encore) de noms…
À Montréal, la prostitution forcée fait l’objet d’une récupération «tendance». Un collectif branché, dont le masculiniste Maxime-Olivier Moutier, lançait le 21 mars un livre d’art très coûteux qui exploite sans vergogne les horreurs d’un ex-bordel de la rue Ontario. Ce qui a suscité chez l’ami Bruno Lalonde, de la librairie Le livre voyageur, un beau «coup de sang» où il lance, sur YouTube: «Je ne supporte plus l’esthétisation de la souffrance des autres» (5).
Il nage à contre-courant mais, heureusement, il n’est pas le seul.
Paulo L’Abolo
1. CAF, « Anatomie d’un lobby pro-prostitution: Étude de cas, le STRASS, en France », http://bit.ly/16fSC5M . Lire aussi: « La pertinence de la transparence », http://bit.ly/ZnC9NP
Samedi 13 avril : Abolition citoyenne du système prostitueur
Ensemble, construisons une société sans prostitution
La Machine du Moulin Rouge
90 Boulevard de Clichy - Métro Blanche
De 13h30 à 18h
"Le collectif Abolition 2012 -
53 associations féministes - organise le 13 avril, de 13h30 à 18h, un
événement à la Machine du Moulin Rouge à Paris pour construire ensemble
une société sans prostitution et obtenir l'adoption d?une loi
d?abolition du système prostitueur. De nombreuses personnalités de la
société civile viendront exprimer pourquoi, comme nous, elles pensent
que l'abolition, c'est la seule solution, pour mettre fin à cette
violence qu'est la prostitution !"
Nous voulons l’Abolition du système
prostitutionnel, pourquoi ?
Aggravation
des conditions de vie avec une crise financière mondialisée.
Nous sommes aujourd’hui dans une
situation où l’économie est réduite aux jeux de la Bourse, où
le développement industriel s’éteint, où l’emploi est détruit
méthodiquement laissant à la rue des milliers de gens. Partout en
Europe le désespoir grandit.
Pour l’argent, pas de frontières,
des lieux paradisiaques lui sont réservés.
Pour les peuples, la récession,
l’instabilité, l’accroissement de la misère, avec son cortège
d’injustices, une situation de survie et de non-vie.
Pour les femmes la destruction de ce
qu’elles ont acquis de dure lutte, le retour à la place domestique
qui leur fut assignée, aux rôles ancestraux de « mère ou de
putain ».
Les guerres, l’exil, l’immigration
forcée sont aussi des circonstances qui augmentent les situations de
prostitution.
Face à
cette crise, les situations et les formes de prostitution se sont
multipliées, la mondialisation et la traite se sont amplifiées.
La pauvreté, la banalisation du sexe
tarifé, le virilisme institué comme valeur chez les sportifs et
leurs supporters, l’argent comme seul critère, amènent des femmes
vers la prostitution.
L’influence des lobbies, l’avancée
de la pornographie dans les mentalités, sous couvert d’esthétisme,
promeuvent, valorisent et banalisent des images de femmes, objets de
consommation masculine.
L’industrie du sexe trouve des
candidates pour alimenter les films pornographiques, les sites
internet ou autres lieux de commercialisation du corps des femmes au
service des phantasmes masculins.
La
prostitution institue l’oppression des femmes.
En payant, le client ne s’embarrasse
pas d’une relation humaine, il fuit toute responsabilité.
Le système prostitutionnel est au
service du plaisir d’hommes déshumanisés ; la personne
prostituée est chosifiée, c’est ainsi que sont mises en place la
servitude des femmes et la domination des hommes.
Penser résoudre les désirs sexuels
des personnes handicapées par la mise en place d’aidants sexuels
participe à l’injonction à une sexualité obligatoire et normée.
C’est considérer que ces personnes ne sont pas dignes d’amour,
ni capables de relations réciproques, hors circuit marchand ou
médical.
C’est perpétuer un regard
infériorisant sur elles. C’est ignorer et renoncer. Pour tout
individu-e, une sexualité autre, hors du système marchand ou
médical, une sexualité faite de corps, de désirs et d’amour est
possible que l’on soit handicapé-e-s ou pas.
Le plus souvent, les femmes sont encore
mineures lorsqu’elles sont prostituées et leur espérance de vie
en est nettement diminuée.
Cette violence doit être dénoncée et
traitée comme les autres violences.
Le désir des femmes est évacué, nié,
piétiné, réduit à l’inexistence. Tout cela pour que dominent
les pratiques patriarcales de la sexualité masculine. Là s’enracine
le mépris des femmes, là on prend une part active à la
dépersonnalisation des individu-e-s, oubliant qu’acheter du sexe
est la forme la plus archaïque et occultée des violences : un
crime.
Légiférer est nécessaire
Réduire la prostitution à un travail
choisi rationnellement et librement dont les seules conséquences
négatives seraient les infections sexuellement transmissibles, c’est
occulter les énormes bénéfices mondialisés, le rôle des maffias
et leur lobby.
L’argument de l’argent gagné est
un leurre car cet argent là n’est pas libérateur. Il est plus
facilement et vite dépensé qu’il n’a été gagné. Dans la
majorité des cas, il donne l’illusion d’occulter les souffrances
physiques et morales en orientant vers des pratiques et des
dépendances aux drogues et à la surconsommation de marchandises.
Nous rejetons le système
prostitutionnel mais nous respectons les personnes en situation de
prostitution.
Rien ne changera sans l’interdiction
d’acheter un acte sexuel.
Des efforts de sensibilisation envers
tout acheteur potentiel de services sexuels et envers toute demande
doivent être entrepris pour aboutir à une prise de conscience.
Seule une loi permettra, comme d’autres
pays l’ont déjà fait, d’accélérer les changements de
mentalité
Un
autre rapport à la sexualité est possible
SOYONS NOMBREUSES ET
NOMBREUX A PARIS
LE 13 AVRIL 2013
Pour exiger l’ABOLITION
du SYSTEME
PROSTITUTIONNEL
Marche
Mondiale des Femmes 31, information et contact :Mmdf31@gmail.com
Féministes pour l'égalité et contre la Gestation pour Autrui
Parce que la GPA est un symbole extrême de la marchandisation des corps des femmes.
Pétition adressée à :
gouvernement français
Nous sommes pour l'égalité des droits. Nous ne hurlons pas avec les
loups contre le mariage même si pour nous le mariage est un symbole du
patriarcat que nous féministes avons tant secoué qu il en deviendrait
présentable. Nous sommes pour l 'adoption par les gays et les
lesbiennes, la PMA pour toutes les femmes . Mais la GPA n' est pas la
PMA au masculin.
La GPA est un symbole extrême de la marchandisation
des corps, au féminin évidemment. La GPA est une version moderne de
vente d’organes. La détresse de certains couples hétérosexuels stériles,
la situation d’homosexuels masculins en recherche de filiation directe
n’autorisent pas à organiser la location du corps des femmes de par le
monde. Nous sommes contre l'exploitation des femmes les plus pauvres
d'ici et des pays en voie de développement, par les classes les plus
favorisées. On nous parle de compassion .Mais arrêtons de bafouer les
droits des femmes au nom de la compassion ou de l’intérêt très privé
d’un petit nombre de personnes dont leur bon plaisir passe avant tous
les droits humains.Nous nous battons pour la libre disposition de notre
corps pour nous mêmes, non pour d' autres.
La transcription des actes
d’état civil étrangers sur le registre français d’enfants nés à
l’étranger par GPA est la reconnaissance implicite par la France de la
GPA au niveau international : « Pas de GPA chez nous, mais allez donc à
l’étranger !! On fermera les yeux à votre retour», voilà le message. C
'est ainsi que, pas à pas, se banalisent toutes les marchandisations
du corps des femmes, ouvrant la voie à la légalisation de la GPA en
France. Nous ne pouvons pas l'accepter.
CADAC, Collectif national pour les Droits des Femmes, Coordination Lesbienne en France
Quelques articles sur la GPA pour savoir de quoi on parle
A propos des connards qui pleurnichent perchés sur une grue
Nantes, l’escalade des pères cache une proposition de loi.
Deux
hommes séparés de leurs enfants par la justice ont défrayé la chronique
en montant sur des grues à Nantes ces derniers jours et, pour l’un
d’eux, en restant perché tout le week-end. Cette action coup-de-poing
survient à quelques jours d'une manifestation nationale prévue mercredi
par une association de pères pour « dénoncer les dérives du pouvoir
judiciaire » en matière de justice familiale.
Pour les besoins
d’un film documentaire (la Domination masculine), j’ai moi-même
longuement enquêté sur ces associations d’hommes au Québec, où le
mouvement « masculiniste » très organisé est l’inspirateur d’activistes
européens. Afin de mieux les approcher, je me suis fait passer, pendant
des mois, pour l’un d’entre eux. Ce qui se passe à Nantes est
directement lié à ces mouvements, ainsi qu’à un récent projet de loi
dont on a peu parlé.
Que sait-on des hommes qui ont escaladé les
grues ? Le premier dit ne pas avoir revu son fils depuis deux ans et
manifeste donc son « désespoir ». Mais on sait qu’il a été condamné à
un an de prison en septembre 2012, dont quatre mois ferme, pour avoir
enlevé son fils. Des violences avaient été exercées à cette occasion.
L'enfant avait été retrouvé en Ardèche, trois mois et demi plus tard.
Cet homme s'est donc vu retirer son autorité parentale, ce qui est
prévisible.
Un second père a alors escaladé une autre grue pour
en redescendre quelques heures plus tard et déclarer à la presse que «
malheureusement, la justice n’est pas impartiale, il suffit de prendre
tous les chiffres sur les résidences et domiciliations des enfants, 80%
des domiciliations sont remises aux mamans ». Or cet homme est accusé
par son ex-compagne de violences conjugales et de mauvais traitement sur
ses enfants.
Ce lundi matin, on peut toujours voir le premier
grimpeur avec sa grande banderole bien visible, trois téléphones
portables à disposition pour répondre aux journalistes, faisant le V de
la victoire aux caméras de télévision.
Cette situation rappelle
étrangement des actions organisées par des groupes d’hommes anglais et
québécois de « Fathers for justice », il y a quelques années. Si la
ressemblance est frappante, elle n’a, en fait, rien d’étrange.
Lorsque
j’ai infiltré ces mouvements à Montréal, j’ai pu entendre dans les
moindres détails la stratégie que ces militants de la cause masculine
désiraient mettre en place sur le plan international. Cette affaire des
grues de Nantes en fait partie et n’est en rien un coup de folie d’un
père isolé. C’est un long travail politique qui n’en est qu’à son début.
Mais
tout d’abord, qu’est-ce que le masculinisme ? Il s’agit d’une mouvance
également nommée « anti-féminisme », qui propose le rétablissement de
valeurs patriarcales sans compromis: différenciation radicale des sexes
et de la place de l’homme et de la femme à tous niveaux de la société,
suprématie de l’homme sur la femme dans la famille, mais aussi la
conduite de la cité, défense du couple hétérosexuel très durable comme
seul modèle possible, éducation viriliste des garçons et donc refus de
toute égalité des femmes et des hommes. Ils nient l’importance des
phénomènes de la violence conjugale, de l’inceste et du viol, qui
seraient des inventions des féministes, que certains d’entre eux nomment
« fémi-nazis ».
Ils considèrent les avancées des luttes de
femmes et des homosexuels en vue de l’égalité comme une destruction du
modèle social sur laquelle il faut revenir. Le divorce étant beaucoup
plus souvent demandé par les femmes, ils espèrent un durcissement des
conditions de son obtention. Leur lutte est donc celle de la défense du
pouvoir masculin ancestral à tous niveaux de la société.
C’est au
nom de ces idées rétrogrades qu’un jeune homme a massacré quatorze
étudiantes de l’école polytechnique de Montréal le 6 décembre 1989,
estimant qu’elles prenaient la place des hommes. Le tueur est ensuite
devenu le héros des masculinistes les plus « décomplexés ».
Les
masculinistes ont donc partagé confidentiellement avec moi les
différentes stratégies mises en place, notamment au Québec, pour faire
valoir leurs idées. Mais analysant leur échec, ils m’ont aussi décrit
les conseils qu’ils prodiguaient à leurs émules français, belges,
suisses, espagnols… Leur stratégie consiste à fonder leur communication
sur les pères à travers deux arguments.
Le premier revient à
dénoncer, parfois de façon paranoïaque, la collusion entre magistrats,
médias, politiques afin d’évincer les pères de la vie de leurs enfants.
L’argument apporté par un des deux hommes de Nantes est, mot pour mot,
une phrase ressassée par les Québécois depuis des années : « 80% des
enfants sont confiés majoritairement aux mères par la justice ». Ils
oublient de dire que dans 80% des cas, les pères souhaitent qu’il en
soit ainsi. Un week-end sur deux et la moitié des vacances leur
suffisent, et il n’y a donc aucun conflit sur ce point. Cela paraît
normal dans une société où les femmes s’occupent encore à 80% des tâches
parentales et domestiques. Les actions médiatiques entreprises
habituellement par les masculinistes visent donc à attirer l’attention
des médias sur des données chiffrées tendancieuses et que la presse
vérifie rarement.
Le second argument est l’invention par un
masculiniste défendant la pédophilie, Richard Gardner, du « Syndrome
d’aliénation parentale » ou « SAP ». Outre l’aspect nauséabond de son
inventeur, on ne peut que remarquer que de syndrome il n’y a guère,
puisque aucune faculté de médecine ou de psychologie au monde, aucune
institution n’a jamais reconnu ce concept comme valide.
Il s’agit
de l’idée que lors d’un divorce, la femme (ou l’homme, mais les
masculinistes s’en prennent évidemment aux femmes) aurait tendance à
dénigrer l’image du père de ses enfants auprès de ceux-ci afin de les en
écarter. Les pères seraient donc des centaines de milliers à être
sortis de la vie de leurs enfants par la justice à cause de ce
pseudo-syndrome.
Ce prétendu syndrome sert de paravent aux hommes
accusés de violences conjugales ou d’agressions sexuelles sur leurs
enfants. L’accusation des victimes devient une « allégation mensongère
», preuve qu’elles veulent mettre en place un syndrome d’évincement des
pères, pour lequel elles doivent être condamnées. Ce qui arrive de plus
en plus souvent. Un blanc-seing pour homme violent ou violeur. Une arme
de destruction massive pour son avocat.
Qu’il y ait des cas
difficiles et malheureux ne peut être contesté. La séparation d’un
couple avec enfant provoque souvent des déchirements. Mais imaginer
qu’il y aurait une situation systémique d’évincement des pères par les
mères dans la vie des enfants au point d’en observer un syndrome est une
affabulation. Mais certains hommes, habitués à ce que l’on considère la
violence conjugale comme une affaire privée et l’inceste comme un sujet
à ne pas évoquer, ne décolèrent pas à l’idée qu’une femme puisse les
dénoncer, voire porter plainte. Tout progrès en ce sens est vécu par eux
comme une trahison.
J’ai moi-même suffisamment entendu ces
hommes parler de la pédophilie pour témoigner du fait qu’elle est
considérée par beaucoup de ceux-ci comme une pulsion masculine qu’il ne
faut pas refréner. Un père incestueux incarcéré à la suite d'une
condamnation à des années de prison est soutenu et considéré comme un
héros de leur combat politique.
Les conseils donnés par les
masculinistes à leurs amis européens sont donc suivis à la lettre cette
semaine à Nantes. L’escalade des grues est une copie de celle des ponts
de Montréal. Même V de la victoire. Même batterie de téléphones
portables pour parler à la presse. Même manifestation pré-organisée dans
la semaine pour attirer l’attention des médias. Et finalement, même
volonté de changer les lois.
Car il s’agit bien de cela. Un
projet de loi (n° 309) a été déposé 24 octobre 2012 pour rendre la
résidence alternée obligatoire ce qui rendra plus difficile les demandes
de séparation des femmes qui ont des enfants. Ce projet de loi propose
six modifications du Code civil et du Code pénal et fait entrer dans la
loi le Syndrome d'aliénation parentale.
Ils n’en sont pas à leur
coup d’essai, puisque différentes propositions de lois ont été déposées,
résultant d’un imposant lobbying des associations masculinistes en
France.
- le 18 mars 2009, la proposition de loi 1531 pour instaurer
la résidence alternée comme solution préférentielle: Proposition de loi
no 1531
- le 3 juin 2009 la proposition de loi 1710 pour lutter
contre toutes les manipulations d’enfants allant jusqu’au syndrome
d’aliénation parentale (SAP) et les discrédits d’un parent par l’autre
parent: Proposition de loi n° 1710
- le 18 octobre 2011, avec la proposition de loi 3834 (amélioration des deux précédentes): Proposition de loi n° 3834
-
et donc, le 24 octobre 2012, la proposition de loi 309 pour rendre la
résidence alternée obligatoire et la forcer au besoin au moyen du SAP:
Proposition de loi n° 309
Il est peut-être important de rappeler
que, dans nos pays, lors d’une séparation, les enfants n’ont été confiés
aux mères que depuis un siècle. En effet, jusqu’au début du XXe siècle,
le père avait tous les droits sur ses enfants et les confiait bien
souvent à une de ses proches. En France, jusqu’à la loi de 1970, il
n’était question que des pères. Cette loi instaura la notion d’autorité
parentale conjointe et partagée. Les « parents », égaux en droits avant
séparation, vont l'être aussi après le divorce et remplacer les « père »
et « mère ».
Mais, si 80% des couples séparés décident à
l’amiable de la garde des enfants, souvent pris en charge la majorité du
temps par les mères, on a enfin révélé qu’une femme sur cinq subit de
la violence conjugale (Amnesty International), et qu’un enfant sur cinq
est abusé sexuellement, majoritairement par des proches (Conseil de
l’Europe).
Ainsi, les masculinistes niant ces violences et
réclamant un retour vers une situation où l’homme était le pater
familias développent une théorie que de nombreux députés et sénateurs
(de droite surtout) ne renient pas en déposant ces propositions de lois.
Les
échecs précédents n’empêcheront pas des élus d'en déposer de nouvelles
lors de la prochaine discussion à l’Assemblée nationale sur la famille.
On peut parier sans risque que les grimpeurs de Nantes et leurs amis
feront à nouveau parler d’eux dans les mois à venir.
« Etant
donné les films pornos que visionnent les personnes handicapées dans
les établissements, le sexe qui s’étale partout, comment leur refuser ce
qui est promis à tous ? » Marcel Nuss cité par Claudine Legardinier, Prostitution & Société, décembre 2008.
En France la question d’un accompagnement sexuel pour les personnes
handicapées est posée depuis qu’un député UMP, Jean-François Chossy,
prépare une proposition de loi visant à créer un statut « d’aidant-e
sexuel-le » à leur bénéfice. Si l’association de femmes handicapées
« Femmes pour le dire, femmes pour agir » y est fermement opposée,
Marcel Nuss fondateur de « Handicap et autonomie » est le lobbyiste
acharné du droit des handicapés aux services sexuels. Droit que la
société devrait prendre en charge en relevant le montant des allocations
dont ils sont bénéficiaires. Il serait pour le moins étrange que cette
revendication financière aboutisse, à l’heure, où, pour des raisons de
restrictions budgétaires, tous les enfants handicapés ne peuvent être
scolarisés en milieu ouvert - condition de leur intégration sociale et
de leur autonomie future - faute de postes suffisants d’auxiliaires de
vie scolaire.
Mais que l’on ne s’y trompe pas, cette revendication de droit aux
services sexuels n’est rien moins que la revendication d’égalité
sexuelle entre hommes, handicapés comme valides, les handicapés voulant
accéder aux mêmes droits sexuels que les hommes valides ce qui comprend
entre autre le droit d’accéder au sexe des femmes dans la prostitution. Il
s’agit davantage de revendiquer un droit « naturel » sur le corps des
femmes que de revendiquer un droit au plaisir puisque celui-ci ne
saurait jamais être garanti. Quand un homme se pose en victime il
réclame des droits sur les femmes. Ce qui est en jeu ici, c’est donc la
reconnaissance de la prostitution comme service social au bénéfice
exclusif des hommes puisque la demande est spécifiquement masculine (une
seule demande féminine a été enregistrée en 10 ans !). (1)
Le désir – intransitif - construit comme besoin se mue en droit,
rétrécissant la sexualité en génitalité et, par l’alchimie de la
transsubstantiation, la prostitution devient un mode privilégié d’accès à
la sexualité du masculin métamorphosant le proxénétisme en principe
organisateur de la compassion sociale chargé d’acheminer les denrées
féminines disponibles à leurs utilisateurs-clients. La société
compassionnelle du « tout marché capitaliste (…) tend ainsi aveuglément à
réduire les êtres humains à du bétail qu’on mène de la crèche à la
pâture, de la pâture à la saillie et de la saillie à l’abattoir. » (2)
Le système prostitutionnel qui crée pour une part les besoins, désirs
mimétiques, fantasmes formatés par la pornographie, et leur
satisfaction en mettant des femmes réelles à la disposition de clients
qu’il a contribué à conditionner à la consommation, n’osait rêver d’une
telle reconnaissance de son utilité sociale. Jusque là, le système se
contentait de mettre en avant le droit des femmes prostituées à
disposer librement de leur corps, renversant la situation effective de
ces femmes dont le corps est mis à la libre disposition de clients
solvables. Cette légitimation compassionnelle du système prostitutionnel rendrait de facto
impossible toute forme de lutte contre les industries du sexe dont les
femmes et les adolescentes sont les principales victimes à cause d’un
accident chromosomique. Le principe de non discrimination serait
aussitôt mis en avant par les valides car tout le monde peut, dans le
domaine de la sexualité, se proclamer peu ou prou handicapé, trop
timide, trop petit, trop laid, trop complexé etc...
Marcel Nuss ne se pose pas la question de l’égalité entre les sexes
dans la sexualité, il invoque la souffrance de l’homme dont les
« besoins ne sont pas entendus », il prend comme argument que « ça se
fait ailleurs ». Effectivement, ces services sont prodigués dans les
pays où la prostitution est regardée comme un droit de l’homme pour les
hommes : les Pays-Bas, l’Allemagne ou la Suisse. Dans un entretien au
quotidien Libération, toujours à l’avant-garde en ce qui concerne
la défense des droits des minorités et à la traîne pour ce qui est de
l’égalité sexuelle réelle entre les deux sexes, il compare « les
blocages actuels à ce qui s’est passé en 1975 au moment où a été voté la
loi qui a légalisé l’avortement sous certaines conditions. » (3)
Dans cette logique la légalisation de l’avortement - c’est à dire le
droit des femmes à refuser une grossesse non désirée - équivaudrait au
droit des hommes à la prostitution. Cet argument, déjà utilisé lors du
débat sur la gestation pour autrui, ressemble à s’y méprendre à un
retour de balancier en faveur du droit ancestral des hommes à disposer
librement du corps des femmes à des fins sexuelles et/ou reproductives.
Les féministes qui luttaient dans les années 70 pour l’accès à la
contraception et le droit à l’avortement ne demandaient qu’une chose :
le droit de pouvoir, comme les hommes, investir leur propre existence,
d’être à elles-mêmes leur propre projet plutôt que de servir ceux d’un
tiers – un fœtus non désiré par exemple - avec tout ce que cela implique
matériellement et temporellement comme de vivre une grossesse, un
accouchement, prodiguer des soins, avoir à assumer la responsabilité
d’une éducation. Or ce droit, on l’oublie systématiquement, tous les hommes qu’ils soient valides ou handicapés, l’ont en naissant.
Dans une société qui prône les valeurs de liberté d’égalité et de
fraternité entre tous les citoyens hommes et femmes, la sexualité ne
s’achète pas, tout simplement. Le handicap n’est pas en soi une
impossibilité absolue à entrer dans une relation de partage et de
réciprocité. Paul Feyerabend, un des principaux philosophes des sciences
du XX siècle, rendu handicapé à vie et impuissant à 19 ans lors de la
seconde guerre mondiale, marié à plusieurs reprises au cours de sa vie
apporte, dans son autobiographie, ce témoignage : « Quand je me
retrouvais au lit (…) je devenais très attentif à tous les gestes que
j’observais, à tous les sons que j’entendais et essayais de donner
satisfaction avec des moyens différents de la procédure standard (en
supposant qu’il existe une procédure standard). Il semble que j’y
réussissais, en tout cas à certaines occasions. (…) Alors que j’aimais
les étapes initiales d’une rencontre et que j’étais plus qu’heureux de
suivre les indices et les instructions explicites qui m’étaient donnés,
je n’ai jamais eu d’orgasme moi-même. » (4)
Notes
1. Claudine Legardinier, « Handicap : accompagnement sexuel ou prostitution ? », Prostitution & Société, décembre 2008.
2. Alain Accardo, De notre servitude involontaire, « contre-feux », Agone 2001.
3. Marcel Nuss, Handicap et sexualité : que ceux qui en ont envie puisse en bénéficier, Libération, 25 février 2011
4. Paul Feyerabend, Tuer le temps, Seuil 1996
Communique de presse : La vie sexuelle et affective des personnes handicapées doit se faire dans la dignité
Les personnes handicapées veulent exercer leur liberté de choix de
partenaire et pouvoir développer leurs propres relations amoureuses. La
CLEF, Coordination française pour le lobby européen des femmes, s’engage
pour un environnement les favorisant et respectueux de leur dignité. Le
handicap ne déshumanise pas. Les personnes handicapées sont des
personnes avec un corps, un cerveau, un sexe, des sentiments, des
désirs, une pensée…
Jouer sur la commisération pour exprimer la détresse affective et
sexuelle des personnes handicapées et y répondre par la marchandisation
des corps en proposant des aidant(e)s sexuel(le)s est une fausse
solution, réductrice et de facilité. Une fausse solution qui résulterait
en une plus grande exclusion et invisibilité par la création d’un
service spécifique pour « ces pauvres handicapés», ainsi marginalisés.
L’« achat de services sexuels » s’inscrit, selon la CLEF, dans la
continuité de la prostitution, source de contraintes et de violences,
domination du corps de l’autre par l’argent. Qu’est-ce qui justifierait
que des femmes (la demande est essentiellement masculine) mettent encore
une fois leur corps à la disposition des hommes, avec toutes les
dérives potentielles que l’on connait. Après plusieurs années, cette
pratique est d’ailleurs questionnée en Suisse et aux Pays Bas.
Faire venir au sein d’un service hospitalier, d'un centre ou d’une
institution pour personnes handicapées, une ou un assistant-e- sexuel-le
au même titre que le/la médecin, l’infirmier(ère), le/la
kinésithérapeute ou l’aide-soignant(e) et rémunérer ses « services »
serait passible de la loi contre le proxénétisme. De même que recourir à
des personnes prostituées. Un « ajustement » de cette loi ne saurait
être justifié alors que la France est engagée dans la lutte contre les
violences faites aux femmes et le trafic des êtres humains.
Une solution serait plutôt que, dans les institutions, les rencontres
entre deux personnes, les relations consenties entre pensionnaires
soient autorisées et que des chambres soient mises à disposition des
couples.
Changeons le regard de la société et ouvrons l’environnement afin de
multiplier les opportunités de rencontres. Ainsi les personnes
handicapées pourront gérer leur vie affective et sexuelle dans le
respect de leur dignité et de celle de l’autre.
8 Mars Toujours dans la rue pour exiger l’égalité !
L’ÉGALITÉ, inscrite dans la Constitution de 1946 tarde à se concrétiser :
l’égalité salariale, l’égalité professionnelle et l’égalité politique
,entre autres, ont donné lieu à plusieurs lois qui ne sont toujours pas
appliquées.
Partout en Europe, les femmes sont les premières
victimes des mesures d’austérité. Elles sont très majoritairement
concernées par le temps partiel et les bas salaires, et ont toujours un
taux de chômage supérieur à celui des hommes. Les coupes massives dans
les budgets publics, la casse des services publics d’éducation, de
santé, sociaux, de transport, les baisses de prestations sociales et le
manque de crèches et de maisons de retraite les pénalisent en priorité.
Résultat
: tout cela les oblige à consacrer plus de temps à la prise en charge
des enfants et de leurs proches dépendants, au détriment de leur vie
professionnelle.
Nous voulons l’égalité salariale maintenant et
un véritable service public de la petite enfance et des personnes âgées
dépendantes. Nous refusons des demi-mesures type « 10 % d’enfants
pauvres dans les crèches » comme le préconise le gouvernement.
De
nombreuses femmes, souvent sans papiers, sont cantonnées dans des
services à la personne, sous payées, et contribuent à pallier l’absence
de service public. Nous demandons leur régularisation. Nous demandons
aussi la revalorisation des salaires des métiers féminisés.
Nous
refusons l’Accord National Interprofessionnel qui aggrave la précarité
du travail et dont les prétendues avancées en matière de temps partiel
sont assorties de multiples dérogations et contournements possibles.
Le
droit à l’avortement, obtenu de haute lutte en 1975, est entravé par la
fermeture de près de 200 CIVG consécutive à la loi Bachelot (Hôpital
Patients Santé et Territoires) qui a pour objectif le démantèlement de
l’hôpital public. Nous demandons son abrogation, la suppression de la
tarification à l’activité et une réelle revalorisation tarifaire de
l’IVG à la hauteur d’une fausse couche spontanée.
Pour la pilule,
surtout pas de panique ! Nous demandons que les femmes aient une
information réelle et exhaustive sur l’ensemble des moyens de
contraception qui leur permette un vrai choix.
La législation sur
les violences faites aux femmes n’a pas cessé d’évoluer ces dernières
années. C’est le résultat du rapport de forces imposé par les
féministes. Mais cette législation est toujours incomplète. Nous
demandons une loi cadre contre les violences faites aux femmes et
l’application de toutes les lois existantes. Cette loi cadre implique,
entre autres, une véritable éducation non sexiste et non lesbophobe et
le droit d’asile pour les femmes persécutées pour fait de sexisme et de
lesbophobie.
De la prostitution à la gestation pour autrui (GPA) nous sommes résolument contre la marchandisation du corps des femmes.
La
prostitution est une violence. Nous voulons que le gouvernement prenne
ses responsabilités pour mettre en œuvre une véritable politique
abolitionniste incluant les moyens pour une vraie réinsertion des
personnes prostituées, l’abrogation du délit de racolage, et une
politique de responsabilisation et de pénalisation des clients.
Nous
refusons toute reconnaissance implicite ou explicite de la GPA, dont
celle pratiquée en dehors de notre territoire, concrétisation de
l’exploitation des femmes les plus pauvres par les classes les plus
favorisées.
C’est pourquoi nous condamnons la circulaire Taubira
entérinant auprès des tribunaux le fait qu’un enfant né de la GPA
bénéficie de la nationalité française.
Nous revendiquons la
Procréation Médicalement Assistée pour toutes les femmes. La PMA n’a
rien à voir avec la GPA, n’exploite le corps de personne et est déjà
autorisée en France pour les couples hétérosexuels.
Le Premier
Ministre a installé en janvier un « Haut Conseil à l’égalité des droits
entre les femmes et les hommes ». On y trouve des personnalités telles
Mme Bachelot, auteure de la loi HPST, ou Mr Taddéi, présentateur télé
qui a invité à son émission un proxénète notoire. Dans le même temps,
des associations féministes de poids en sont écartées pour des motifs
politiques. Nous demandons que le mouvement féministe soit représenté
dans sa diversité.
Devant l’énorme problème que représente
le logement, nous exigeons l’application de la loi Dalo (Droit au
logement opposable) et l’hébergement inconditionnel de toutes les
femmes, avec ou sans papiers.
Partout dans le monde, les femmes
luttent pour la paix, la liberté, l’égalité et la fin des violences
sexuelles. Elles s’organisent, résistent, revendiquent, créent des liens
et des structures de solidarité.
Nous pensons particulièrement
en ce 8 mars à Nirbhaya, violée et assassinée en Inde ; à Pinar Selek
injustement condamnée à la prison à perpétuité après avoir été acquittée
par 3 fois. Nous demandons que soi-en-t identifié-s au plus vite et
jugé-s le ou les assassins de Sakine, Leyla et Fidan, assassinées à
Paris, militantes de la reconnaissance du peuple kurde.
Nous
soutenons la lutte des femmes tunisiennes pour conserver leurs droits,
celle des femmes rwandaises, indiennes, égyptiennes et africaines du sud
contre les viols et agressions sexuelles subis au quotidien ; des
femmes maliennes, congolaises, syriennes, maltraitées et violées dans
les zones de conflits.
Nous soutenons, également, la
revendication du COCAFEM - Coordination régionale des grands lacs
africains (Rwanda, Burundi et République démocratique du Congo) pour que
les femmes soient reconnues comme actrices et négociatrices de la paix
et qu’elles participent à tous les processus de prévention, gestion et
résolution pacifique des conflits ainsi qu’à la reconstruction de leurs
pays respectifs.
Nous exigeons que soit mis fin à l’impunité de
tous les criminels de guerre, de tous les auteurs de crimes de génocide
ou de crimes contre l’humanité et que tous les auteurs de viols soient
punis.
Premiers signataires :
Collectif national pour les Droits des Femmes, Cadac,ANEF,
APEL-Égalité, Association des femmes kurdes Zine, Association "Droit des
femmes" XXe, CATW Europe, Coalition Internationale Impunity Zero ,
Collectif féministe contre le Viol, Collectif Fiér-e-s et
révolutionnaires, Collectif contre les viols au Rwanda, Collectif
Libertaire Anti-Sexiste,Collectif de Pratiques et de Réflexions
Féministes « Ruptures », Comité Indépendant Contre la Répression des
Citoyens Iraniens,Coordination française pour le Lobby Européen des
femmes, Coordination Lesbienne en France, L’Égalité c’est pas sorcier,
FASTI, Féminisme enjeux, Femmes migrantes debout, FAE - INITIATIVE
FEMINISTA EUROPEENNE - FRANCE, Fédération de Paris de la Ligue des
droits de l’Homme, Femmes Libres (Radio Libertaire), Femmes Solidaires,
Front de Gauche, Gauche unitaire, Les efFRONTé-e-s, Ligue des femmes
iraniennes pour la démocratie, Libres MarianneS, Marche Mondiale des
Femmes, Maison des Femmes de Montreuil, Mouvement Jeunes Communistes de
France, Organisation Femmes Egalité, Osez le Féminisme, Parti Communiste
Français, Parti de Gauche, Planning Familial 75,RAJFIRE, Réseau
Féministes « Ruptures », SOS Sexisme, UniEs-vers-Elles, Union des
Étudiants Communistes
Déclaration de la Marche Mondiale des Femmes
Journée internationale des femmes 2013
Nous, femmes du monde, nous
transformons nos chagrins en force.
Nous,
femmes de tous les peuples, âges, classes et sexualités, résistons
à la criminalisation croissante qui pèse sur nous, sur nos
mobilisations et nos propositions. Les rues et les espaces publics
sont à nous ! Nous sommes organisées en mouvements sociaux,
malgré les pressions auxquelles nous devons faire face dans l’espace
public. Nous persistons dans notre lutte pour des lois progressistes
qui renforcent nos droits formels, malgré la répression et la
violence des gouvernements et des institutions religieuses. Nous
sommes toutes des femmes en résistance célébrant nos victoires !
Nous sommes toutes des femmes des Philippines célébrant le passage
de la loi sur la santé reproductive !
Une
fois de plus, nous prenons les devants et la rue dans la lutte contre
toutes les formes de violence et dans nos sociétés et disons
« Stop » !. Nous dénonçons la violence comme
élément structurel du système capitaliste, néocolonialiste et
patriarcal comme outil pour contrôler nos vies, nos corps et nos
sexualités. Nous sommes toutes des femmes de l'Inde et du Bangladesh
luttant contre le viol, les violences sexuelles et l’impunité des
agresseurs ! Nous sommes toutes des femmes mayas brisant le
silence dans les cours en exigeant la justice ! Nous sommes
toutes des femmes du Mozambique dans la réussite de la lutte pour
une loi contre la violence domestique !
Nous,
femmes autochtones, nous ripostons. Nous nous mobilisons en masse, à
l’échelle locale et internationale. Nous demandons que nos
gouvernements respectent nos droits et ceux de nos peuples et
territoires, et nous utilisons, avec créativité, les outils de
lutte à notre disposition. Nous sommes toutes des femmes B’laan
des Philippines et des femmes mayas, xincas et mestices du Guatemala,
protégeant nos territoires, notre terre et notre corps de
l’exploitation des industries minières et hydroélectriques !
Nous sommes toutes des manifestantes de Idle
No More
et des femmes des premières nations du Canada contestant les
discriminations et les injustices historiques que les peuples
autochtones subissent !
Nous, jeunes
femmes et filles, nous résistons aux attaques patriarcales ; au
sein de nos familles où la notion de ce qui est «acceptable» ou
«approprié» est utilisé afin de restreindre notre mobilité ;
au sein de la société où l’accès à l’éducation, aux
services de santé reproductive et de santé publique est limité ou
nié… Nous continuons à défier ces restrictions, nous nous
organisons, débattons, nous mobilisons, renforçons nos luttes et
donnons vie à nos résistances. Nous sommes toutes des filles du
Pakistan qui continuent d'aller à l'école malgré les menaces
physiques ! Nous sommes toutes des étudiantes du Chili criant "Non"
à la privatisation de l'éducatio, et demandant une éducation
gratuite et de qualité !
Nous,
féministes, nous sommes toujours en lutte pour l'autonomie de nos
corps, notre sexualité et notre fertilité. Nous exigeons la
légalisation de l'avortement dans les pays où nous sommes
criminalisées pour avoir exercé notre droit de ne pas être mère.
Nous résistons aux attaques contre nos droits reproductifs et notre
accès à l'avortement obtenus après des décennies de luttes. Nous
sommes toutes les milliers de femmes de Turquie qui se lèvent contre
les accusations d'assassinat proclamées par notre gouvernement !
Nous sommes toutes des jeunes femmes européennes luttant contre les
attaques contre le droit à l’avortement à travers le continent !
Nous sommes toutes des femmes d'Uruguay commémorant la légalisation
de l'avortement, tout en restant alertées contre de potentielles
restrictions et contrôle des femmes qui choisissent d'exercer ce
droit !
Nous,
militantes dans nos syndicats et partis politiques, défions le
sexisme qui perdure et la misogynie manifestée par nos frères en
luttes, tout en continuant à pousser sans cesse pour l'inclusion de
notre féminisme anti-capitaliste et anticolonialiste dans les
débats, les déclarations et les luttes. Nous continuons à nous
renforcer collectivement, à consolider nos alliances et nos demandes
féministes. Nous sommes toutes des femmes présentes dans les
espaces de convergence des mouvements sociaux – par exemple, à
Florence 10+10, Italie, et bientôt au Forum Social Mondial à Tunis
en mars et à l’Alter-sommet en juin – affirmant nos analyses et
demandes féministes !
Nous,
toutes les femmes, devenons de plus en plus rebelles face aux
offensives conservatrices et intégristes et à la militarisation de
nos communautés. Nous sommes toutes des femmes et jeunes filles du
Mali, défiant l'oppression Islamiste en conduisant nos motos, en
sortant de nos maisons pour continuer nos vies quotidiennes dans les
espaces publics et luttant contre le viol, les violences sexuelles et
l’impunité des agresseurs ! Nous
sommes toutes des femmes européennes, défiant nos gouvernements en
luttant contre les mesures d'austérité ! Nous
sommes toutes les femmes d’Égypte, défiant les menaces graves de
violence sexuelle en retournant chaque jour pour protester sur la
Place Tahrir ! Nous sommes toutes les femmes de Tunisie, luttant
pour la réalisation des revendications de la révolution – le
travail, la liberté, la dignité et la citoyenneté – et contre
les tentatives de mise en place des mécanismes de discrimination des
femmes dès la petite enface (non-mixité dans le préscolaire,
port du voile dans les jardins d’enfants, incitation au mariage
précoce).
Nous,
femmes de la Marche Mondiale des Femmes, marchons ce 8 mars 2013,
comme des milliers l’ont fait pendant les 24 Heures d’action
féministe à travers le monde le 10 décembre 2012. Dans une vague
d’action à travers les continents, nous transformons nos chagrins
en force !
Coordination Française Marche Mondiale des Femmes
Mariage pour tous et toutes... ou pas...
MANIFESTATION NATIONALE 27 janvier - 14h – Denfert-Rochereau - Paris
La droite ne s’y trompe pas :
accepter le mariage pour les couples homosexuels, c’est accepter que
l’hétérosexualité n’est plus la seule référence, c’est faire rentrer
l’homosexualité dans la « normalité sociale », c’est faire une brèche
dans la solide et millénaire institution patriarcale qu’est le mariage.
Pour nous, féministes de la MMF, il s’agit avant tout d’égalité des
droits et des libertés. Le droit de me marier ou pas, en fonction de
mes choix, de mes besoins affectifs, de mes valeurs, de ma situation,
etc. Le droit d’avoir des enfants ou pas, en fonction de moi-même et du
couple que je forme, si c’est le cas. Il s’agit donc du droit et de la
liberté de choisir ma vie, sans discriminations, quel que soit mon mode
de vie, hétéro ou homo. Scinder la loi en deux parties, d’une part le
mariage et d’autre part la parentalité, c’est donner encore plus
d’espace médiatique à l’extrême droite et à l’intégrisme catholique qui
saisissent cette opportunité pour valoriser leur étendard d’idées
réactionnaires.
Les questions économiques sont essentielles et les choix de vie de
chacun-ne ne doivent pas permettre des discriminations telles que
celles vécues par les couples homosexuels. Le non droit à la Sécurité
sociale du conjoint, les héritages, les permis de séjour, etc.
Même si, pour beaucoup d’entre nous, le mariage est une institution qui
ne correspond pas à nos valeurs et que nous avons souvent reconnu comme
un des hauts lieux de l’oppression des femmes, nous considérons que les
libertés sont essentielles et que cela ne peut se négocier. Mais, si
nous sommes entièrement investies dans la défense des droits et des
libertés, nous sommes également très impliquées dans la lutte contre
l’utilisation du corps des femmes à des fins commerciales. Ce
positionnement très ferme nous amène à refuser la Gestation pour autrui – GPA - autrement dit la location du ventre des
femmes en contrepartie financière.
Nous revendiquons :
• Le droit pour toutes et tous de se marier ou non ;
• L’accès à l'adoption pour les couples - mariés ou non - de même sexe ;
• La prise en compte des diverses réalités homoparentales ; la reconnaissance de la filiation
qui en découle ;
• L’accès à la Procréation Médicalement Assistée pour toutes, mariées ou non, y compris les
couples de lesbiennes ;
• Une véritable politique contre l'homophobie ; éducation sexuelle à toutes les formes de
sexualité ; l'inclusion des-dites phobies dans les délits de harcèlement moral ;
• Des centres d’accueil pour les personnes en rupture familiale, y compris les LGBT.
Au dela du mariage
Sous
la notion de mariage (et plus généralement d’union, qu’elle soit
légalisée ou libre), se tapissent les fondements mêmes de la société
étatiste et capitaliste actuelle : la domination et la propriété privée.
L’institution
du mariage se définit ainsi traditionnellement et jusqu’à aujourd’hui
en termes de transmission d’un capital (financier et génétique), de
devoirs juridiques contraignants, de domination de la norme
hétérosexuelle, de statuts réciproques de “l’homme”, de “la femme”, et
de “l’enfant”. Statuts non naturels mais culturels, organisant la
domination masculine et adulte d’une part, et fondant d’autre part le
fait inacceptable que les un-e-s (enfants, femmes) appartiendraient exclusivement
à d’autres qui en seraient les propriétaires (l’homme adulte). La
notion de famille implique ainsi la relégation des individus à un âge,
notion éminemment culturelle, à un genre, notion elle aussi culturelle
fondée sur l’aspect tout à fait bénin du sexe biologique, mais
surdéterminant les rapports sociaux.
L’institution
du mariage est l’une des plus anciennes institutions, consistant à
limiter les possibles, à établir un contrôle social sur nos identités,
nos désirs et nos sentiments, et à nous le faire intégrer dans notre
intimité même, dans notre façon de concevoir et de juger le monde et les
autres. Le mariage, ce dispositif central du patriarcat, est au coeur
des rapports de hiérarchie (domination de “la femme”, domination de
“l’enfant”) et de privation (organisation de la propriété privée, des biens… comme des personnes !).
La
revendication au “mariage pour tou-te-s” doit éviter l’écueil de
légitimer ce que suppose cette institution : la domination sociale et la
propriété privée… sous peine d’aboutir à un renforcement du dispositif
bourgeois. L’abolition du mariage comme institution est une vieille
proposition anarchiste, que nous partageons.
Mais
comment aller vers cette abolition et vers le respect intégral des
individus et leur libre association, dans une société où toute autonomie
est détruite par le capital et l’Etat ? Où pour vivre leur amour, les
individus atomisés, en manque de repères sociaux, éprouvent parfois le
besoin de se jeter sur le mariage comme on se jetterait sur la planche
d’un navire en naufrage ?
Peut-être en
affirmant que, dans cette revendication d’un mariage pour tou-te-s, nous
ne revendiquons pas l’institution du mariage ; mais que nous voulons au
contraire en finir avec lui, le dynamiter dans ce qui le fonde, le
vider à terme de toute son essence mortifère et sclérosante, pour le
ranger un jour au placard des mauvais souvenirs.
Le
débat actuel sur le mariage homo, la filiation, l’adoption et la
procréation médicalement assistée peut être une chance de remettre en
question la distinction et la hiérarchie moisies entre “homme” et
“femme”, entre “hétérosexualité” et “homosexualité”, “fidélité” et
“infidélité”, ”adultes” et “enfants” (quelle affreuse prétention des
individus “adultes” à vouloir disposer des individus “enfants”, que
ceux-ci soient issus de leurs gènes ou non, comme s’ils étaient les
“leurs”, leur propriété !). Toutes elles-mêmes des catégories factices
et frustratrices, réduisant la richesse de la réalité vécue dans les
rapports et les liens humains, qui se nouent et se dénouent.
Dans
cette lutte encore longue et difficile pour éradiquer le mariage et la
famille comme racines de la domination sociale et de la propriété
privée, exclusive et excluante, nous ne sommes évidemment pas du côté
des fachos ni des intégristes catholiques, musulmans et juifs, aux
“arguments” puants, dissimulant leurs prétentions malsaines à maintenir
des gens dans la relégation, derrière le fard d’un débat “citoyen”.
Nous
sommes du côté des individus que l’institution marginalise et réprime
et que des sombres merdes agressent. Nous sommes solidaires avec leurs
luttes, parce qu’à travers la conception traditionnelle du mariage, ces
personnes sont réprimées et agressées par le même patriarcat, la même
coercition légale et la même propriété privée qui nous oppriment aussi.
Des personnes qui aiment des individus du même sexe biologique sont
empêchées de pouvoir accéder à des pensions de réversion, d’adopter des
enfants, de concevoir des enfants. Des enfants sont dans l’angoisse de
se retrouver séparés des adultes qu’ils aiment et avec lesquels ils
vivent. C’est inacceptable.
Oui au mariage pour tou-te-s… pour qu’un jour enfin il n’y ait plus de mariage pour enchaîner quiconque. Jeanine, Pavillon Noir, 13 janvier 2013 Source : FA Montreuil
Ce soir, plus jamais ! - Sophie Péchau - Présidente de l'AVFT
Les
extraits sont tirés du livre « Putain » de Nelly Arcan, édition
Points/2001. Nelly Arcan est née en 1975 au Québec. Elle a vécu à
Montréal où elle a été prostituée pendant plusieurs années dans une
«agence» comme celle de Dominique Alderweirel . Son livre relate les
violences sexuelles incestueuses qu’elle a subies enfant ainsi que de
son «expérienc » en tant que prostituée. Elle s’est suicidée en septembre 2009 à 36 ans.
(…) Et quelque fois, je dois le faire
une deuxième fois, de préférence une sodomie, alors on me caresse pour
me préparer, du bout des doigts ou avec la langue, et je ne peux que
céder car ni la perspective de la douleur ni celle du dégoût ne saurait
renverser chez eux la certitude du plaisir que j’y trouve, et je dis
non et ils disent j’y vais doucement, tu verras, ça fait du bien, mais
oui c’est vrai, ça fait du bien, ça fait mal doucement, et que vaut
cette douleur à coté de leur joie, qu’est ce qu’avoir mal lorsqu’on est
moi, qu’est ce que vouloir, penser ou décider lorsqu’on est pendue à
tous les coups, à toutes les queues, les pieds dans le vide, le corps
emporté par cette force qui me fais vivre et qui me tue à la fois (…) - « Putain », Nelly Arcan[1]
« Filles de joie » : On y croirait presque ce 11 décembre, à regarder «
Ce soir ou jamais », cette émission toute rose comme un bonbon.
L’animateur Frédéric Taddéï a invité le proxénète Dominique
Alderweireld (qu’il appelle « Dodo la saumure »), à une petite causerie
intime en face à face, entre amis. Avant, on a pu entendre - entre
autres - Jacques Attali vanter le « bonheur de penser », Corine Maier
faire la publicité de son dernier livre, « le manuel du parfait
arriviste », et Mathieu Laine présenter le « Dictionnaire du
libéralisme ». Cerveaux lavés, essorés, oxymorés, préparés, n’en jetez
plus, place à une autre entreprise de propagande : la réhabilitation du
proxénétisme et de l’esclavagisme sexuel des femmes par les hommes. La
valorisation du viol organisé. La préparation du retour sur la scène
politique de Dominique Strauss Khan un jour prochain, soyons-en sûres.
« Filles de joies », « Maison du plaisir »… alors s’ils le disent… : Et
si c’était ça la liberté de penser ? Et si le proxénétisme c’était
juste une activité économique libérale, comme une autre ? Ce Dominique
Alderweireld, il a l’air gentil. Et puis c’est Frédéric Taddéï qui le
dit en le présentant : « Vous n’avez pas été inquiété dans cette
affaire[2], vous n’êtes pas inculpé ». On dirait un papi, un peu gras
et chauve. Il ne fait pas peur « Dodo », on voit même des cadrages de
caméra montrant ses grosses mains pataudes et la sueur sur son front.
Mais de quoi parlent-ils tous les deux, assis à ce bar avec leurs coupes de champagne ?
« Oui la vie m’a traversé, je n’ai pas
rêvé, ces hommes, des milliers, dans ma bouche, je n’ai rien inventé de
leur sperme sur moi, sur ma figure, dans mes yeux, j’ai tout vu et ça
continue encore, tous les jours ou presque, des bouts d’homme, leur
queue seulement, des bouts de queue qui s’émeuvent pour je ne sais quoi
car ce n’est pas de moi qu’ils bandent, ça n’a jamais été de moi, c’est
de ma putasserie, du fait que je suis là pour les sucer, les sucer
encore, ces queues qui s’enfilent les unes aux autres comme si j’allais
les vider sans retour (…) tandis qu’ils s’affolent dans les draps en
faisant apparaître ça et là un visage grimaçant, des mamelons durcis,
une fente trempée et agitée de spasmes, tandis qu’ils tentent de croire
que ces bouts de femme leur sont destinés et qu’ils sont les seuls à
savoir les faire parler, les seuls à pouvoir les faire plier sous le
désir qu’ils ont de les voir plier ». P.19
« On a l’impression que c’est un métier comme les autres, de
commerçants, c’est comme si vous teniez un salon de coiffure » F.Taddéï.
Et oui, un « salon de coiffure ». Et si Frédéric Taddéï peut comparer
le fait de tirer des bénéfices de la location d’un sexe au profit d’un
tiers, à un salon de coiffure, c’est qu’il n’a jamais mis les pieds
dans un salon de coiffure ou… qu’il ment effrontément. Forcément.
Mais ce soir, le négatif est le positif. Le blanc c’est le noir, la
guerre c’est la paix. Ce qu’il s’est passé ce mardi soir est d’une
gravité sans nom. Plus qu’un mensonge ou une litanie de stéréotypes
dont les médias nous habituent, ce moment télévisuel était un simulacre
de discussion, une théorie, organisée et construite exclusivement
autour de la promotion, de la banalisation du viol et de la domination
masculine. On a assisté à une véritable inversion des repères, un
brouillage méthodique de la raison. Jugez plutôt.
1- Masquer le réel : Pas
une seule fois, l’animateur ne précise en quoi consiste le fait de
prostituer une personne. Cela n’est jamais expliqué. «En Belgique c’est
autorisé», en France « c’estinterdit ». «C’est», c’est quoi ?
L’animateur - qu’il faut s’interdire d’appeler journaliste - fait siens
des mots du proxénète : « dans un établissement comme le vôtre »,
«Maison de joie», «votre métie », «votre profession», «activité
économique», «call-girl de lux», «bon proxénète», «salon de coiffure»,
«commerce», «agent de mannequin», «maison de tolérance» etc. Succession
indécente d’euphémismes frisant la folie. Ne pas expliquer ce qu’est la
prostitution, ne pas utiliser une seule fois les mots fellation,
pénétration, sodomie, sexe, sperme, poils, peau, douleur, vagin, anus,
bouche, sang, violence, c’est laisser chacune avec sa propre
représentation, voire son fantasme personnel de ce qu’est la
prostitution. Ce déni
de réalité permet aux agent-es de la propagande règlementariste dont
font partie - Alderweireld et Taddéï- de pouvoir affirmer qu’il est
préférable de se prostituer que de travailler à la chaine. Quelle
différence puisque justement on n’explique pas la différence ?
À travers cette assertion bien rodée et récurrente (avec quelques
variantes comme charpentier, oenologue (si si), caissière), les
personnes militant pour la réglementation (et donc la légitimation ) de
la prostitution la présentent comme un banal métier certes douloureux
et pénible, mais ça arrive à tout le monde, regardez les travailleurs à
la chaine. Alors c’est bien, c’est normal. C’est comme ça. D’ailleurs,
le public lui non plus il ne dit rien. Régulièrement, on voit des gros
plans d’hommes et de femmes dans le public, des gens comme nous, qui
écoutent bien sérieusement «Dodo». Ils n’ont pas l’air offusqué non. Il
y a même une femme qui sourit un peu. Une femme en plus !. C’est donc
que
tout est normal, pas de raison de s’énerver.
« Et il suffit de (…) deux ou trois
clients pour comprendre que voilà, c’est fini, que la vie ne sera plus
jamais ce qu’elle était, il a suffit d’une seule fois pour me trouver
prise dans la répétition de la queue dressée sur laquelle je butte
encore, ici dans cette chambre, le petit soldat mécanique qui n’a pas
la notion des murs, qui continue sa marche vers la mort même tombé de
côté, (…) les larmes sans tristesse qui glissent sur les queues qui
fouillent ma gorge, dans l’attente de l’orgasme et même après, dans
l’âpreté du sperme ». P .22
2- Inverser la réalité :
« Les filles sont des électrons-libres » : D. Alderweireld . La liberté
d’être violée. Elles sont responsables puisqu’elles sont libres de se
prostituer ou non. Voilà ce que sousentendent Taddéï et Alderweireld.
« Ce sont les femmes qui initient le souteneur » dit le proxénète.
« Si on vous entend, on a l’impression que chez vous, c’est elles qui
commandent, elles viennent quand elles veulent, elles font ce qu’elles
veulent », explique l’animateur qui préfère les « impressions » aux
questions.
«J’en dépends économiquement, je suis obligé de me soumettre » dit le proxénète.
« Vous dépendez plus d’elles, qu’elles ne dépendent de vous » dit l’animateur
«Ha certainement !» dit le proxénète.
Le «patron» soumis et dépendant de ses «salariées» qui font ce qu’elles
veulent, c’est bien la seule fois qu’on nous fait ce coup là ! Ainsi
faudrait-il voir la prostitution non seulement comme un travail, mais
aussi comme un domaine où tous les rapports sociaux et hiérarchiques
sont inversés !
« De toute façon, la fille vient chez nous, elle essaye (quoi ? des
vêtements ?) et si ça convient pas, elle repart » dit le proxénète.
Magique ! La période d’essai est aussi à l’avantage de la prostituée !
3- Troubler les repères :
« Je préfère le terme de souteneur, car je soutiens les femmes. Elles
ont besoin de soutien moral, c’est un métier marginal, il y a beaucoup
de contraintes, donc elles ont besoin d’alter égo, qui puisse les
comprendre, les aider (…) il faut quelqu’un qui les fasse un peu rêver
» dit le proxénète gras, chauve et suant.
Ainsi le proxénète qui met à disposition des autres, le vagin, l’anus
et la bouche des femmes et qui en tire profit, est un ami, un
confident, un charmeur. Non, non, pas un proxénète, un charmeur on vous
dit. « Dodo » est un charmeur de serpent qui, avec son acolyte Frédo
essaie de nous endormir avec sa petite musique patriarcale.
4- Essentialiser/justifier la violence à l’encontre des femmes : « Et
de raconter ces une, deux, trois mille fois où des hommes m’ont prise
ne peut se faire que dans la perte et non l’accumulation, d’ailleurs
vous les connaissez déjà, les cent vingt jours de Sodome, vous les avez
lus sans avoir pu tenir jusqu’à la fin, et sachez que moi j’en suis à
la cent vingt et unième journée, tout à été fait dans les règles et ça continue toujours, cent vingt-deux, cent vingt-trois (…). P .26
« C’est une profession naturelle, il y a un besoin » dit le proxénète
féru de Grèce antique, puisqu’il se plait même à évoquer l’épouse de
Périclès afin de nous prouver que la prostitution existe depuis le 5ème
siècle avant JC.
On la connaît la chanson. Elle est si fatigante qu’il est éreintant de
répéter inlassablement les mêmes choses, toujours… Le fait que la
prostitution existe depuis trop longtemps, n’est pas une raison pour
l’accepter. Le lien de cause à effet n’existe pas. Les meurtres
existent depuis toujours, pourtant ils sont interdits. Il n’y a pas
d’immanence de la violence, les femmes ne doivent pas être à jamais
assujetties à la violence des hommes. On peut décréter et lutter pour
le contraire. C’est même une condition de survie et de santé mentale.
5- Libéraliser la
domination masculine : « Je touche 50 % du brut, ça me laisse 20 %, je
paye l’électricité, la TVA, enfin tout ça… (…) À l’époque, il existait
des placeurs, des impresarios qui plaçaient les filles en France et à
l’outremer » dit le proxénète.
« ah, des souteneurs, mais à l’exportation » dit l’animateur
« Non pas à l’exportation, à l’importation ».
Import, export, TVA, frais fixes… puisqu’on vous dit que le proxénétisme est un métier comme les autres !
« Et puis baiser, moi sur le dessus et
enfin en petit chien, voilà ce que je préfère car il n’y a que les
sexes qui se touchent, je peux grimacer comme je l’entends, pleurer un
peu aussi et même jouir sans que ça se sache, et tout doit être fait,
six, sept, huit fois de suite avec six, sept, huit clients différents
et après c’est entendu, je peux m’en aller et m’en aller où
pensez-vous, chez moi, eh bien non car je ne veux pas rentrer chez moi,
je veux seulement mourir au plus vite ». P.27
6- Faire peur avec un état sécuritaire : À la fin, Taddéï commence à s’inquiéter :
« N’importe qui organise une cérémonie d’enterrement de vie de garçon peut devenir proxénète ?
(…) même celui qui ne sait pas qu’il a à faire à des prostituées ? (…)
« Tous ceux qui enterrent leur vie de garçon sont des proxénètes ?»
À quoi ressemble la vie de Monsieur Taddéï, qui n’imagine pas qu’un
enterrement de vie de garçon peut se passer de prostituées ? Pensez
donc, tous ces innocents croyant s’amuser entre amis parce qu’il est de
tradition de payer une femme pour avoir accès à son sexe et à son anus,
la veille de s’unir avec une autre femme « pour toute la vie ». Une
bonne excuse pour un viol entre amis.
La peur d’un état répressif et sécuritaire est perpétuellement avancé
par les règlementaristes qui font même croire que la masturbation
deviendrait interdite, qu’un taxi transportant une seule fois un client
ou qu’un pharmacien vendant des préservatif à un client de prostituées,
pourrait être condamnés à 10 ans de réclusion. Si un état qui condamne
réellement à hauteur des crimes, ne peut se concevoir sans une réelle
politique d’information, de sensibilisation et d’aide aux victimes, à
l’inverse : une politique d’information, de sensibilisation et d’aide
aux victimes n’est opérante que si les auteurs de violences sont
fermement condamnés. Ce n’est pas l’un ou l’autre, c’est les deux en
même temps ou rien du tout. Et rien du tout, c’est maintenant.
« Le supplice de la goutte d’eau qui
frappe obstinément le même point au milieu du crâne, vous ne pouvez pas
savoir ce que c’est que tous ces hommes qui ne veulent pas penser qu’il
y a une limite à ce qu’une femme peut donner et recevoir, ils restent
sourds à ce qu’elle ait une fin (…) ils ne comprennent pas que ce
commerce n’est possible que grâce à un pacte sur la vérité qu’il ne
faut surtout pas dire et qu’il faut croire ailleurs, quelque part dans
l’illusion. » P.48
Ce pacte sur la vérité, cette illusion que dénonce Nelly Arcan dans son
livre « Putain », Frédéric Taddéï et le proxénète Dominique
Alderweireld, l’entretiennent consciemment avec le cynisme outrancier
des gens qui ont le pouvoir et qui se protègent entre eux.
C’est une machine de guerre qui s’est déployée contre nous les femmes,
ce soir là comme tous les jours, mais dans le public, personne n’a
bougé. Pourtant l’émission était en direct. Tout était possible. Il y
avait de quoi soulever toute l’assemblée. Les gens auraient pu quitter
le studio. Les femmes auraient pu interpeller le proxénète et
l’animateur. Elles se seraient levées, accompagnées des hommes et c’est
à une véritable bagarre qu’on aurait pu assister. Rokhaya Diallo
présente sur le plateau - si investie dans la lutte contre le racisme
et le sexisme - aurait pu se lever et les interrompre. Elle leur aurait
demandé pourquoi la majorité des femmes prostituées - comme Nelly Arcan
- ont subies des violences sexuelles dans leur enfance ? Elle aurait
été soutenue par Paul Ariès, politologue qui venait parler de la
pauvreté. Il aurait pu dire combien la pauvreté est un facteur
déclenchant et déterminant chez les personnes prostituées. Tous
auraient pu boycotter l’émission. Affirmer officiellement leur
désaccord qu’un tel discours puisse se tenir sur une grande chaine
nationale du « service » public. Rien n’a bougé. Rokhaya s’est
contentée de grimacer, Paul Ariès avait un sourire inexpressif et les
gens dans le public ressemblaient à des pantins de cire,
sans âme. C’était pourtant une question de dignité.
« Parfois lorsque je suis seule ici et
que rien ne se passe, je reste immobile dans le lit en écoutant le
bruit de la vie qui s’anime dans l’immeuble, des casseroles qui
s’entrechoquent dans la cuisine du voisin, des chasses d’eau provenant
d’un lieu indéterminé, de quelque part en bas à gauche, j’écoute le
trafic et les klaxons sur Doctor Penfield en prenant conscience qu’il
n’est pas possible qu’on ne m’entende pas, la voix d’une femme qui
jouit peut percer tous les murs, se rendre jusqu’au lobby, ma voix doit
se rendre dans la rue pour se perdre dans la cacophonie urbaine, pour
mourir entre deux klaxons, et dans la certitude d’être entendue par la
vie qui s’anime autour je m’exerce à parler de
tout haut comme le font les gens fous, je parle de tout et de rien sans
m’interrompre pour qu’il n’y ai pas de trous entre les mots, pour que
ça ressemble à une prière, et il faut que les mots défilent les uns sur
les autres pour ne laisser aucune place à ce qui ne viendrait pas de
moi (…) je m’adresse à ce qui se tient ici en sachant que ça ne sert à
rien, qu’à parler sans arrêt, ça ne sert à rien, mais il faut s’entêter
pour ne pas mourir sur le coup d’un silence trop subi, tout dire
plusieurs fois de suite et surtout ne pas avoir peur de se répéter,
deux ou trois idées suffisent pour remplir une seule tête, pour
orienter toute une vie ». P.65.
Dominique Alderweireld quant à
lui, a été condamné en juin 2012 en Belgique à 5 ans de prison avec
sursis pour ses activités de proxénétisme à la frontière franco-belge.
Ce dernier a été reconnu coupable de diriger une organisation
criminelle spécialisée dans la prostitution et d'avoir abusé de la
vulnérabilité de deux des prostituées qu'il employait. Il a été
également reconnu coupable d'avoir consommé et fourni de la cocaïne aux
femmes prostituées, d'avoir commis des faux pour masquer la véritable
activité de celles-ci, et d'avoir blanchi ses revenus. Source Figaro.fr
Publié le 21/06/2012. Notes : [1] P. 22. Tous les autres extraits sont tirés de ce même livre : « Putain » de Nelly Arcan Edition Points/septembre 2009 [2] L’affaire dont parle Taddéi sans l’expliquer concerne la mise en examen de Dominique Strauss Khan pour viols en réunion et proxénétisme à l’hôtel du Carlton de Lille, auquel DominiqueAlderweireld aurait participé en étant le proxénète des prostituées « livrées » à DSK.
Catalogne : loi et ordre (des proxénètes) – Sylviane Daha - 4 janvier 2013
Un cocktail Molotov, une
voiture bourrée d’explosifs, une alerte à la bombe... Ces dernières
semaines, le Paradise macro-bordel de La Jonquera, l’un des plus grands
d’Europe, a fait parler delui. S’il y avait des doutes sur les dessous
de la prostitution, voici la preuve qu’il s’agit d’une industrie
étroitement liée au crime organisé. Et ce milieu ne badine pas sur les
moyens quand il s’agit de « régler des comptes » ou de se partager un
morceau du gâteau.
L’épais casier judiciaire du patron du Paradise a été largement diffusé
dans la presse. Personne ne peut croire que ce proxénète, condamné par
maints trafics, soit autre chose qu’un homme de paille derrière lequel
se cachent de puissants investisseurs dont l’honorable réputation
conseille de rester dans l’ombre. Et que dire de ces « collecteurs de
fonds » masqués et armés de fusils à répétition ? Ici, il n’y a pas non
plus de surprise. Du moins, pas pour la police : les Mossos d’Esquadra
– la police catalane - sont parfaitement au courant des clans mafieux
opérant dans la zone frontalière. Il s’agit de gangs de trafiquants et
de proxénètes qui contrôlent le flux des filles, pour la plupart
étrangères, qui échouent dans l’industrie prostitutionnelle. Ces
réseaux criminels gèrent l’ordre social sur les routes de la région.
Les policiers savent à quel prix sont loués les ronds-points, quand un
clan décide de « mettre au travail » ses filles dans une zone contrôlée
par une autre bande. Non, nous ne parlons pas de la ville de Chicago
des années vingt, mais des Pyrénées catalans au temps de la
mondialisation.
Mais si tels sont l’état d’esprit et les moeurs de ces « hommes
d’affaires », à quoi peut-on s’attendre pour ce qui est du traitement
accordé aux femmes prostituées, que ce soit dans les nombreux clubs de
la région ou en bordure de route ? Cependant, en dépit de l’extrême
violence que reflètent les événements de ces derniers jours - et malgré
leur projection médiatique, aussi bien dans la presse écrite que dans
les différentes chaînes de télévision - personne ne s’est inquiété des
filles. Elles n’ont pas de nom, d’histoire, de craintes ou de désirs
qui méritent d’être mentionnés. Fugitivement, des reportages télévisés
ont montré des silhouettes de femmes, debout sur des talons
vertigineux, à l’aube, revenant au « turbin » une fois dissipée
l’alarme… qui avait forcé l’évacuation de près d’un millier de clients
qui avaient choisi cet endroit pour fêter l’arrivée du Nouvel An. De
toute évidence, il fallait que les filles « rattrapent le temps perdu »
sitôt rétablie la « normalité ».
Ce silence en dit plus sur la réalité de la prostitution que cent
discours. On ne reconnaît à ces femmes-là ni identité, ni volonté. Il
s’agit de simples marchandises. Personne ne se demande par quels moyens
et avec quelles conséquences on peut déshumaniser des milliers de
femmes jusqu’à en faire des objets propres à la consommation sexuelle
masculine ? C’est plus souvent que l’on peut entendre des voix –
drapées y compris de la dignité que confèrent les chaires de sociologie
ou d’anthropologie - niant systématiquement cet extrême et revendiquant
à chaque occasion la pleine reconnaissance et la normalisation du «
travail sexuel ». Eh bien, La Jonquera et ses environs fournissent à
ces apôtres de la postmodernité l’occasion de réaliser un intéressant «
travail de terrain » : qu’ils aillent, par exemple, au Paradise munis
d’un magnétophone et qu’ils essayent de s’entretenir avec une fille sur
un sujet au-delà du prix d’un service… ils feront bientôt la
connaissance de quelques gaillards qui leur expliqueront, de manière
peu amène mais convaincante, en quoi consiste cette entreprise du
loisir masculin. Aucune de ces voix favorables à la normalisation de la
prostitution – bien sûr, toujours au nom des « droits des travailleuses
du sexe » -, des voix généralement médiatisées, n’a été entendue ces
jours-ci. Aucune voix exprimant le moindre souci à propos du risque «
professionnel » ajouté que représente pour les femmes le terrorisme
mafieux.
Qui, par contre, s’est exprimé sans ambages sur le sujet a été M.
Espadaler, nouveau Conseiller d’Intérieur de la Generalitat, et membre
éminent de la sage et très démocrate-chrétienne Union Démocratique de
Catalogne, le parti de Duran i Lleida.« Pas question de fermer le
Paradise », a déclaré sans délai, en réponse à la demande formulée par
Sònia Martínez, maire de La Jonquera, désireuse comme la plupart de la
population de cette ville frontalière, de voir disparaître le bordel et
tout ce qui s’y associe. « Le club dispose d’une licence en règle et
son activité s’en tient à l’actuelle législation. » Et comment ! La
Haute Cour de la Catalogne elle-même l’avait ainsi certifié, rejetant
la plainte de mairie de la Jonquera et la sommant d’octroyer aux
promoteurs du Paradise le permis de construire nécessaire. Tant et si
bien que le gérant du Paradise s’est senti assez couvert pour menacer
la mairie d’une action en justice, réclamant dommages et intérêts pour
les retards administratifs subis.
Les choses, donc, sont claires. La loi est ce qu’elle est, et permet
que les bandes de proxénètes fassent régner l’ordre dans la région. La
police tentera d’éviter de plus grands maux. Ou bien elle va compter
les points et ramasser les cadavres, s’il finit par y avoir des morts.
Dans tous les cas, l’entreprise étincelante de la prostitution doit se
poursuivre coûte que coûte. Elle représente de l’argent, beaucoup
d’argent. Et il y a des marchandises disponibles : les « garçons en
cagoule » garantissent le renouvellement constant et la discipline d’un
contingent de jeunes femmes en provenance d’Europe de l’Est, d’Afrique
ou d’Amérique latine. Peu de gens connaissent leur vrai nom. Mais peu
importe. Lorsque nos gouvernants parlent de « sécurité », il n’est
nullement question de ces filles-là. Comme les marchandises, elles sont
parfaitement disponibles et interchangeables.
De l’autre côté de la frontière, d’où provient la plupart des « clients
», de nombreux élus locaux, des mouvements féministes, des
syndicalistes ... s’alarment de l’impact extrêmement négatif que, du
point de vue du respect des valeurs d’égalité, représentent la
banalisation et l’expansion de la prostitution dans la région, en
particulier chez les jeunes [1]. Maintenant que nous avons un débat
ouvert en Catalogne sur l’indépendance et l’État que nous voulons, ce
serait un bon moment pour décider si nous souhaitons que cet État soit
un régime proxénète - et pour savoir quelle place référentielle
voulons-nous que notre pays occupe en Europe. Ou si, au contraire, nous
aspirons à une République démocratique, attachée à l’égalité et à la
défense des droits de l’Homme (et de la Femme). C’est-à-dire, un régime
qui soit favorable aux femmes, qui défende leur vraie liberté, leur
accès à un travail digne… et qui bannisse et poursuive sans relâche
toutes les formes d’exploitation
sexuelle. Dans un pays démocratique, la prostitution ne peut pas être
un droit de l’homme. Aujourd’hui, ne manquent pas chez nous les
dirigeants politiques qui se disent prêts à braver courageusement la
colère de l’État espagnol et qui, au travers d’un périple épique,
promettent de nous emmener jusqu’à une Ithaque indépendante.
Malheureusement, ces mêmes Ulysse se soumettent volontiers à la
sacro-sainte exigence de sauver les banques – malgré l’énorme douleur
sociale que cela représente - et au respect des lois qui assurent la
prospérité des industries du sexe – malgré l’extrême violence que cela
suppose pour les femmes. Pourquoi ne portons-nous pas la rébellion
démocratique sur tous les fronts ... en finissant avec les maisons
closes ? Le club Paradise, en premier.
Sylviane Dahan, Porte-parole Femmes de la FAVB – Fédération d’associations de quartier de Barcelone)
Payer pour un rapport sexuel, c’est l’imposer
La Marche Mondiale des Femmes soutient l'appel à la manifestation le
samedi 12 janvier 2013, à 12h RDV devant la Gare de l'Est à Paris
Trois femmes, militantes kurdes, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla
Soylemez, ont été froidement assassinées à Paris il y a deux
jours. Vivant à Paris, elles étaient aussi des femmes libres se
battant pour leurs engagements politiques, et pour la construction
d’une société égalitaire entre les femmes et les hommes, une
société qui respecte les droits fondamentaux de tous les êtres
humains. Comme de nombreuses femmes militantes de par le monde, elles
travaillaient à la libération de leur peuple.
La Marche Mondiale des Femmes s’indigne de ces assassinats, et de
la répression du peuple kurde en lutte pour sa libération et son
émancipation.
Nous exigeons que toute la lumière soit faite sur ces meurtres.
L'une de ces femmes était réfugiée politique en France et aurait
dû être protégée par les autorités françaises. Nous exigeons
que les militantes et militants étranger-es vivant en France soient
protégé-es des violences dont ils et elles sont menacées dans
leurs pays.
Nous appelons les féministes à Paris à rejoindre en solidarité la
manifestation appelée par la communauté kurde.
Samedi 12 janvier - 17h - Place de la République - Paris
Marche silencieuse en l’honneur de Nirbhaya, violée à Delhi
Les participantEs se réunissent
Place de la République à 17h00. Puis de là, nous marcherons jusqu'à la
Place de la Bastille où nous observerons une minute de silence en
l'honneur de l'étudiante qui nous a quitté et de toutes les autres
victimes de crimes sexuels. Et n'oubliez pas de ramener une bougie.
Nous les allumerons également. L'évènement durera 1 heure
approximativement.
Combien de mortes faudra-t-il encore pour réagir contre les crimes de viols ! – Groupe LOC’S
Nirbhaya, jeune étudiante indienne de 23 ans vient de succomber à ses
blessures dues au viol collectif et aux agressions physiques violentes
dont elle a été victime le 16 décembre dernier. Nous, groupe LOCs,
sommes tristes et en colère contre un crime qui n'a pas su être évité.
Les gouvernements successifs n'ont jamais considéré les mesures tant
revendiquées par les femmes et les féministes indiennes :
· Prise en charge et suivi des plaintes pour viol par les policiers qui trop souvent refusent de les enregistrer ;
· Procès et jugement des crimes de viols ;
· Augmentation des patrouilles et le déploiement d'une police féminisée dans les lieux publics ;
· Des sanctions plus fermes pour protéger les femmes victimes de violences et de harcèlements sexuels ;
· L'application des lois en matière de foeticides et de crimes de la dot ;
· Ainsi que l'amélioration des infrastructures pour rendre les villes et rues plus sûre.
Les responsables politiques doivent prendre des mesures concrètes et
non pas se contenter d'interdire le port « du jeans pour ne pas
aguicher les hommes », culpabilisant, de fait, les femmes indiennes.
Pour que « l'India shining » rayonne aussi pour les femmes, une loi
doit être votée et appliquée très vite ; même si une loi, seule, ne
suffira pas à éradiquer la violence patriarcale érigée en féminicide
institutionnel. Le sentiment d'impunité n'a que trop duré et le
gouvernement indien devra répondre de sa responsabilité et proposer une
politique volontariste qui puisse garantir la protection, la justice et
la paix pour les femmes indiennes.
Toutes nos pensées vont à
Nirbhaya et à toutes celles, partout dans le monde, victimes de
violences sexuelles. Toute notre solidarité avec les femmes et les
féministes indiennes.
Manipulation, calomnies et menaces, pourquoi sont-ils indignes ?
Manipulation, calomnies et menaces, pourquoi les activistes réglementaristes de la prostitution sont-ils indignes ?
Exprimer son opinion, fourbir ses arguments, dialoguer, c’est sain.
En revanche, désinformer, manipuler, diffamer, calomnier et brutaliser,
c’est grave et ce n’est pas sans raison.
C’est vrai, la question de la prostitution génère crispations et
passions déraisonnées. Oui, mais pourquoi ? Il n’est plus temps de
constater, mais bien de comprendre et dénoncer les enjeux véritables de
la prostitution. Ces enjeux éclairent les comportements des activistes
réglementaristes, qui emploient des méthodes discutables pour parvenir à
leurs fins.
Quels sont donc les véritables enjeux de la prostitution ?
Système prostitutionnel et système patriarcal, un combat féministe
: Il est raisonnable de penser qu’une société construite sur la
domination masculine s’est arrangée pour garantir aux hommes, l’accès
aux corps de femmes aux fins de soulager plus que des « besoins sexuels
», des besoins de domination. La prostitution n’est pas récente,
gageons que sans le rapport de domination séculaire entre les femmes et
les hommes, elle n’aurait jamais existé. En effet, même si 20% des
prostitué-e-s sont des hommes, les clients eux, restent à 99% des
hommes. Comment parvenir à une égalité entre les sexes tant que les
hommes pourront se passer de relations égalitaires et forcer en le
payant, le consentement d’une femme – ou d’un homme d’ailleurs – ?
Tant qu’une seule femme reste sexuellement accessible, non pas par
désir, mais parce qu’elle fait commerce de son sexe, elle suggère que
toutes les femmes pourraient en faire autant et compromet l’avènement
d’une société d’égalité. Les tenants de la réglementation de la
prostitution sont le plus souvent, les mêmes qui réclament la GPA
(Gestation pour autrui) ; aussi ceux qui, au nom d’un principe de
réalité, distribuent des capote, certes pour éviter la contamination
des prostitué-e-s mais aussi des clients prostitueurs, et de facto
entretiennent et confortent le système prostitutionnel. Il semble bien,
que consciemment ou non, ils contribuent à maintenir les privilèges du
système patriarcal. Que font-ils si ce n’est garantir aux hommes que les
femmes restent et sans aucun danger pour eux, à leur service, pour
baiser, pour fabriquer des enfants, etc.
Les activistes réglementaristes conseillés par les «
ultragauchistes», toujours prompts à brouiller les cartes, ont su
infiltrer le mouvement féministe et convaincre quelques unes que les «
prostitué-e-s sont heureuses et libres » de l’être, que la prostitution
ne disparaîtra donc jamais et qu’il vaut mieux mettre des pansements sur
la gangrène plutôt que d’amputer. C’est vrai, quelques unes l’ont «
choisi », même si de plus en plus d’études le révèlent, nombreuses sont
celles et ceux qui ont subi l’inceste et d’autres violences sexuelles
dans l’enfance. Il y a donc ceux qui en rajoutent une couche et les
encouragent à se maintenir dans le système prostitutionnel, et les
abolitionnistes qui leur proposent d’autres perspectives que cette forme
de thérapie sauvage ; ni « condescendants», ni « criminels », mais au
contraire respectueux et optimistes. En outre, l’abolition ce n’est pas
la prohibition, donc des prostituées continueront leur activité, mais
grâce à la prévention et l’éducation, leur nombre décroitra si on en
croit le bilan des pays abolitionnistes et surtout, des alternatives
seront possibles. La société pourra avancer vers l’égalité réelle.
Beaucoup de gens se disent féministes, mais si vous leur demandez
s’ils veulent abolir la domination masculine du système patriarcal, ils
vous répondent d’abord que des hommes aussi en souffrent, qu’il faut
abolir les clivages de genres. Oui, quelques hommes sont victimes, en
attendant, ce sont bien les femmes que l’on excise, marie de force, bat,
viole, brule, tue, et massivement. Le principe de réalité a bon dos
quand il ne fait que maintenir l’oppression. Un des principaux enjeux du
système prostitutionnel est donc bien de constituer l’ultime système de
défense du patriarcat. Seulement voilà, maintenir la domination
masculine, n’est pas une option envisageable et les activistes
réglementaristes ne peuvent tout de même pas dire haut et fort, nous
voulons maintenir le système patriarcal ! Ils sont donc contraints de
raconter une autre histoire.
Prostitution et système d’exploitation économique et social, un combat socialiste : La
plupart des activistes réglementaristes et abusant des méthodes que je
réprouve, se revendiquent le plus souvent révolutionnaires ou
alternatifs, sont plutôt situés à l’extrême de l’extrême gauche,
certains sont membres des Indigènes de la République, mais curieuse
association, il est aussi possible de trouver dans leurs rangs des
personnes réactionnaires. Les alliances douteuses, sur le dos des
femmes, ce n’est hélas pas rare. Ils se prétendent anticapitalistes,
farouchement opposés à l’exploitation de »l’homme par l’homme ». Mais
très curieusement et par une incroyable pirouette rhétorique, ces
anticapitalistes se transforment en farouches néolibéraux lorsqu’il
s’agit de prostitution. D’un seul coup, ils nous vantent le marché,
valorisent les industries du sexe comme le petit commerce. Les mêmes
discours que dans les écoles de commerce, les joies de la libre
entreprise, de l’offre et de la demande ! Quelles sont les lois de ce
marché, qui fixe les prix, à combien est évaluée une passe dans un
squat, dans la rue, dans une chambre d’étudiant ou un studio de luxe ?
Quels sont les risques physiques, psychiques, comment les prendre en
charge ? Et les bénéfices, on les place en bourse ?
Avez-vous remarqué que les activistes réglementaristes sont
inaudibles en matière de lutte contre le crime organisé et mondialisé de
la traite. Pourquoi ? Parce que l’ouverture aux marchés industriels du
sexe provoquerait la plus grande confusion et que chacun espère y
trouver son compte ? La traite organisée par des réseaux mafieux est
massive et mondialisée. Les bénéfices de la prostitution sont colossaux,
c’est le second marché criminel, juste derrière celui de la drogue et
avant celui des armes. Mis à part le cannabis, personne ne songe encore à
légaliser les drogues ni les armes à feu en France, mais il faudrait
légaliser la prostitution ! C’est-à-dire ouvrir la porte aux mafias, aux
réseaux, aux macs en tous genres, familiaux ou industriels, avec des
quartiers entiers de femmes exposées derrière des vitrines, comme en
Belgique. Chouette alors ! Les pays qui ont réglementé le disent, ils
veulent faire marche arrière, incapables de faire la distinction entre
la prostitution libre et forcée, dépassés par une criminalité galopante.
Mais pourquoi, devrions-nous alors prendre de tels risques ? Parce
qu’une poignée de prostituté-e-s qui se disent « libres » et leurs
soutiens nous en intiment l’ordre ? N’est-il pas curieux d’envisager une
politique publique fonction de la demande d’une poignée d’individu-e-s,
ne devrions-nous pas plutôt nous demander quel projet de société nous
voulons ?
Un second enjeu du système prostitutionnel est bien de garantir
d’énormes revenus au crime organisé. Pourtant, penser une société pour
convenir au crime organisé n’est pas non plus, une option sérieusement
envisageable. Dans ce domaine aussi, on voit mal les activistes
réglementaristes se lever pour défendre les mafieux ni même revendiquer
une petite part artisanale du gâteau, ça ferait désordre ; ils sont
donc contraints de louvoyer.
Ce que ne sera jamais la prostitution : Le système
prostitutionnel qui défend le système patriarcal et les profits
exorbitants des industries du sexe, ne pourra jamais être ni un métier,
ni une liberté.
La prostitution n’est pas un métier, c’est une violence et
même la dernière violence faite aux femmes que la loi ne punit pas. La
peur et les risques de violences sont inhérents à cette activité qui
laisse toujours des traces physiques et psychiques. Pour s’en
convaincre, il suffit d’écouter les anciennes prostitué-e-s qui
expliquent, comme Ulla, qu’il ne fallait pas la croire, si elle avait
regardé la vérité en face, elle n’aurait pas été capable d’y retourner
le lendemain et surtout aurait fait fuir ses clients ; sans compter
celles qui se seraient fait massacrer par leurs macs.
Il n’y a ni école, ni diplôme. Vendre sa force de travail et subir
les lois du marché, en matière de travail physique ou intellectuel, les
rapports de force sont déjà suffisamment durs à établir, mais vendre ou
louer son intimité, faire commerce de son corps, la société n’a pas à
l’organiser, au contraire, elle doit protéger les personnes vulnérables
et interdire ce type de commerce. Bien entendu, il sera toujours
possible de trouver des personnes qui voudront vendre un organe, faire
commerce de leur corps ou même se vendre comme esclave. Tout comme des
femmes cautionnent la domination masculine car un système d’oppression,
quel qu’il soit, a toujours besoin de relais au sein même des
opprimé-e-s. Le conditionnement fonctionne à merveille, la plupart des
femmes sont inconscientes de leur oppression, et pire encore, certaines
vont adopter les comportements de l’oppresseur pour en tirer un bénéfice
immédiat ; elles n’en resteront pas moins en situation de danger.
Ce n’est pas non plus une liberté. Une société qui n’a rien
d’autre à offrir aux personnes confrontées à des difficultés sociales et
financières, que de vendre leur intimité sexuelle n’est pas une
société civilisée. Victor Hugo a dit « On dit que l’esclavage a
disparu de la civilisation européenne. C’est une erreur. Il existe
toujours, mais il ne pèse plus que sur la femme et il s’appelle
prostitution ». Nos ultragauchistes et activistes
réglementaristes condescendants ne lui arrivent pas à la cheville et
tentent de nous imposer leur « bon féminisme ». On comprend bien que ce
qui les intéresse surtout dans la libération des femmes, c’est qu’elles
soient totalement et en permanence disponibles pour eux. Quant aux «
queers-Trans-PD-Gouines » activistes réglementaristes – euh moi je suis
féministe et lesbienne -, ils prônent une réappropriation libératrice de
la pornographie et de la prostitution. Seulement voilà, leurs tristes
et infantiles productions relèvent surtout de la thérapie de groupe et
n’ont nullement fait la démonstration d’une quelconque remise en
question de la domination masculine, bien au contraire, elles
l’alimentent. Mises en scène, jeux de rôles, artifices, etc. cachent
très mal un manque d’imagination et de désir, parfois même des
souffrances, quand ce n’est pas une profonde aversion de la sexualité.
Une sexualité épanouissante c’est du désir réciproque et libre de tout
rapport de force, de toute contrainte. La sexualité n’est pas un dû,
elle relève de la relation à l’autre, de son désir et de son
consentement. Payer c’est forcer le consentement, payer, en réalité,
c’est violer. La liberté est toujours gratuite alors que l’acte de
prostitution n’a qu’une finalité, l’argent. Se prostituer, par
définition, ne sera jamais une liberté.
En conséquence, au regard des rapports sociaux de classe comme de
sexe, la prostitution doit être abolie. Cette position n’est ni
religieuse, ni morale mais belle et bien politique.
Que signifie le mot abolition et quel est le projet abolitionniste ? : Abolition,
de quoi s’agit-il exactement ? Les réglementaristes accusent les
abolitionnistes d’être pour la prohibition de la prostitution. C’est
facile, la plupart des gens ne font pas la différence. Alors, disons-le
haut et fort, non, l’abolition n’est pas la prohibition, c’est même
l’inverse. La prohibition c’est le délit de racolage passif que nous
voulons abroger, c’est le harcèlement et toutes les mesures répressives à
l’encontre des personnes prostitué-e-s, c’est-à-dire une double peine
dont nous féministes ne voulons surtout pas. Alors que l’abolition,
c’est à l’inverse, la responsabilisation des clients qui doivent se
poser la question des rapports femmes-hommes, de leur relation à
l’autre, de ce que payer veut dire. La responsabilisation du client est
affaire de prévention, d’éducation, de respect de soi et des autres ;
puis de pénalisation pour les récalcitrants. Nous espérons, qu’avec le
temps et non soudainement comme par magie, une grande partie des femmes
qui subissent la prostitution pourront ainsi s’en libérer et que les
hommes qui sont encore dans cette demande pourront évoluer. Nous
espérons pouvoir avancer ensemble, en prenant le temps qu’il faudra,
vers une société plus égale, plus juste et plus libre. L’abolition de la
prostitution est un projet humaniste. Le site abolition 2012 est
public : www.abolition2012.fr
La revendication consiste à demander une loi cadre avec les mesures
principales suivantes : Abolition de toute mesure de répression à
l’encontre des personnes prostituées, politique sociale et de santé,
politique de réinsertion des personnes prostituées qui le souhaitent,
politique de responsabilisation du client, etc.
Des méthodes répréhensibles: Nous l’avons compris, cachés
derrière des enjeux inavouables, ne reste plus qu’à adopter des méthodes
douteuses pour tenter de pourrir le débat et compromettre les
abolitionnistes. Certains n’hésitent devant rien et osons le dire, leurs
méthodes s’apparentent à celles de voyous.
Mensonges et manipulation, quelques exemples :
- « Criminaliser les putes ». Un groupe « 8 mars pour toutes »
s’est crée autour de structures comme le STRASS, Act-UP et quelques
autres. La seule revendication qui se distingue clairement de celle des
collectifs qui organisent les manifestations du 25 novembre contre les
violences faites aux femmes et du 8 mars pour les droits des femmes,
porte sur la prostitution, qu’ils veulent libéraliser et donc
réglementer. Pour mobiliser les membres du groupe, voici le mail qui
leur a été adressé : « Un risque de violence de la part des militantes
prohibitionnistes (qui souhaitent interdirent la prostitution quitte à
criminaliser les putes) existe car c’est ce qu’il se passe depuis 1 an
dans les mobilisations féministes où elles sont majoritaires (pour le
moment) ». A l’évidence, la personne qui a rédigé cette phrase n’ignore
rien des véritables positions abolitionnistes mais préfère mentir et
accuser les abolitionnistes d’intentions qui, si elles étaient vraies,
seraient en effet scandaleuses. La seule violence subie durant la
manifestation du 25 novembre a consisté à entendre ce cortège
réglementariste hurler : « Abolo, catho, facho, vous nous cassez le
clito » ! En l’absence d’argument digne de ce nom, ils en arrivent aux
injures et à la calomnie, ils manipulent sans complexe et inversent les
rôles ; le plus curieux c’est que certains y croient. Comment un projet
humaniste, féministe et socialise pourrait-il être associé au fascisme ? Le collectif Abolition 2012 doit-il porter plainte en diffamation ?
- La contamination au VIH-Sida : Souvent, vous entendrez les
réglementaristes affirmer sans vergogne que les abolitionnistes sont
responsables de la contamination au VIH-sida des personnes prostitué-e-s
et les tuent. Rien que ça ! En réalité, tout le monde le sait, le seul
responsable des violences dont fait partie la contamination au VIH-sida,
c’est le système prostitueur. Les réseaux bien sûr qui dressent,
violent et contaminent leurs victimes, mais aussi les clients qui
baisent sans capote et payent plus cher pour ça. La prise de risque
aussi, renforcée par les menaces et le stress inhérents à l’activité,
par les substances qu’il faut prendre pour tenir. La encore, qui peut
sincèrement croire à un tel argument ? Pourtant, il est rabâché, c’est
énorme, mais ça passe !
- La parole des personnes prostitué-e-s : Ils accusent les
abolitionnistes de parler au nom des prostitué-e-s, mais quand on leur
demande d’écouter et de respecter la parole d’Ulla, de Rebecca Mott et
de toutes les autres, qui dans le documentaire « L’imposture » http://vimeo.com/16641741
ou dans tous les superbes documentaires d’Hubert Dubois, se dévoilent
et disent librement la mésestime de soi, la peur, le dégoût, les viols,
la dissociation, la sidération, etc., les activistes réglementaristes
leur refusent le droit à la parole. Ils les discréditent et les
invisibilisent, eux qui prétendent parler en leur nom ! D’anciennes
prostituées ont créé un réseau avec un site Internet, un cri, des cris,
leurs cris, des vérités que tant voudraient effacer : http://survivorsconnect.wordpress.com/
Le comportement des activistes réglementaristes est proprement immonde
et pourtant, ça passe quand même et on les croit quand ils professent
que nous instrumentalisons la parole des prostitué-e-s !
Calomnies, discrédit et isolement de personnes représentatives : «
Quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage ». Le bon sens
populaire, rarement démenti. La pratique qui consiste à discréditer une
personne auprès de ses pairs, à l’isoler pour mieux la neutraliser est
très prisée par les activistes réglementaristes. Beaucoup en ont fait
les frais. En tant que présidente du Centre LGBT Paris, je peux
témoigner, j’ai eu ma part ; vous comprendrez aisément qu’il était
inadmissible qu’une des porte-parole du mouvement LGBT ne soit pas à la
botte des réglementaristes pro-prostitution. Sur les réseaux sociaux,
leurs calomnies diffamatoires sont rabâchées à l’envie et ne différent
jamais, et plus c’est gros, mieux c’est. Jugez-donc : « Faites la taire
cette putain de féministe », etc. A cause de moi, le Centre LGBT Paris
est « exsangue «. Pas de bol, il se porte comme un charme, sorti de
l’ornière de la rue Keller, du dépôt de bilan et d’un taudis qui
menaçait de s’effondrer, installé rue Beaubourg, après avoir recouvré
ses subventions qu’il a depuis multipliées. Il s’est développé avec un
bilan satisfaisant, accueillant chaque année de plus en plus de
visiteurs et offrant des permanences d’aide et un programme culturel et
festif de qualité. Cet été, j’ai passé la main à deux volontaires qui
ont pris la co-présidence et toute l’équipe des bénévoles et salariés
continue sur la lancée. Bref, la réalité, et vérifiable car tous les
bilans financiers, les rapports annuels sont disponibles sur le site
Internet, se heurte invariablement à leurs fantasmes et accusations
calomnieuses. Autre variante, « je ne connais rien à la question du
VIH-Sida et je n’ai rien fait pour lutter contre au CLGBT Paris ». Les
dossiers de demande de subvention pour payer un chargé de prévention à
demeure, maintenir des locaux offrant matériels et brochures de
prévention, tenir des réunions d’information et tout un tas d’évènements
sur le sujet de la prévention au VIH-SIDA mais pas seulement, c’est
sans doute à eux qu’on les doit ! En revanche, vous pouvez en être
certain-e-s, eux ne connaissent rien aux questions de santé lesbienne,
les IST et les cancers qui les touchent, ils s’en fichent. Le VIH-Sida
seul est digne d’intérêt et la stratégie servie par les fonds engloutis
par la sidacratie, elle, n’a pas à être discutée ! Les plus
violents sont aussi les plus velléitaires, eux n’ont en réalité pas fait
grand-chose ni pour le mouvement LGBT ni pour quoi que ce soit d’autre ;
ceci expliquant sans doute cela. Souvent aussi, je suis accusée d’être
« à la solde du PS » et « d’avoir fait carrière « ! Quelle carrière, si
ce n’est de ne pas avoir fait la mienne au boulot, comme j’aurais pu la
faire ? Là aussi la réalité, ils la connaissent, salariée à temps
plein en entreprise en tant que juriste, et présidente élue, j’ai passé
pendant 7 ans, l’essentiel de mon temps libre au Centre où je n’ai
jamais touché un seul centime, bien au contraire, et s’il fallait me
payer le temps consacré à y travailler bénévolement, je serai sûrement
très riche ! Quant au PS, ma liberté de pensé et mon esprit critique
m’autorise à le critiquer quand il le faut, autant que n’importe quelle
autre formation politique. Tout ça, ils le savent, mais s’évertuent avec
un acharnement pathologique à propager rumeurs et mensonges, dans le
but de me discréditer afin de me faire taire. C’est pourtant peine
perdue, leurs calomnies et leurs menaces ne me perturbent pas bien au
contraire, elles me stimulent, mais combien de personnes ont-ils réussi à
impressionner, insécuriser et museler ?
- La dérision et les menaces : Les abolitionnistes seraient de
puritains catholiques qu’il faudrait tourner en dérision, même les plus
athées d’entre nous et même et surtout s’ils ne connaissent rien de
notre vie sexuelle et affective. Il y a aussi les intimidations et les
menaces. La liste est très longue, pour ainsi dire infinie. Disons-le
enfin, ce sont purement et simplement des méthodes de voyous. Les
activistes réglementaristes en abusent à volonté ; il est amplement
temps d’y mettre un point final, d’autant plus qu’eux, procéduriers à
l’extrême, ne supportent aucune critique et n’hésitent pas à poursuivre
en diffamation. Sachant ce que sont les véritables enjeux de la
prostitution et du système prostitutionnel, n’hésitons pas à rétablir la
vérité, dénoncer les manipulations grossières et exercer une solidarité
indéfectible envers leurs victimes.
En conclusion : La question de l’abolition ou de la
réglementation de la prostitution est affaire de projet de société. Les
arguments doivent pouvoir s’échanger avec respect et sans intimidation
aucune. Nous le savons, les enjeux véritables de la prostitution sont
inavouables, pour autant, il s’agit d’un débat politique qui ne doit en
aucun cas souffrir de méthodes inqualifiables. Si les activistes
réglementaristes ne trouvent aucun argument honnête et n’ont rien
d’autre que le mensonge, la calomnie, la manipulation et le discrédit à
nous opposer alors peut-être est-il temps pour eux d’admettre que leur
lutte est vaine. Seule une société abolitionniste de la prostitution,
dernière forme d’esclavage humain, est une société humaniste, féministe
et de progrès. Dans quelle société voulons-nous vivre demain ?
Précision : NON je ne veux pas que les personnes prostituées soient contaminées !
Ça n’a pas tardé. Les activistes réglementaristes et quelques uns de
leurs alliés ont immédiatement fait la démonstration de leur mauvaise
foi à la lecture de cet article. Ils ont interprété, dénaturé, manipulé
la seule idée qu’ils pouvaient exploiter, fuyant soigneusement tout le
texte, incapables de démonter les arguments posés.
« … aussi ceux qui, au nom d’un principe de réalité, distribuent des
capote, certes pour éviter la contamination des prostitué-e-s mais
aussi des clients prostitueurs, et de facto entretiennent et confortent
le système prostitutionnel. »
Cette phrase n’est pas difficile à comprendre, mais puisqu’il le faut, je vais expliciter.
Cette phrase ne dit pas que les personnes prostitué-e-s ne doivent
pas avoir accès aux préservatifs ni autres moyens de prévention et
d’information, ni maintenant, ni même après l’abolition de la
prostitution bien sûr. J’ai moi-même suffisamment fait de prévention
pour en comprendre la nécessité vitale. Tiens j’aimerais assez pour
changer que le VIH-Sida ne soit d’ailleurs pas la seule infection et
maladie utilisée par les activistes réglementaristes pour assoir leurs
argumentations. Les questions de santé des personnes prostitué-e-s sont
majeures, prévention IST certes, mais aussi prévention cancers féminins,
addictions, suicide… Tout ce dont ils ne se soucient jamais.
Cette phrase dit exactement que se contenter de distribuer des
capotes bien sûr est nécessaire pour les personnes prostituées mais
incontestablement sert aussi les intérêts du système prostitueur, lui
facilite le travail, l’entretien, le sert….
Qu’est-ce qui n’est pas clair dans cette évidence ?
Bien sûr c’est clair, mais quand on est habitué à louvoyer et que
l’on n’a pas d’autres argument que ceux qui relèvent de la défense du
patriarcat, ou de la défense des profits du crime organisé des
industries du sexe, légalisées ou non ; faut bien trouver un angle
d’attaque.
Ces procès en sorcellerie sont purement et simplement une
manœuvre manipulatoire qui ne trompe plus personne, sauf ceux et celles
pour lesquelles plus c’est gros et plus ça passe !
Rassemblement contre l'homophobie et pour l'égalité
Samedi 17 novembre - 14h place Bellecour
Sous couvert de
protéger leurs valeurs réactionnaires, des groupes religieux n’hésitent
pas à s’allier avec des mouvements fascisants pour conserver un pseudo
ordre moral. Instrumentalisation de l’enfant, élucubrations sur une
soi-disant « nature humaine » de l’homme hétérosexuel et catholique,
tout est bon pour stigmatiser les personnes ne répondant pas à leurs
conceptions de la famille et de la normalité.
Famille= papa + maman ?
Cette norme hétérocentrée ne répond pas du tout aux réalités
actuelles. En effet, à l’heure où près de 50 % des mariages se
terminent en divorce, et devant l’explosion du nombre de familles monoparentales, il est évident que cet argumentaire n’est pas fondé.
Alors, pourquoi refuser à un couple homosexuel l’égalité des
droits sous le prétexte fallacieux des intérêts de l’enfant ?
Peut-être voudront-ils demain interdire le divorce pour le « bon
équilibre » de l’enfant, ou de leur pseudo-patrie ?
L’argumentaire des principales associations concernées –
notamment l’alliance VITA, créée par Christine Boutin – repose sur la
nécessité supposée pour un enfant d’avoir un père et une mère pour
son développement et sa stabilité affective. Qu’en est-il, dans ce
cas, de tous les couples hétérosexuels dans lesquels sévissent des
formes de violences conjugales ? Des enfants élevés par un parent
isolé ?
D’autre part ce type d’associations fait souvent le lien entre
légalisation du mariage pour tous et autorisation de l’inceste et
de la pédophilie : lien fondé sur des préjugés traditionnels qui
continuent d’influencer la société actuelle.
Des Préjugés à la vie dure :
« Si le tabou immémorial du mariage hétérosexuel vient à sauter,
qui et quoi s’opposera désormais à ce que d’autres tabous (…) ne
tombent à leur tour ? (…)
Par exemple : pourquoi interdire les mariages consanguins, la
pédophilie, l’inceste qui sont encore monnaie courante dans le
monde ? » Francois Lebel maire UMP 8e ard. Paris
« Je ne suis pas pour consacrer un mariage hors norme. C’est
contraire à la loi divine » Laurent Kleinhentz, maire PS de
Farébersviller.
Faute d’arguments rationnels, les opposants au mariage pour
tou-t-e-s en sont réduits à faire des amalgames immondes entre
homosexualité et inceste, à défendre et imposer une norme
hétérosexuelle ou encore à invoquer de façon archaïque la « volonté
divine » …
LE PATRIAR…QUOI ?
Le patriarcat désigne un système d’oppression dans nos sociétés, celui des hommes sur les femmes
« Il [l’enfant] a autant besoin du lait et de l’affection de sa mère
que de l’attention et de la protection de son père. » Extrait du
manifeste de Cosette et Gavroche, association lyonnaise qui
organise la manifestation.
Car la famille pour ces intégristes homophobes, ce n’est pas
seulement « un papa, une maman », c’est aussi une vision archaïque
et pleinement sexiste de cette même famille « sacrée », fondée sur
l’affirmation d’une autorité parentale censée devoir comprendre
un pôle « viril » et un pôle « féminin ». Autrement dit : maman
pouponne, papa chaperonne.
Les femmes seraient ainsi assignées naturellement à un rôle
émotionnel, quant aux hommes, ils devraient naturellement incarner
une pseudo figure d’autorité.
Les intégristes et autres réactionnaires n’acceptent pas que cette répartition des rôles soit partout remise en cause.
Nous ne pouvons cautionner cette vision étroite des relations
humaines, avec ce qu’elles impliquent en terme de soumission et de
normes bien-pensantes !
* Droit au mariage et à l’adoption pour toutes et tous !
* Remise en cause des schémas préétablis quant à la notion de famille et de parentalité !
*Lutte contre les discriminations de genre, d’orientation sexuelle et de choix de vie !
*Stop aux discriminations pour les enfants issu-e-s de familles homoparentales !
*A bas l’hétéro-normativité !
RASSEMBLEMENT SAMEDI 17 NOVEMBRE
14H PLACE BELLECOUR
Premiers signataires : FSE-Lyon ;Collectif Libertaire AntiSexiste ; Union Pour le Communisme
45% des violences sexuelles concernent des enfants de moins de 9 ans.
Aujourd’hui, associations, victimes, proches de victimes,
professionnels de la santé, de la justice, artistes, élus, citoyens sont
réunis pour que cesse l’hypocrisie juridique de notre pays.
Oui ! Il est possible de rendre le viol à l’encontre des enfants
imprescriptible comme c’est le cas au Canada depuis 1985 par exemple.
Nous pouvons considérer que l’inceste est un crime contre l’humanité :
il est véritablement impossible de s’en tenir à la définition juridique
strictement technique des textes internationaux, définition
historiquement conçue pour cibler les crimes totalitaires, ceci avant
que la science ne mette au jour la problématique de l’inceste . Car il
se distille comme un poison dès la plus tendre enfance par ceux qui
doivent protéger l’enfant : la famille, pour ensuite entraîner une
lourde suite de conséquences tout au long de la vie. C’est une torture
qui fait porter à la victime le poids de la honte, de la culpabilité, la
mésestime de soi, l’autodestruction et parfois, des troubles psychiques
et physiques graves.
L’inceste fait exploser tous les repères, toutes les limites de l’enfant
qui ne parvient ensuite qu’à se construire, seul, au prix de grandes
souffrances.
Les viols sur les enfants sont un crime contre l’humanité : ils
touchent tous les pays, toutes les populations, tous les milieux
sociaux, tous les sexes…ils touchent l’humanité dans sa globalité et
l’humain dans ce qu’il a de plus profond.
72% des agressions sexuelles se passent au sein même de la famille.
La loi
En France : 9 Mars 2004 : publication du décret d’application au
Journal Officiel n° 59 du 10 mars 2004 ” Le délai de prescription de
l’action publique des délits mentionnés à l’article 706-47 et commis
contre des mineurs est de dix ans, celui des délits prévus par l’article
222-30 et 227-26 est de vingt ans ; ces délais ne commencent à courir
qu’à partir de la majorité de la victime.”
Amélioration, oui mais voilà… D’une manière générale, toutes les
personnes nées après le 11 mars 1976 bénéficient de la nouvelle
prescription de 20 ans, mais… pas les autres… vous êtes né le 7 mars
1976 ? Dommage… pas de justice pour vous…
35% des femmes ayant subit l’inceste auraient des
problèmes d’addiction à l’alcool et aux drogues, comparativement à 5%
de femmes non agressées.
Assez de la prescription !!!
L’imprescriptibilité aux fins de permettre aux victimes d’inceste et de
pédocriminalité de bénéficier d’un temps nécessaire pour dénoncer les
faits dont elles ont été victimes ne porte pas atteinte aux principes
énoncés par la Convention européenne.
Art. 22 bis de la constitution : « chaque enfant a droit au respect de son intégrité morale, physique, psychique et sexuelle. » Article 6 de la convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales : « toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable. »
La plainte ne pourra se faire que si la victime sort de son état
dissociatif, ce qui sera le cas si elle se sent enfin en sécurité quand
la victime est séparée ou éloignée de son agresseur : dans le cas de
l’inceste, la famille dysfonctionne, combien d’années faut-il à la
victime pour s’éloigner de cette partie de famille empoisonnée ?
Entre 76% et 90% des femmes et des hommes prostitués ont des antécédents d’agressions sexuelles pendant leur enfance.
Le comble !
Si la victime « ose » parler de son agression sans prendre de nombreuses
précautions, l’agresseur a le droit, lui, de porter plainte
pour…diffamation !
Petit, autour de toi, le monde était à l’envers, adulte, grâce à la
prescription, rien n’a changé ! C’est l’agresseur qui peut attaquer la
victime…encore une fois.
Jean-Claude Guillebaud parle dans le même sens de l’inceste dans le Principe d’humanité : « Le père qui possède sexuellement le corps de son enfant cède à un
désir inhumain… Il brise le cours du temps. Il efface la parenté. Il
interdit à la victime de prendre place dans la chaîne des générations.
L’inceste est le cousin germain du génocide en ce qu’il aboutit à
détruire l’individu en détruisant son lien de parenté. Ce qu’il
violente, en somme, ce n’est pas seulement le corps de l’enfant, ou l’un
de ses organes, c’est très exactement ce qui fonde son humanité. »
30 à 55% des jeunes fugueurs auraient été victimes d’agressions sexuelles.
Un enfant n’est ni une poupée, ni un pantin… ce n’est pas un objet,
que l’on peut démonter, remonter, casser, détruire, puis reconstruire…
pour recoller ensuite les morceaux, l’inceste et la pédocriminalité
sont des meurtres psychiques : ce sont des crimes.
La liste de signatures et des soutiens est un acte de révolte envers
notre pays et de soutien envers les victimes enfermées dans le silence
pour leur vie entière. Les viols sur les enfants et la prescription
continuent de tuer des français tous les ans…
De nombreux artistes, citoyens, victimes, proches de victimes,
médecins, professionnels, associations se joignent à nous, n’hésitez pas
à nous rejoindre.
Cette cause mérite que nous soyons unis.
Faites circuler ce manifeste autour de vous.
Nos revendications :
1. Des moyens financiers supplémentaires de la part des pouvoirs
publics pour -la prise en charge des victimes ; le soutien aux
associations qui luttent au quotidien contre les violences sexuelles
envers les enfants ; l’accompagnement des adultes ; un budget adéquat
pour une justice plus digne.
2. Revenir d’urgence à la légalité à laquelle l’Etat ne saurait se
soustraire : nous exigeons que le Ministère de la santé rende enfin le
Rapport sur l’application complète de la LOI 2010-121 du 8 février 2010
(attendu depuis le 30 juin 2010) ; nous exigeons surtout que les buts
inscrits dans la LOI n° 2010-121 du 8 février 2010, à savoir améliorer
l’accompagnement médical et social des victimes d’inceste soient
réalisés ; enfin nous exigeons la réinsertion dans le Code Pénal du mot «
INCESTE » ôté il y a peu par le Conseil Constitutionnel, et la
promulgation d’une nouvelle loi aussi complète que la loi abrogée.
3. Une formation de tous les professionnels (social, judiciaire,
médical, éducatif…) concernant les viols sur mineurs, leurs
conséquences, l’obligation de signalement et ce dès la formation
initiale.
4. Des campagnes d’information et de prévention concernant l’inceste
et la pédocriminalité en particulier à l’école, ainsi que des campagnes
audiovisuelles à heures de grande audience. (Voir le livret de
prévention gratuit : http://www.crifip.com/medias/files/livretmtr-web.pdf )
5. Soutenir et développer l’implantation de structures spécialisées en victimologie et psychotraumatisme.
6. Mettre en place des études et des recherches spécifiques
concernant les viols sur les mineurs des deux sexes ainsi que leurs
conséquences jusque tard dans l’âge adulte.
7. Avant recrutement, enquête de moralité et examen du casier
judiciaire des intervenants auprès des enfants : travailleurs sociaux,
assistantes maternelles et leur conjoint, enseignants, animateurs de
centres de loisirs ou colonies, chauffeurs de bus scolaires…
8. Considérer l’enfant qui ose parler comme un enfant « présumé
victime » même s’il a commis des actes de délinquance : ceux-ci sont
souvent des appels au secours ou les conséquences de sévices subis
(vols, toxicomanie, fugues, violences physiques…).
9. Prise en charge pluridisciplinaire de l’enfant victime avec un
accompagnement psychologique systématique gratuit par des victimologues.
10. L’imprescriptibilité des crimes et délits sexuels envers les
enfants afin que les victimes puissent porter plainte même au-delà du
délai de 20 ans après la majorité, ce qui permettrait de protéger
d’autres enfants des agresseurs : on le sait, ils peuvent faire des
dizaines de victimes.
11. Dorénavant, les gardés à vue ont systématiquement droit à un avocat
lors des auditions pour éviter les « dérives » de l’enquêteur. Nous
exigeons qu’il en soit de même pour la victime lors de son dépôt de
plainte afin de respecter l’égalité des droits.
Communiqué du Collectif Libertaire Anti-Sexiste contre le viol
Le viol est un acte de torture physique et mental banalisé et dont la
gravité est généralement minimisée. Il est un pilier du machisme. Il en
est aussi l'arme favorite, y compris dans les cas, plus rares, où les
victimes appartiennent au genre masculin. La majorité des viols sont
commis par des hommes. Même s'ils trouvent souvent des complices et des
soutiens parmi les femmes, les violeurs et leurs allié-e-s sont des
machistes, et ce quelles que soient leurs étiquettes idéologiques,
leurs sexes et leurs genres.
La majorité des viols ne correspondent pas aux représentations
fréquemment véhiculées. Il est rare que les violeurs soient des
inconnus surgissant de ruelles sombres. La plupart d'entre eux font
partie de l'entourage proche de leurs victimes et la majorité des viols
sont commis en famille. Les victimes ont rarement la capacité ou la
possibilité de se défendre physiquement au moment des faits en criant
ou en se débattant. Certaines, du fait de leurs situations économiques,
sociales, familiales et psychologiques, n'ont même pas la marge de
manoeuvre suffisante pour pouvoir dire « non ». Les violeurs
n'ont pas toujours recours à la brutalité physique. Ils opèrent souvent
en exerçant une emprise et en semant le trouble dans l'esprit de leurs
victimes, au moyen de la manipulation mentale, de l'intimidation, de la
culpabilisation, du chantage et du marchandage. Ils utilisent parfois
les privilèges dont ils bénéficient grâce à leurs positions
hiérarchiques au sein des entreprises et des institutions. Certains
utilisent aussi leurs privilèges économiques en payant leurs victimes
pour acheter un simulacre de consentement et « avoir la conscience
tranquille ».
Contrairement aux idées reçues et entretenues par les discours
dominants, être un violeur n'est pas la conséquence d'une maladie ni de
pulsions incontrôlables, mais celle d'une décision consciente.
L'addiction sexuelle ne conduit pas au viol si la personne qui en est
atteinte n'a pas la ferme volonté de dominer et de détruire. C'est
pourquoi ces personnes passent beaucoup de temps à se masturber et/ou
ont de nombreux rapports sexuels avec d'autres personnes, libres et
consentantes, ce qui n'a absolument rien à voir avec le viol.
Les violeurs sont des individus responsables de leurs crimes car ils
sont lucides, au moins au moment des faits. En effet, ils ne pourraient
agir comme ils le font s'ils étaient délirants. Il est donc aberrant
d'affirmer que les violeurs ont besoin qu'on prenne soin d'eux et qu'on
leur vienne en aide. Au contraire, ils doivent être clairement
sanctionnés. Le viol est le moyen qu'ils ont choisi pour traiter des
êtres comme des choses et les réduire à néant. Ils ne souffrent pas de
leurs crimes, ils en jouissent.
Comme l'indique l'Association Internationale des Victimes d'Incestes
sur son site internet, les amalgames entre violeurs et malades mentaux
ou anciennes victimes de viol sont des mythes infondés. Et même si
quelques uns d'entre eux sont d'anciennes victimes, cela n'est en aucun
cas une excuse car il n'existe pas de circonstance qui mériterait
d'être prise en compte ni considérée comme atténuante. De plus, ces
amalgames créent de la confusion au profit des violeurs en favorisant
leur impunité, et stigmatisent d'une façon extrêmement insultante la
grande majorité des personnes en souffrance psychique et des anciennes
victimes de viol. Arrivée à l'âge de 30 ans, une femme sur trois a déjà
été victime d'agression sexuelle au moins une fois dans sa vie : si un
tiers des femmes âgées de plus de 30 ans était des violeuses, ça se
saurait...
Celles et ceux qui défendent les violeurs ou leur cherchent des excuses
ne sont pas animé-e-s par une prétendue neutralité, mais par la
lâcheté, ainsi qu'une complaisance confortable pour leur « bonne
conscience », soucieuse de faire l'économie d'un positionnement
clair. Au contraire, la seule attitude qui soit courageuse, juste et
digne est fondée sur la solidarité envers les victimes de viol. Cela
implique de cesser de remettre systématiquement en question leurs
témoignages (les cas d'affabulation sont d'ailleurs extrêmement rares).
Cela implique aussi de n'accorder aux violeurs et à leurs soutiens
aucun pardon ni aucun crédit.
Pourtant presque toujours, au sein du système judiciaire, comme au sein
des familles et dans l'environnement social en général (entreprises,
institutions, associations, partis politiques, etc...) c'est au
violeur, présenté comme une victime, que le bénéfice du doute est
spontanément accordé. On assiste à chaque fois plus ou moins au même
scénario : loi du silence au nom de la « cohésion »,
culpabilisation de la victime qui est accusée de « trop
parler » voir de mentir et de se « victimiser » avec
injonction de « dédramatiser » et de pardonner...
La collaboration avec le violeur est l'attitude majoritairement
adoptée, notamment par certain-e-s de celles et ceux qui se déclarent
hypocritement partie prenante de la lutte contre le sexisme afin de
soigner leur image, leur popularité, leur « bonne
conscience », leur chance de gagner les élections, etc...
Bien qu'il s'agisse d'un crime commis très fréquemment et au sein de
toutes les classes sociales et même s'il est le produit et l'instrument
d'un système de domination, aucune affaire de viol ne peut être
qualifiée, en aucun point, de banale sans en minimiser la gravité ;
l'horreur de ce que la victime a subi et les bouleversements radicaux
que cela entraîne dans son existence. Cela est particulièrement vrai en
ce qui concerne les viols commis par des personnalités riches et
célèbres, surtout lorsque les victimes sont économiquement et
socialement vulnérabilisées par leur condition précaire de prolétaires,
d'immigrées, de subalternes, de mineures, etc... C'est dans ces
affaires là que se conjuguent toutes les formes de domination (sexisme,
capitalisme, racisme, etc...), assortie d'une surexposition
irrespectueuse, voir calomnieuse, de la victime par les médias.
D'autre part certain-e-s politicien-ne-s instrumentalisent, à des fins
de propagande, des affaires de viols suivis de meurtres largement
médiatisées pour renforcer l'arsenal des lois sécuritaires en matière
de récidive. Ces politicien-ne-s ne dénoncent jamais le fait que le
système judiciaire fonctionne comme si le vol, le vandalisme ou le
téléchargement libre pouvaient être considérés comme des actes aussi
graves et aussi condamnables que le viol, ou l'homicide. En effet, les
lois déjà en vigueur ainsi que celles que ces politicien-ne-s veulent
ajouter au code pénal concernent les atteintes aux biens au même titre
que les atteintes aux personnes. Leur projet n'est surtout pas de
remettre en question notre système politique et économique qui est
entièrement fondé sur la confusion entre les êtres et les choses,
notamment au nom du « droit à la propriété privée », bien au
contraire.
C'est pourtant ce système qui permet et autorise que des êtres soient
massivement traités comme des choses, le viol en est l'un des exemples
les plus graves et les plus flagrants.
Pour toutes les victimes de viol : solidarité inconditionnelle!
Pas d'impunité pour les violeurs!